Lecture et printemps

« Les meilleurs moments de lecture se vivent quand on remarque un passage – une pensée, un sentiment, une façon de voir les choses – qu’on trouve spécial ou particulièrement évocateur. La voilà, cette pensée, présentée par une autre personne, une personne qu’on n’a jamais rencontrée, une personne qui est peut-être même morte depuis longtemps. C’est un peu comme si une main sortait des pages pour saisir la nôtre. »

Vous savez, ces phrases et ces idées qui nous restent et qui nous affectent par toute la vérité et toute la beauté qu’elles expriment? Eh bien voilà une des miennes. Elle nous parvient d’Alan Bennett, auteur de la splendide pièce The History Boys. Le personnage du professeur de littérature y présente par ces simples mots tout ce que peut représenter le plaisir de lire. Fameux, quand même, que cette simple illustration arrive à reproduire d’aussi belle façon ce qu’elle tente de décrire.

La lecture, aurait-on pu ajouter, c’est l’art d’apprécier et de contempler la vie à travers une myriade de fenêtres qu’on peut ouvrir à loisir. Encore mieux, c’est aussi la chance d’échanger et de partager les livres entre amis. Ce plaisir ne sera jamais assez célébré. On y consacre malheureusement toujours trop peu de temps, trop peu d’attention. Cette société chargée d’impatience qu’on a tranquillement constituée ne valorise pas la lenteur et la passivité du lecteur. « Lire? À quoi bon lire? J’ai pas le temps », c’est des conneries tout ça. Je rêve du jour où les librairies ne vendront plus d’agendas.

Et puis quoi encore?

Et puis je me suis lancé un défi. Un défi que je me plais à imaginer utile, agréable et que je tente de relever très tard. Trop tard. J’ai décidé de faire la découverte de la nouvelle littérature québécoise. Nos auteurs émergeants nous présentent un répertoire si riche, et pas seulement en romans. Y’a la poésie aussi, la BD, la nouvelle. Je suis passé à côté beaucoup trop longtemps, c’est presque honteux. Ceux et celles qui versent des larmes de crocodile pour St-Hubert devraient peut-être se consoler en m’accompagnant dans cette aventure. Qui sait, peut-être pourraient-ils s’y rattraper de belle façon?

Ça tombe d’ailleurs foutrement bien que le Salon du livre arrive cette semaine, j’en ai assez de me plaindre du printemps qui n’arrive jamais. Cette année, avec un peu de chance, ma bibliothèque bourgeonnera avant le temps.

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