Photo : Elia Barbotin

Lettre ouverte : deux camps, deux campagnes

Dans le cadre du présent référendum d’affiliation de la CADEUL à l’Union étudiante du Québec (UEQ), Impact Campus laisse la parole à dix membres du comité du OUI ayant souhaité s’exprimer.

Après plusieurs semaines de campagne référendaire, nous, membres et sympathisants au comité du OUI, sommes à la fois heureux et épuisés. Heureux, car nous avons eu l’opportunité de sillonner le campus pour partager notre passion et notre volonté profonde d’améliorer la condition étudiante à travers le véhicule qu’est l’UEQ.

Épuisés, puisque nous avons dû jongler avec un non-respect flagrant de la démocratie de la part du comité du NON. Nous souhaitons, dans la présente lettre, dénoncer la mauvaise foi dont le comité du NON a fait preuve et saluer le travail exceptionnel réalisé par tous les gens qui s’impliquent activement pour améliorer la condition étudiante au Québec.

Concernant la mauvaise foi, nous avons trouvé très pertinent le texte intitulé « Pour des débats respectant l’opinion contraire »(1), publié dans Le Devoir plus tôt cette semaine. Ce texte, écrit par François Charbonneau et Patrick Moreau, respectivement directeur et rédacteur en chef de la revue « Argument », souligne que le concept de débat est au coeur de la démocratie, et que le débat au Québec se porte mal.

Par exemple, il est fait mention de la tendance à privilégier « la petite phrase assassine qui envoie l’adversaire dans les cordes, l’amalgame pervers qui disqualifie automatiquement son opinion et le contraint à adopter une position défensive, quand ce n’est pas le silence, qui s’attache à ignorer superbement le point de vue opposé, à faire un peu hypocritement comme s’il n’existait pas » à « la confrontation rigoureuse des idées ».

Il en suit que « le discours adverse n’est que rarement sérieusement discuté, […] n’offrant, au mieux, à travers une caricature, que matière à dérision ou à dénonciation virulente. » Nous reconnaissons, dans ce portrait du débat, le comportement du comité du NON dans les dernières semaines.

Avant de poursuivre, nous souhaitons souligner que nous dénonçons le déroulement de la campagne du comité du NON, mais nous reconnaissons que plusieurs de ses membres individuels n’ont pas agi avec autant de mépris. Nous avons tous eu des opportunités de débattre dans la bonne humeur lors de rencontres ici et là, mais ces moments sont aujourd’hui noircis par les évènements négatifs desquels nous avons été témoins. En voici quelques exemples:

D’abord, la direction du référendum a fait état de plusieurs infractions commises par le camp du NON (2), qui témoignent définitivement à nos yeux de leur incapacité à stimuler un débat sain sur le campus. Propos diffamatoires et dégradants, vandalisme du matériel promotionnel du OUI et du matériel neutre faisant la promotion du référendum, partage de propos mensongers: malheureusement, il n’est pas ici question d’événements isolés.

Il nous apparaît également très regrettable que le camp du NON ne prenne pas au sérieux la gravité de ses infractions, en qualifiant notamment l’excuse qu’ils ont publiée sur leur page Facebook de simple « formalité » (voir la capture d’écran ci-dessous).

Photo tirée de Facebook

Également, le site Web officiel du comité du NON peut être trouvé à l’adresse http://ueqarktayeule.com. Nous regrettons qu’une expression aussi puérile soit utilisée officiellement par le comité du NON, car cela témoigne d’un climat qui n’est pas propice au débat.

Il est facile de comprendre, après la considération de toutes ces raisons, pourquoi nous, membres du comité du OUI, sommes aujourd’hui épuisés. Nous ne nions pas que le camp du NON a aussi proposé des arguments pertinents et réfléchis, mais nous déplorons qu’ils ont été assortis de mensonges, de propos diffamatoires et de vandalisme, bref de mauvaise foi.

Malgré nos meilleures volontés et notre réel désir de débattre des enjeux entourant l’affiliation à l’UEQ, il nous apparaît que le sain débat à été saboté, ce qui est regrettable, puisqu’il s’agit justement d’un « pilier de la démocratie » selon Charbonneau et Moreau.

Nous mentionnions quand même en début de texte que nous étions heureux et heureuses de la campagne que l’on a menée, et nous souhaitons réitérer ce point. Il est rare qu’un projet sur le campus mobilise autant de personnes de toutes les facultés sur le terrain, et cette campagne référendaire nous a permis de redécouvrir la passion qui nous a menés à nous impliquer. L’implication étudiante n’est pas glorieuse, ni très valorisée dans la communauté étudiante plus large, mais nous considérons que c’est pourtant un aspect crucial de nos vies et de nos aspirations.

Pendant cette campagne, les motivations de plusieurs personnes, dont les exécutants et les exécutantes de l’UEQ, ont été remises en doute: il semblerait qu’ils aient choisi de se présenter, d’occuper leur poste par carriérisme, et que des membres du comité du OUI souhaitent l’affiliation à l’UEQ dans l’espoir de pouvoir y travailler dans le futur. Depuis quand un emploi dans une association étudiante est-il un emploi de rêve?

Être payé au salaire minimum pendant 40 heures/semaine pour une semaine de 50-60 heures et être forcé de retarder sa graduation ne nous semble pas être un travail rêvé. Pour nous, la seule conclusion logique à la motivation des exécutants est qu’ils ont un réel désir de travailler à améliorer la condition étudiante. Nous croyons qu’il serait impossible pour une personne qui n’a pas les intérêts des étudiants et des étudiantes à coeur de travailler dans ces conditions, de se donner autant pour une cause.

De plus, ce travail exigeant est fondamentalement nécessaire, puisque nous croyons que le mouvement étudiant est plus fort lorsque ses membres les plus motivés sont en mesure de se consacrer de manière plus concrète et constante à l’amélioration de la condition des étudiants et des étudiantes. Nous sommes donc rassurés de voir que l’UEQ est là pour nous aider dans nos revendications et pour s’assurer que la voix des étudiants et des étudiantes se fait entendre, et ce, même en période d’examens.

En conclusion, il nous apparaît que le point fort de la campagne du OUI aura été de prioriser l’argumentation saine autour de l’affiliation à l’UEQ, plutôt que de pimenter notre argumentaire avec des techniques déloyales et empreintes de mauvaise foi comme l’a fait le camp du NON. Pour nous, l’UEQ, bien que loin de la perfection, reste le meilleur véhicule pour défendre les étudiants sur le plan national et assurer un futur ensoleillé pour l’éducation universitaire au Québec.

Nous vous invitons donc à adhérer à ce beau projet national, qui rassemble déjà des étudiants et des étudiantes de partout au Québec. Une affiliation à l’UEQ serait bénéfique autant pour la communauté étudiante actuelle que pour la communauté étudiante future de l’Université Laval.

Signataires:

Jonathan Larochelle, étudiant en génie physique

Émilie Parker, étudiante en communication publique

Guillaume François Larouche, étudiant en droit

Laurence Vaillancourt, étudiante en éducation préscolaire et enseignement primaire

Jean-François Rivest, étudiant en Sciences biomédicales

Jean-Michel Proulx, étudiant en science de l’administration

Christophe Beaulieu, étudiant en traduction

Laurent Trottier, étudiant en enseignement de l’univers-social

Charles-Émile Fecteau, étudiant en chimie

Louis-Philippe Pelletier, étudiant en droit

Références

(1) : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/513504/pour-des-debats-respectant-l-opinion-contraire

(2) : http://cadeul.ulaval.ca/envoi/REF_A2017/17_11_18_Avis_public_1.pdf

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