Chronique d’un terrain de mémoire (Partie 1) : prendre le temps

Je peux essayer de faire croire avec de grands mots que j’ai trouvé des solutions, pour ensuite mieux me complaire avec ma tribune. Le campus mérite toutefois un peu mieux.

Cette nouvelle chronique, dont je vous promet quelques chapitres d’ici à ce que je dépose mon mémoire – on l’espère, en décembre 2018 – est créée pour rappeler aux étudiant(e)s de deuxième et de troisième cycle qu’ils et elles ne sont pas seul(e)s, mais aussi pour permettre aux personnes inscrites au premier cycle de se faire une tête à propos des études « supérieures », du moins, en sciences humaines et sociales.

Méta-histoire et méta-article

En bon millenial, je vais tenter de monopoliser votre attention en vous parlant de moi et surtout de la drôle de semaine que nous venons de passer à Impact Campus. Mais pour cela, il faut remonter un peu en arrière.

De 2010 à 2013, j’ai étudié le journalisme au Cégep de Jonquière. Le baccalauréat en sociologie est venu après, au départ pour « ajouter des cordes à mon arc ». Cinq ans plus tard, je me retrouve à prendre l’autobus – eh oui, j’abandonne peu à peu le covoiturage – pour aller réaliser des entretiens à Jonquière avec des futurs journalistes dans le cadre de mon mémoire.

Je les interroge sur ce qui les motive à exercer ce métier, sur leur rapport à leur profession et à leur avenir, dans un secteur professionnel qui se transforme rapidement. On peut penser aux médias sociaux qui entrainent à la fois de nouvelles habitudes de consommation du contenu médiatique mais surtout un nouveau modèle de financement. C’est pour moi une chance d’avoir accès à autant de manière de concevoir ces réalités.

Le quotidien dans la lunette

Pour revenir dans le présent, il faut remonter à il y a deux semaines déjà. Le dossier en une du journal de mon collègue Samuel Matte, sur le contrôle de l’information à l’Université, a entrainé plusieurs réactions, notamment du côté de l’administration. Après discussion, nous avions décidé d’attendre la publication de l’article pour offrir un droit de parole à l’établissement , ce qui nous a été reproché par l’équipe des communications, nous méritant même, à Samuel et moi, une rencontre « au sommet ».

Il y a aussi eu Vanille, du cabaret Va-Va-voom, présenté dans le cadre du Festival de Théâtre de l’Université Laval, qui nous a contacté en raison d’un malaise à la suite de la publication d’une photo de son numéro dans notre dernier cahier. Normalement, cette image n’aurait pas dû se retrouver dans nos pages, du moins, sans explication par rapport aux visées artistiques et sans l’autorisation de la performeuse. Nous nous excusons auprès de Vanille, et de toute autre personne qui aurait pu être dérangée par la publication.

Les grandes questions que je venais tout juste de traiter en entrevue avec les étudiant(e)s prenaient alors un tout autre sens. Drôlement, j’étais avec ces dernier(ère)s lorsque je devais gérer à distance ces deux petites bombes à retardement, qui reposaient surtout sur des malentendus et des perspectives croisées sur un même enjeu.

La discussion entre Impact Campus et la porte-parole de l’Université Laval, Andrée-Anne Stewart, a finalement été un lieu d’échange riche à propos des manières de faire notre travail respectif, alors que les courriels avec Vanille nous ont permis de préciser nos droits et responsabilités dans le cas d’une performance artistique impliquant de la nudité partielle.

J’en ressort avec de bonnes anecdotes de terrain, mais surtout avec un constat qui m’a sauté aux yeux pendant ma semaine à courir entre Jonquière et Québec : notre manque (collectif et individuel) de temps. Des étudiant(e)s en préparation de stage à l’équipe des communications de l’UL, en passant par les journalistes et surtout moi : ensevelis d’informations, d’enjeux auxquels s’attaquer, de causes à défendre, prendre le temps devient une résistance.

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