L'hôtel de ville de Québec. Photo : Pierre-Olivier Fortin, Wikimedia Commons.

La campagne municipale devra enfin impliquer les jeunes

À l’aube d’une campagne électorale municipale qui commence déjà à s’afficher sur le campus et dans les rues de Québec, il est bon de rappeler que les réalités étudiantes devront être considérées dans le débat public. Trop souvent négligés par le politique prudent depuis la crise du printemps érable en 2012, ces enjeux demeurent toutefois importants pour toute une société, des plus jeunes aux plus vieux.

D’emblée, nul besoin de rappeler que les campus comme celui de l’Université Laval accueillent chaque année des centaines d’étudiants étrangers provenant d’un peu partout dans le monde. Les problèmes d’intégration et de dissonances sur l’immigration y sont également très forts, comme partout ailleurs à Québec.

Or, ils imposent une approche bien différente, auprès d’une institution se disant ouverte sur le monde qui forme des étudiants à développer un sens critique. Il faut créer des politiques uniques à un établissement d’enseignement supérieur, tellement les mentalités y sont plurielles en un espace si concentré.

Je crois que les jeunes devront aussi se préoccuper d’enjeux qui ne sont pas directement les leurs, mais qui affecteront pourtant le futur quotidien qu’ils sont à même de vivre. Les régimes de retraite, par exemple, constituent un dossier important pour lequel on oublie fréquemment de consulter les jeunes. Pourtant, on parle ici d’équité intergénérationnelle.

Cela signifie que, concrètement, ce sont les communautés estudiantines qui pourraient assumer les ententes signées aujourd’hui. Le même principe s’applique à beaucoup de choses, au fond. On le constate en se documentant un peu.

Renverser la tendance

Un tel contexte politique me semble aussi l’opportunité pour plusieurs d’entre nous de questionner, mais surtout de revendiquer l’aide du politique sur certains projets. La participation des paliers municipaux aux efforts de prévention sur les violences sexuelles figure définitivement sur la liste des préoccupations.

Même chose pour la densification urbaine et le transport alternatif. À une époque où la rectrice, Sophie D’Amours, n’écarte pas le fait de décaler l’heure des cours pour désengorger le traffic, il importe d’entendre nos élus là-dessus, afin de vérifier si, effectivement, la volonté n’est pas seulement universitaire, mais bien politique.

L’enquête PHARE sur le logement étudiant publiée récemment par l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) devra elle aussi être envisagée. Les villes universitaires, et surtout Québec, doivent considérer la réalité du logement chez ses jeunes.

Ça prend une politique pour encadrer un coût de la vie radicalement différent du reste de la population active. En moyenne, selon ledit rapport, les étudiants paient plus cher pour un appartement standard que les autres, et ce, même s’ils touchent des revenus beaucoup moins importants. C’est illogique, et on se doit d’y travailler.

Il faudra aussi s’affairer à stimuler une vie culturelle fragilisée sur le campus. Quoiqu’en très bon état malgré tout, les événements récents de l’actualité comme l’attentat de Québec et la crise d’agressions sexuelles ont laissé des séquelles marquantes sur ce qu’est aujourd’hui « la vie étudiante ».

Ça commence par notre intérêt

Depuis 2009, deux ans après l’entrée en fonction de Régis Labeaume, la CADEUL et l’AELIÉS poursuivent une mission délicate qu’est celle d’augmenter le taux de participation des jeunes aux élections municipales. En 2009, ils n’avaient été qu’entre 20 et 30% à se prononcer. Un chiffre en pleine chute libre, selon plusieurs experts, de scrutin en scrutin.

Or, il urge d’agir sur cette tendance inquiétante, surtout dans le contexte où la première expérience du vote est déterminante pour le quotidien d’un citoyen. Si celui-ci ne vote pas dès le départ, les chances qu’il reproduise ce comportement dans le temps augmentent. C’est toute une future société « active » qu’il faut concevoir dès maintenant.

La solution divine, je ne l’ai pas, mais je pense à des efforts de base. Le principal, à mon sens, serait d’abord de sensibiliser les jeunes à l’impact de leurs devoirs civiques, par l’enseignement notamment et des nouveaux programmes de cours obligatoires, directement sur les bancs universitaires. Pourquoi ne pas envisager d’ouvrir enfin les discussions sur le vote obligatoire chez les 18-25 ans ? Radical peut-être, mais drôlement efficace.

Ça prend encore plus de tables rondes, encore plus d’implication de nos associations étudiantes, et encore plus de nouveaux comités dédiés à la démocratie étudiante et populaire. Au final, la citoyenneté s’apprend, au même titre que le français, l’anglais ou les mathématiques. Pourquoi ne pas en faire une résolution pour la prochaine année ?

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