Pour le meilleur et pour le pire, Impact Campus prend des couleurs

C’est peut-être un abus de conscience historique, mais c’est bien humblement investi d’une mission que je me retrouve à devoir apposer un point d’orgue, ou plutôt une coda, à 32 ans de journalisme étudiant à l’Université Laval. Ce numéro spécial d’archives est notre bien mince offrande, sacrifice sur l’autel de l’économie de l’attention. C’est le moment pour Impact Campus de sortir de sa (oh combien) confortable coquille, d’aller prendre l’air… et de prendre des couleurs !

Se plonger le nez dans nos archives au cours des deux dernières semaines nous a permis de constater l’impressionnante liste des contributeurs et contributrices ayant fait leurs dents au journal, en plus de pleinement apprécier la position privilégiée d’un média étudiant, témoin coloré (et en négatifs) des transformations de son temps. Tant d’albums cultes démolis, d’enivrement pré-référendaire palpable, de proto caquistes (alors leaders étudiants) devenus profs, député, conseillers du premier ministre.

Les victoires du Rouge et Or, les bonus des dirigeants et dirigeantes de l’Université, la CADEUL qui tient « enfin promesse »… c’est à croire que malgré la vitesse à laquelle le monde « change », les enjeux se réinterprètent toujours, seulement avec de nouveaux acteurs et de nouvelles actrices.

Dans le bruit : s’ancrer

Face à l’avalanche d’information qui encombre nos divers fils d’actualité, nous vous proposons de prendre une pause. Plutôt que d’essayer à tort de tout consommer en surface, à coup de grands titres sensationnels et de formulations simplistes, nous vous invitons à plonger en profondeur dans un dossier chaque mois, que nous traiterons avec rigueur et originalité, en valorisant le point de vue des étudiants et étudiantes.

Au meilleur de nos connaissances et de celles de nos précieux contributeurs et de nos précieuses contributrices, nous tenterons de rendre un brin plus intelligible un monde dont on commence à peine à saisir l’étendue de la complexité en plus d’éclairer les enjeux qui nous affligent comme étudiant(e)s, mais aussi comme membres d’une société.

Questionner les structures de pouvoir

Avec la migration des revenus publicitaires vers les géants du numérique, une presse étudiante libre et de qualité relève maintenant de l’impensable, tant les partenariats avec quelques organismes et entreprises, seules avenues financières viables, nous encombrent dans nos couvertures quotidiennes. Un média doit avoir les coudées franches pour pouvoir pleinement exercer l’une de ses principales fonctions, celle de questionner les structures de pouvoir en place.

Feuilleter les différents numéros d’Impact Campus nous aura permis de constater « l’assainissement » progressif du contenu au fil de l’effondrement des structures traditionnelles de financement de la presse. D’un journal plutôt incisif et qui osait (avec toutes les absurdités que cela pouvait parfois impliquer), la communauté lavalloise a peu à peu perdu son médium, travesti par la réalité économique dans laquelle il opère.

Bien humblement, nous espérons que les changements que nous opérons aujourd’hui nous permettront de jouer beaucoup mieux ce rôle essentiel, particulièrement dans l’environnement universitaire et les milieux associatifs, pas tellement reconnus pour leur transparence. D’une part, via la couverture de l’actualité quotidienne du campus au www.impactcampus.ca, mais aussi via un débat lancé chaque mois à la communauté universitaire, publié dans notre tout nouveau magazine.

Refléter la diversité : enrichir le commun

Un média, étudiant ou non, se doit aussi d’être au diapason avec son public et les acteurs et actrices de son écosystème. Impact Campus entend plus que jamais s’acquitter de cette besogne, dans un premier temps, en vous relayant les différentes réussites étudiantes, mais surtout, en traitant des enjeux qui vous touchent au quotidien.

