Le titre n’est pas de moi, il est de Hunter S. Thompson, dont la réputation s‘arrête malheureusement à sa fascination pour les drogues, les fusils et la bizzarrerie...

Le Derby du Kentucky est décadent et dépravé

Le titre n’est pas de moi, il est de Hunter S. Thompson, dont la réputation s‘arrête malheureusement à sa fascination pour les drogues, les fusils et la bizzarrerie en général. Thompson a vécu assez longtemps pour savoir ce qu’est le mauvais goût et c’est peut-être ce qui l‘a fait sucer le canon de son pistolet trop tôt pour nous mais trop tard pour lui.

Profitons de l’influence de Thompson pour faire un peu de philosophie trash. En jasant avec un collègue, nous en sommes arrivés à une question que je vous soumets ici – je crois que vous la trouverez, pour reprendre les mots de Ron Fournier, «pas pire» : Est-ce qu’il existe un droit de ne pas être offensé?

Il y a de la réflexion là-dedans, n’est-ce pas? Tout d’abord, il nous faut un exemple de la vie quotidienne pour démarrer notre expérience de pensée. Notre histoire de base sera donc celle-ci: Dans une salle, une fille, sur un écran géant, se masturbe en suivant les instructions qu’une bande de futurs actuaires lui transmettent. La foule l’acclame pour quelques minutes avant de décider de passer à autre chose. Le gong retentit et les futurs actuaires ferment la fenêtre où est retransmis le flux vidéo de la webcam de la fille, payée par un site de caméras porno. Dans la salle, les étudiants qui festoient continuent le party.

Ce genre de choses ne s’invente pas, et c’est probablement ce qui va rassurer ma mère à sa lecture de ces lignes. En fait, le scénario du paragraphe précédent est un numéro de l’annuel gong show du festival de sciences et génie, un spectacle apparemment haut en couleur qui s’est déroulé jeudi dernier à l’Impérial sur St-Joseph.

À première vue, je n’étais pas sûr si ce genre de choses porte une leçon. Vous, voyez-vous un problème avec ça?

Ben oui, on a le droit de tout faire et ça serait triste que chaque activité de nos vies soit réglementée par une police du bon goût. Ce n’est vraiment pas mon intention, parce que ce serait donner trop de pouvoir à une clique de juges. Mais quand même, c’est pas ce qu’on appelle de la grosse classe sale.

En fait, autant j’aimerais condamner ce genre de niaiseries autrement que de simplement dire que c’est un exemple de grossièreté incroyable, autant j’ai de la misère avec les arguments qui pourraient m’y aider. Ça peut sembler simpliste, mais à part le caractère majeur, vacciné et consentant des individus concernés, le reste compte-t-il?

Bref, il n’y a pas de droit de ne pas être offensé. Ça peut être fâcheux, et l’offense existe vraiment, mais ça ne fait pas de l’offensé une victime. Comme qui dirait, le mauvais goût ne tue pas.

Bon. Cet éditorial est presque fini et je remarque que je défends le numéro des proto-actuaires. Quand même, il reste que le Derby du Kentucky n’est pas le seul événement à être décadent et dépravé.

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Vous avez peut-être entendu parler du rapport Payette sur la situation du journalisme au Québec (sinon, précipitez vous à la page 5!). Présentement, le titre de journaliste n’est pas protégé, ce qui vous permet de le revendiquer en venant travailler avec nous!Comme vous le savez déjà, nous attendons avec impatience vos commentaires et vos idées d’articles à redaction@impact.ulaval.ca.

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