Le fait de devoir penser sème la discorde à l’université

ST: Courrier des lecteurs

Une personne étudiante est plus sensible à l’augmentation des frais, je crois, parce qu’elle est responsable et a l’éducation à cœur – d’une certaine façon – puisque c’est là que l’a menée son cheminement. J’arrive donc difficilement à croire qu’on ne puisse arriver à s’entendre et qu’on doive toujours recourir à des puérilités pour diaboliser les arguments nous semblant, à priori, faux. Cogiter demande effectivement beaucoup d’effort et de temps, mais je suis convaincu qu’une majorité d’individus a compris qu’il s’agit néanmoins d’un effort nécessaire afin de ne pas se faire tromper par des gens plus opportunistes que soi. Combien de personnes seraient prêtes, cependant, à faire valoir leur argumentaire en explicitant fièrement : «Je dois être aussi opportuniste que possible afin de ne pas me faire damer le pion par un individu plus opportuniste encore. Bien sûr, toutes et tous n’ont pas les mêmes aptitudes, mais il s’agit là d’évolution où l’être le mieux adapté survit; la personne osant marcher sur un cadavre sera toujours plus en vie que celle se faisant marcher dessus!»?

Pardonnez l’utilisation d’une image si crue pour illustrer mon propos, mais la logique y mène fatalement. Chaque personne fixe ses propres limites d’opportunisme, mais une telle mentalité mène vers une escalade de tensions. Sauf qu’il ne s’agit hélas plus d’évolution quand les critères de sélection sont établis artificiellement par des facteurs de contingents arbitraires et encore moins quand ceux-ci nous poussent à consommer à un rythme effréné les ressources dont nous disposons avant même que nous les possédions; inversement à l’ évolution, c’est contrer ses instincts de survie. Comme nous le savons, les instincts ne sont pas conçus pour prendre en charge les comportements globaux d’une société et l’opportunisme n’est pas génétique.

Je n’arrive pas à suivre la logique voulant que les hausses soient bonnes sous prétexte que ce sont les entreprises en profitant qui engagent des gens; n’est-ce pas des diplômés qui sont responsables de l’embauche? Comment l’endettement individuel parviendrait-il à régler l’endettement collectif? Je souhaite avidement connaître des arguments en faveur d’une hausse et j’avoue secrètement souhaiter que ceux-ci soient plus valides que les miens, car ça serait bien moins contraignant de ne pas militer en faveur d’une grève qui serait, je le sais pertinemment, dommageable – tant individuellement que collectivement. Celle-ci ne trouve d’ailleurs une utilité que par le dommage financier potentiel qu’elle engendrerait, seul type de pression considérée par un gouvernement favorisant systématiquement une idéologie néolibérale. Ce moyen s’agit, en fait, d’un dernier recours et il serait irresponsable pour le gouvernement de ne pas reculer, encore cette fois – soyons donc opportunistes en exploitant cette tendance!

Guillaume A. Garon

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