Il aurait été normal que ma chronique de cette semaine parle du budget tout juste déposé par le gouvernement conservateur à Ottawa.

Cynisme chronique et occasionnel

Il aurait été normal que ma chronique de cette semaine parle du budget tout juste déposé par le gouvernement conservateur à Ottawa. Je devrais être offusquée comme les groupes et partis politiques du Québec qui ont dénoncé tour à tour les conséquences de ce budget de droite coupant n’importe où et n’importe comment.

Le problème, c’est que je ne le suis pas vraiment, ou plutôt que je ne le suis plus. J’ai abandonné le processus consistant à entretenir de l’espoir pour être par par la suite déçue face aux politiques et agissements du gouvernement conservateur et me suis plutôt résignée à simplement patienter jusqu’en 2015 ( prochaines élections fédérales ). Heureusement, mon « état mental » est différent dans le cas de la politique québécoise. J’ai encore des attentes envers elle et ne suis pas devenue, pour l’instant, une cynique chronique comme dans le cas du gouvernement fédéral.

Avoir de l’espoir envers les partis politiques au Québec, ce n’est pas vraiment s’attendre à ce que les partis soient d’accord avec ses propres idées, mais plutôt qu’en défendant les leurs, ils fassent une « job » correcte. Sur ce point, le Québec s’en sort effectivement mieux qu’Ottawa sur bien des plans. Il y a rarement des bâillons à l’Assemblée nationale Les partis d’opposition peuvent faire des propositions pour les projets de loi et être écoutés, et une grande partie des lois sont d’ailleurs adoptées à l’unanimité. Pour vous donner un exemple, la semaine passée, tous les partis ont entre autres voté ensemble pour le projet de loi autorisant l’installation de bureaux de vote dans les cégeps et universités lors d’élections afin d’encourager le vote chez les jeunes.

Bien qu’effectivement les partis du Québec affichent un bilan plus reluisant que ceux d’Ottawa, il m’arrive tout de même d’avoir quelques « motions de blâme » à leur attribuer et dernièrement, ils en mériteraient certainement une pour l’utilisation de leurs réseaux sociaux. C’était la fête de Twitter la semaine passée ( 7 ans ) et, techniquement, ce nouveau moyen de communication devait justement être utilisé par les partis pour dépasser l’habitude des médias, qui s’obstinent à présenter tout sujet de reportage ou d’article comme un affrontement ou une chicane entre les partis. Malgré cela, cette semaine ( comme la plupart des autres ) fut plutôt l’occasion d’affrontements ridicules entre les principaux partis au Québec. Tout d’abord, il y avait la CAQ, si fière de trouver une erreur sur le site Internet du PQ et de s’en vanter toute une soirée. Vous aviez aussi le PLQ, très enthousiaste de partager une citation de Jacques Duchesneau associant son parti ( la CAQ ) à des faux dons qu’ils devront rembourser, quand pourtant le PLQ est aussi concerné par les mêmes problèmes de dons illégaux dans une proportion environ dix fois plus élevée. Tout ça était sans compter le Parti québécois et Option nationale qui, une semaine plus tôt, avaient réussi à demeurer un bon 24h sur une chicane entourant une photo de cocarde non réclamée par Jean-Martin Aussant, le chef d’Option nationale.

Non, je ne suis pas encore une cynique perpétuelle vis-à-vis des partis politiques au Québec, mais il n’en reste pas moins que leur utilisation des médias sociaux me procure de plus en plus souvent des épisodes de cynisme occasionnels. J’espère sincèrement que ce symptôme ne finira pas par se transformer en quelque chose de trop permanent.

Rosalie Readman

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