Décrochage universitaire : Ce que vous ne dites pas M. Bauce

Interrogé pour un article sur le décrochage scolaire publié la semaine dernière dans Impact Campus, vous avanciez, M. Bauce, que « la persévérance des étudiants à poursuivre leurs études est plus faible », en réaction à des chiffres du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur parus dans Le Journal de Montréal au début du mois. Selon ces statistiques, le taux de diplomation des étudiants inscrits à temps plein au baccalauréat à la session d’automne dans les universités québécoises est passé de 81,3 % à 79,6 % au cours des sept dernières années.

Interrogé sur les causes d’un tel phénomène, vous, vice-recteur exécutif de notre institution, pourfendiez les compressions en éducation tout au vantant la façon dont l’Université Laval « s’adapte aux besoins ». Noble répartie. En même temps, on ne peut pas aller contre la vertu.

Mais l’Université Laval s’arrête-t-elle sur les causes profondes du décrochage ? Alors qu’il paraît de bon ton de décrier les coupures du gouvernement libéral, il semble plus facile d’éviter de parler des dommages collatéraux.

Ainsi, M. Bauce, voici tout ce que vous ne dites pas.

Vous ne dites pas que la conciliation études-travail représente l’une des principales causes de décrochage tous cycles confondus. En 2011, l’Institut de la statistique du Québec mentionnait que plus de 55 % des étudiants québécois travaillent en plus de suivre une formation académique à temps plein. Une situation qui peut entraver la réussite scolaire, ou du moins précipiter les risques de décrochage. L’Université Laval prend-elle des mesures face à cela ?

Vous ne dites pas que l’endettement étudiant freine la prolongation des études. Alors que la dette moyenne des étudiants au Québec s’élève à 13 967 $, 48 % d’entre eux craignent ne pas être capables d’assumer leurs droits de scolarité et de couvrir leurs frais de subsistance, selon un sondage mené pour la Banque CIBC à l’été 2015. Une réalité qui pousse de plus en plus d’étudiants à multiplier leurs emplois, ou à écourter leurs études.

Vous ne dites pas non plus que les compressions en éducation ont un impact direct sur la qualité de l’enseignement en général, et dans l’institution en particulier. Plusieurs programmes ont déjà écopé du couperet financier, tandis que les professeurs et chargés de cours sont de plus en plus confrontés à des classes surchargées.

Je ne critique pas ici votre bon vouloir, M. Bauce, mais plutôt la nécessité de considérer les vraies causes de ce problème avant d’inventer une panoplie de solutions. Aux grands mots, les grands moyens !

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