Infiltration chez les hippies

C’était la toute première fois que j’expérimentais l’autobus de nuit. En achetant mon billet pour Chicago en partance de Toronto, je croyais faire une bonne affaire. Je pourrais dormir une fois sur la route et me réveiller au centre-ville de la métropole qui borde le lac Michigan. Merveilleux!

Ce n’est pas exactement comme ça que ça c’est déroulé.

Les 12 heures passées dans ce bus ont été les plus longues de ma vie. L’air climatisé excessif m’a rappelé un documentaire sur le mont Everest que j’avais visionné quelques semaines auparavant. Un alpiniste racontait à quel point il était important de ne pas s’endormir lorsqu’on sentait que le froid s’emparait de nous. J’étais tellement congelé que j’ai suivi ses conseils et je n’ai pas fermé l’œil de la nuit par peur de ne plus jamais me réveiller.

Bref, je n’ai pas retenu beaucoup de points positifs de cette balade nocturne. Un sourire est venu se poser sur mon visage lorsque j’ai finalement aperçu les gratte-ciels de Chicago à l’horizon. J’allais bientôt avoir l’occasion d’expérimenter le couchsurfing. L’idée du couchsurfing est intéressante: il s’agit d’un site web permettant aux voyageurs à travers le monde de demander ou d’offrir un divan sur lequel il est possible de dormir pour quelques nuitées et ce, gratuitement!

C’est Phil le premier qui a répondu favorablement à ma demande. Un quinquagénaire qui a parcouru la planète dans le cadre de ses fonctions dans l’armée américaine dans les années 70.

On se fait souvent une idée préconçue de l’américain moyen : nationaliste, croyant et conservateur. Loin de moi l’intention de nourrir ce cliché! Cependant, c’est exactement de cette manière que je décrirais l’homme qui m’a gentiment ouvert la porte de son appartement pour les quelques nuits que je passerai à Chicago. J’aimerais tout de même y ajouter un petit bémol. Phil est également très attentionné! Tellement serviable que sa bonté devient un brin désagréable. Pas moyen de laisser passer cinq minutes sans qu’il me demande si j’ai soif, faim, chaud, froid, envie de faire un mot croisé, envie de lire sur Ronald Reagan, envie d’écouter Fox News, etc. Je suis allé au lit de bonne heure cette soirée là…

Pitchork Music Festival : point de rencontre de hippies et bonne musique

Pitchfork, c’est un site web de renommée mondiale centré sur la musique indie, trempant quelque fois dans la musique dite populaire. Le Pitchfork Music Festival était de retour au Union Park pour la présentation de sa 8e édition.

Je venais tout juste de mettre les pieds sur le site lorsqu’un mec vêtu d’un chandail rose délavé sur lequel était dessiné la feuille d’érable canadienne au crayon feutre s’assoyait au pied du même arbre que moi pour jaser. La conversation a été de courte durée. Il ne cherchait pas à être mon ami, mais était plutôt à la recherche de drogues dont je n’avais jamais entendu le nom auparavant. Malheureusement pour lui, mes poches ne contenaient qu’une vieille passe de métro.

Je venais de faire la rencontre avec le premier hipster/hippie de ma journée et le soleil n’était qu’au Zénith. Plus les heures avançaient, plus je croisais des gens portant des couronnes de fleurs, des lunettes rondes et des tie dye.  J’avais l’impression que ces gens tout droit sortis des années 70 jugeaient mes vêtements unis.

J’ai su mettre mes erreurs vestimentaires de côté puisque je m’étais déplacé pour la musique avant tout! Le festival s’étirait sur trois jours, mais je n’avais qu’un billet pour la journée du dimanche. La brochette d’artistes était quand même très satisfaisante.

J’ai eu la chance d’assister à la performance du rappeur originaire d’Atlanta, Killer Mike. Sans vouloir faire de mauvais jeux de mots avec son embonpoint, Killer Mike prend beaucoup de place sur scène. Ardemment impliqué auprès de la communauté, ses textes reflètent bien son côté activiste engagé.  Il a d’ailleurs offert au public Reagan et R.A.P. Music, deux pièces qui relatent les problèmes de racisme et d’unité aux États-Unis. Sous le coup de l’émotion, Mike a laissé couler quelques larmes lors d’un discours portant sur l’espoir et la coopération qu’il a livré entre deux de ses morceaux.

Je ne sais pas ce qu’il y avait dans l’air, mais Sky Ferreira s’est aussi mise à pleurer lorsqu’elle a aperçu les nombreuses personnes massées devant la scène près à l’entendre chanter. À plusieurs reprises, elle a dû s’essuyer les yeux afin de pouvoir performer ses pièces telles Ghost, Lost In My Bedroom et bien sûr son plus grand succès, Everything Is Embarassing.

R.Kelly (Chicago)Le Pitchfork Music Festival m’a placé dans une situation délicate en plaçant deux artistes que je respecte beaucoup dans des cases horaires rapprochés. J’ai du faire le choix le plus difficile de ma vie. Être devant la scène pour la performance de M.I.A. et son univers bollywoodien ou pour celle de R. Kelly et son côté vulgaire et sensuel. J’ai finalement penché vers Kellz et ses 27 ans de carrière sur scène, mais je ne m’aurais pas trompé en choisissant l’un ou l’autre.

La connexion entre le crooner et son public est exceptionnelle! Entre les medleys de ses très nombreux succès, R. Kelly trouve toujours les bons mots pour faire réagir la foule (particulièrement la gente féminine) et improvise des chansons avec à peu près n’importe quoi. Le moment le plus fort de la soirée a été sans contredit la chanson qui a clôturé le festival: I Believe I Can Fly! Alors que le chanteur nous montrait toute la puissance de ses cordes vocales, des dizaines de colombes gonflables illuminées ont été lâchées dans le ciel. Le genre de moment qu’on se souvient toute sa vie! J’aimerais également faire une mention spéciale à la personne qui est venue assister au spectacle vêtu d’une camisole du film Space Jam. Bravo!

Que de bons souvenirs je garderai de Chicago! Je dois maintenant me diriger en direction de Cleveland question de pouvoir juger de la qualité de la tournée Space Migration de Mac Miller et sa bande.

F-O, touriste musical

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