Le vide et l’argent

« Des intérêts qui nous rassemblent, une union pour nous défendre! », s’exclament-ils, prosaïquement, à l’Union étudiante du Québec. Peu de choses pourraient m’apparaître plus sombrement malhonnêtes que de dire qu’il suffit de créer une structure administrative boiteuse pour que justice soit rendue. La chose devient toutefois sombrement ridicule quand on s’engage à dépenser de l’argent, du temps et de l’énergie pour tenter de le proclamer un peu partout au Québec.

De plus en plus d’étudiants et d’étudiantes comprennent maintenant qu’il faudra beaucoup plus que ce genre de promesses dogmatiques pour faire fonctionner une association étudiante nationale. C’est d’ailleurs tout à fait regrettable que les porte-paroles de l’UEQ se soient bornés à présenter leur projet de manière si infantilisante. À leur défense, croyons qu’il n’est jamais facile de se porter à la défense de quelque chose d’aussi compromettant.

À travers cette multitude de slogans électoraux, ils ont tout de même raison sur une chose. Le budget représente effectivement beaucoup plus que cette abominable masse salariale de 436 200 $. On y retrouve aussi 20 000 $ en « télécommunications » administratives, 20 000 $ en graphisme et 12 000 $ consacrés à la tenue d’un camp de formation pour les officiers.

En portant attention, on remarque aussi que des dépenses de 40 000 $ sont prévues en frais de déplacement et d’hôtellerie pour permettre aux administrateurs d’assister à des rencontres cordiales un peu partout au Québec.

On n’aura jamais défendu les intérêts de la communauté étudiante de manière aussi confortable. N’est-ce pas absolument révoltant qu’on ait finalement l’ambition d’extraire les cotisations les plus élevées de l’histoire du mouvement associatif universitaire pour payer des administrateurs et pour leur offrir du luxe corporatif? Dommage qu’on ait essayé de faire croire à tout le monde que les scandales de transparence à l’UEQ ne feraient pas place à des scandales structurels.

Comment ces gens osent-ils alors tenter de nous faire croire que leur organisation n’est pas un remontage de la FEUQ? Ce sont les mêmes associations membres, les mêmes individus, les mêmes pratiques et la même honteuse culture d’exclusivité. On semble simplement avoir mis en place un minutieux dispositif destiné à réinventer les mêmes problèmes et en les rendant deux fois plus coûteux.

La blague a assez duré. Le temps des associations nationales qui s’adonnent à ce genre d’extorsion financière et intellectuelle auprès des étudiants et des étudiantes est terminé. Profitons du scrutin référendaire de la semaine pour l’établir très clairement face aux gens de l’UEQ. L’intégrité ne sera jamais soumise aux vaines promesses.

I rest my case.

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