LE « SITZKRIEG »

COURSE AU RECTORAT À LAVAL

Par Michel Héroux, ancien chef de cabinet du recteur, Université Laval

En 1939-40, les soldats allemands, après avoir conquis la Pologne, se retrouvèrent à ne rien faire pendant des mois devant les Français retranchés derrière leur ligne Maginot. Les soldats se mirent à parler de la « sitzkrieg », de la guerre faite assis à ne rien faire. C’est la bizarre impression que donne présentement la course au rectorat à l’Université Laval.

D’abord, des candidats et candidates se sont annoncés y inclus le recteur sortant. Le journal de l’Université, Au fil des événements, n’en a rien écrit, « ordre d’en haut ». Un journaliste de Québec a déjà écrit sur ce cas inusité de censure

. Pas d’échanges d’idées dans le Fil durant la course au rectorat. Sur celle-ci, le Fil est devenu malgré lui la Pravda de l’ère soviétique.

Ensuite, la CADEUL, qui fédère les associations étudiantes du premier cycle, met sur pied un premier débat public entre candidats et candidates le 4 avril prochain. Tous les candidats ont accepté, sauf le recteur sortant, Denis Brière, qui a fait savoir qu’il ne pourra être présent en raison d’un « conflit d’horaire », selon le journal étudiant Impact-Campus (édition du 20 mars). Pourtant, par gazettes interposées (y inclut le journal de l’Université), on voit le recteur partout ces temps-ci, recevant l’habituelle médaille du Consulat de France, patrouillant les événements mondains de Québec. Mais il ne sera pas présent au seul débat public (à ce jour) qui précédera l’élection par un collège électoral du prochain recteur de l’Université Laval.

À bien y penser, le recteur sortant est aussi président de la CRÉPUQ, la Conférence des recteurs. L’a-t-on vu ou entendu quelque part depuis quelques semaines défendre la hausse des droits de scolarité aux côtés de la ministre ? Pas du tout. Le président Brière ne participe pas plus à ce débat qu’il ne participera à celui du 4 avril.

J’ai assisté à cinq élections au rectorat depuis 1992. J’observe la présente élection comme retraité intéressé à l’avenir de cette grande université. Le refus du recteur Brière de participer au débat et de répondre de son administration, l’absence de discussion sur la place publique autour du choix du prochain dirigeant, cette chape de plomb, tout cela est une triste première.

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