Un rayon de soleil vient me chatouiller la joue. J’ouvre un œil, reposée et heureuse en ce début de journée.

Le réveil du masochiste

Un rayon de soleil vient me chatouiller la joue. J’ouvre un œil, reposée et heureuse en ce début de journée. En tournant la tête, j’aperçois un gros «9 : 30» qui me rit au visage. En retard pour mon cours, je suis comme une poule sans tête dans mon appartement, essayant de faire en quatre minutes ce qui m’aurait pris une heure. Résultat: pas de lunch et une coiffure digne des figurines de trolls ornées d’une pierre précieuse dans le nombril.  

Le réveille-matin. Invention ayant pour but de nous permettre de planifier l’heure d’éveil et ainsi de dormir en toute quiétude, et pourtant… On ne peut pas l’utiliser sans d’abord régler l’heure d’éveil désirée. Après avoir patiemment maintenu le bouton de programmation enfoncé, il est certain que vous aurez dépassé l’heure voulue quand vous l’aurez relâché. Les chiffres défilant à toute allure vous ont donné vingt minutes de trop. Il ne vous reste plus qu’à soupirer et c’est reparti pour un tour complet du cadran! Encore mieux que la Ronde, non?

Encore pire, le bouton «snooze». Quelqu’un quelque part un jour s’est dit : «Hey, c’est déjà très désagréable cet appareil, pourquoi ne pas y ajouter un bouton pour faire durer le supplice!» Sachant qu’il nous faut un temps précis pour être prêt à partir et arriver à l’heure à nos engagements, nous réglons naïvement le réveil. Le lendemain, la chanteuse pop de l’heure nous crie ses paroles vides de sens à l’heure prévue. Utilisant nos mathématiques du secondaire, il est facile de calculer qu’en déplaçant la douche en soirée, il est possible de gagner quelques minutes. Le bal commence donc ainsi. Après avoir appuyé sur le bouton maudit, quelques minutes s’écoulent avant de pouvoir retomber dans ce rêve fantastique. Au moment précis où le prince charmant arrive sur sa licorne robot, un autre artiste vient te hurler sa dernière peine d’amour aux oreilles tel un dromadaire agonisant. Un gros deux minutes de repos gagné. Le masochiste qui sommeille en nous nous oblige à appuyer sur le bouton de torture encore et encore. Chaque sonnerie comme un coup de poignard.

N’oublions pas aussi le changement d’heure qui s’allie avec le réveille-matin. En pleine confusion, vous vous retrouvez dans une classe vide maudissant cette heure de sommeil de plus que vous auriez eu n’eut été de cette bête erreur. Comble d’absurdité technologique, il est maintenant possible de simuler le lever du soleil pour un réveil naturel. Pour un même effet à peu de frais, laissez les rideaux ouverts.

Le pire dans tout ça, c’est que la fin de semaine, on s’autorise à ne pas mettre le réveil et pourtant, on se réveille à la même heure que tous les autres jours de la semaine. Le programmeur programmé.

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