Les manifestations familiales, organisées à grandeur de la province par la Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale de la fin de semaine dernière auront été un succès. Le genre de succès qui me rend mi-figue, mi-raisin.

Les bébés mécontents

Les manifestations familiales, organisées à grandeur de la province par la Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale de la fin de semaine dernière auront été un succès. Le genre de succès qui me rend mi-figue, mi-raisin.

D’abord, entendons-nous bien, je ne toucherai pas ici au droit de manifester. Donc, pas besoin de partir en peur, il ne s’agit pas de grands principes de liberté individuelle. Ce qui me laisse un peu pantois est la présence d’enfants «revendicateurs» dans les manifestations. Il y a une bonne raison pour laquelle la majorité n’est atteinte qu’à 18 ans. Avant cet âge, la société (pour ne pas dire le Législateur, terme lourd et juridique à souhait) a décrété que l’enfant ne peut exercer un discernement suffisant pour voter. Entre d’autres termes, l’enfant n’est pas inclus dans le jeu politique.

Voir des enfants dans des manifestations reviendrait à dire que, parce qu’il faisait beau, c’est le bon moment pour prendre une marche et profiter du soleil. La manifestation est-elle un jeu ? Est-ce une activité de fin de semaine ? Manifester, comme voter, est un droit. Pour certains le devoir même de défendre ses idéaux. Mais je ne saisis pas les idéaux sociaux d’un jeune d’une dizaine d’années. Je ne saisis pas comment le fait de lui mettre une pancarte entre les mains, le faire parader devant les photographes de presse pourrait faire avancer la cause. Les politiciens, ceux-là mêmes qui ont le culot d’affirmer qu’ils ne reculeront devant rien, doivent bien rire. S’ils n’écoutent qu’à moitié des centaines de milliers de citoyens à travers la province, il n’écouteront certainement pas les bouts de choux à pancartes. Car si la phrase «les manifestants sont en crise d’adolescence» doit leur revenir en tête assez souvent depuis les dernières semaines en regardant les nouvelles, «les manifestants sont encore en couche» ne doit pas être bien loin.

À être flic, je me sentirais impliqué dans la protection de la marche, pour une fois. Il me serait absolument impossible de disperser la marche, quoi qu’elle fasse. Le bouclier humain fonctionnerait alors. À être parent, j’y penserais à deux fois avant de placer mon enfant dans un rôle revendicateur.

Écrit sur Hors des sentiers battus d’Ivy

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