Environnements intelligents, transition économique et écologique, mouvements des populations à travers le monde ; autant de dossiers qui transforment le vivre-ensemble, qui méritent qu’on s’y attarde et qui sont nourris au quotidien par l’expertise qui se retrouve sur notre campus. La médiatisation de ces connaissances, via notre couverture en ligne de l’actualité et à travers les pages de notre nouveau magazine, nous permettra de mettre le tout en commun dans une réflexion transdisciplinaire qui, on l’espère, éclairera ces différentes questions.

La seule ligne sera celle qu’on s’impose

La dernière fonction que nous vous proposons d’occuper dans cette micro-société qu’est l’Université Laval, c’est de faire exister les débats publics, de vous amener à réagir, à vous questionner et à prendre position. Un point de vue argumenté et informé, comme principal rempart à la désinformation.

Pour le meilleur et pour le pire, la démocratisation de la parole sur les médias sociaux nous place dans l’univers de la « réaction » et de son corolaire, « l’opinion ». S’il est vrai que l’expression est plus « libre » que jamais, cette liberté a un coût différencié selon la position sociale, la capacité à assimiler les codes d’expression propres aux environnements numériques et l’accès à un « public ». Véritable vecteur de polarisation, cette ultra-réactivité se doit d’être balisée, à l’image d’une discussion publique.

« Il n’y a pas de ligne, seulement des lois. C’est ce qui nous sépare des animaux. » Cette citation provient d’un personnage fictif de la série Gotham, le Capitaine Barnes. Il explique alors à Gordon que dans les moments de grands stress, aucune barrière morale ne persistera, même chez les personnes les plus valeureuses. Malgré le parallèle difficile à tenir avec l’univers militaire auquel se réfère cette citation, il y a pour moi ici un principe de base régissant nos interactions sociales.

Si la sociabilité, la communication et le symbolique nous « sépare » (ou nous en donne l’impression du moins) du monde animal, il est de notre devoir de se doter de règles pour tenter de limiter nos différentes pulsions. Ainsi, pour nous aider à nous élever au-dessus de la barbarie numérique, nous vous proposons de médiatiser ces débats, d’être le lieu, l’arène, où se met en scène une joute d’idées. En se dotant collectivement de balises, nous prenons le pari que le débat s’enrichira de la contribution de tous et toutes.

Et maintenant ?

impactcampus.ca

À partir du 14 janvier, toute l’actualité du campus se retrouvera au www.impactcampus.ca. Nous tenterons de vous donner rapidement l’heure juste, en plus de suivre de près l’évolution des nouvelles qui nous concerne en allant chercher les réactions sur le terrain.

Notre objectif est d’optimiser le plus possible notre présence en ligne pour vous offrir une couverture complète et dynamique, tout en prenant soin de ne pas tomber dans le piège de produire rapidement de l’information partielle, potentiellement partiale.

Impact Campus, le magazine

Le 23 janvier prochain, notre tradition prend des couleurs. Deux prismes seront priorisés dans cette toute nouvelle publication, comme autant de manières de se saisir du monde et de le transmettre à ses pairs développés au fil du temps par les communautés humaines: les arts et la culture d’un côté, l’analyse et l’argumentation de l’autre.

Sept fois dans l’année, nous publierons un numéro traitant en profondeur d’une thématique liée à l’actualité, en la déclinant sous la forme d’un dossier. Notre objectif est d’utiliser l’étendue des connaissances produites ici, sur le campus, afin d’éclairer des réalités complexes, en prenant le temps de soulever les questions importantes et de les traiter avec le sérieux qu’elles méritent. Le tout dans un rendu agréable pour l’œil et l’esprit, mettant en valeur le travail des artisans et artisanes du journal, mais aussi des scientifiques, penseurs et penseuses chevronnées dont regorge les murs de notre institution.

Nous vous offrons ainsi un guide, aussi incomplet qu’à définir, pour tenter de rendre un peu plus compréhensible le monde qui nous entoure. Impact Campus est votre média étudiant, votre porte-voix et votre miroir. Appropriez-vous son contenant et son contenu, ajoutez vos couleurs à notre tradition.

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