Avant d’être fossilisés

« Mon frère est un chasseur qui vous dira que la population d’ours a augmenté et que les scientifiques ont tort ». C’est une citation tellement délicieuse qu’on s’imagine déjà que c’est l’humoriste Guy Nantel ou encore Infoman qui l’a recueillie auprès d’un passant peu informé. Détrompez-vous, c’est notre ministre de l’environnement Leona Aglukkaq! Fatigué de rire, (parce qu’on peut également en pleurer) j’ai décidé d’écouter des gens un peu plus sérieux, à la conférence sur les énergies renouvelables tenue le mercredi 6 novembre dernier, à l’amphithéâtre de l’ÉNAP.

 

Il y avait Steven Guilbeault, cofondateur et directeur principal d’Équiterre, Amir Khadir, député de Québec solidaire, Kim Cornelissen, vice-présidente de l’AQLPA (L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique) ainsi que Monique Voisine, également de Québec Solidaire. Tous s’entendaient pour dire qu’une transition énergétique était possible. C’était d’ailleurs le nom de l’événement sur la page Facebook.

 

L’idée de base est simple : Le Québec doit cesser le plus rapidement possible d’utiliser le pétrole, le charbon et le gaz naturel pour aller vers des sources d’énergie plus écologiques comme le solaire, l’éolien et la biomasse. De toute façon, pourquoi importer 17 milliards de dollars de pétrole quand Hydro-Québec fait des surplus d‘électricité? C’est comme si vous jetiez les vingt topinambours que votre jardin personnel produisait en trop chaque année, et que dans la même journée, vous en commandiez d’autres à la Chine! Il faut donc commencer par utiliser nos ressources plus intelligemment et plus efficacement. Comment? Il y a plusieurs étapes bien évidemment. Premièrement, il faut rénover nos bâtiments. Le pamphlet de Québec Solidaire « Sortir du noir, choisir l’or ver » stipule que pour chaque milliard investi, cette rénovation créerait une estimation de 12 700 emplois. Il faudrait aussi développer de nouvelles compétences, nécessaires à l’installation de chauffage géothermique par exemple. Il est évident qu’il est plus simple de construire une maison et d’installer la géothermie en même temps, plutôt qu’après. C’est toute notre vieille façon de penser les bâtiments qu’il faut remanier.

 

Comment il est question d’énergies fossiles, il serait idiot de passer outre le domaine des transports. Des initiatives comme l’écolo-bus dans le Vieux-Québec sont encourageantes, certes. Il faut seulement se rappeler que c’est la même ville qui accueille des spectacles aériens. Revenons à des moyens de transport plus communs. Au Québec, 70% du pétrole passe dans les voitures et produit ainsi un effarent 45% des gaz à effet de serre québécois. Le vélo, c’est génial comme alternative de mai à octobre. À -10 degrés sur le chemin Sainte-Foy avec une horde d’autobus ou de taxis, il s’agit d’un suicide assisté. La solution se trouve peut-être donc dans le développement du transport en commun. Un jour, Monsieur Labaume va peut-être passer à l’action et concrétiser le tramway électrique. C’est exactement ce que propose Québec Solidaire, électrifier nos transports en commun. Ils proposent également la construction d’un lien entre Québec et Montréal, toujours électrique.

Steven Guilbeault tenait tout de même à souligner que le Québec peut être fier de quelques points concernant l’écologie. Par exemple, nous sommes la province la plus convaincue que les changements climatiques sont réels et qu’ils ne constituent pas un vieux classique des frères Grimm. Aussi, nous sommes en voie d’atteindre le protocole de Kyoto, sans toutefois l’avoir signé! Il cita en exemple la compagnie Cascade qui utilise maintenant six fois moins d’eau que ses compétiteurs.

 

Il faudrait aussi penser à notre sous-sol, que des compagnies privées exploitent comme un adolescent exploite le sous-sol chez ses parents. Pour faire cela simple, en imposant 10% aux minières, le Québec aurait récolté 2.3 milliards de dollars en 6 ans! (Toujours selon le pamphlet de Québec Solidaire) Sans parler des effets pervers de l’exploitation des mines comme la création de villes fantômes, une fois les ressources épuisées.

 

Les solutions sont là. C’est à nous de bouger. Dans la rue avec des pancartes? Peut-être pour commencer. Le 22 mars dernier, 300 000 personnes s’étaient déplacées pour le jour de la terre. Du jamais vu pour une manifestation écologique. Le peuple est de plus en plus au courant des problèmes. Il s’agit maintenant d’élire des gens qui comprennent ces enjeux. Des actions positives ont déjà été posées, mais le plus gros est à faire. Tout n’est pas blanc ou noir. L’important, c’est de tendre vers le vert.

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