[Lettre ouverte] Peut-on faire confiance au rectorat de l’Université Laval ?

L’an dernier, La planète s’invite à l’Université Laval a révélé ce qui deviendra le scandale des « ententes secrètes » entre la direction de l’université et le Port de Québec. Constatant que cet enjeu a fait son chemin jusqu’à la présente course au rectorat, nous souhaitons contribuer au débat et mettre de l’avant les enjeux qui nous préoccupent concernant l’avenir de la démocratie universitaire.

Tout d’abord, il faut reconnaître que la direction d’une université est comparable  à un gouvernement, dans le sens où elle fait des choix politiques et doit en être tenue responsable. En 2021, nous avons exposé que la direction de l’Université Laval entretenait des liens beaucoup plus serrés avec le projet Laurentia qu’elle ne le prétendait. Toute la communauté universitaire s’est indignée de ce partenariat, mais la direction a maintenu sa position. Quelque mois plus tard, le projet a été refusé par le gouvernement fédéral pour ses nuisances environnementales incontestables. Nous étions très loin des valeurs de collaboration et de développement durable dont se vante abondamment l’Université Laval.

Comment être écouté-es ?

Au fil des années, les différents groupes étudiants de l’Université Laval ont rédigé maintes lettres ouvertes, organisé des campagnes de sensibilisation pour le désinvestissement des énergies fossiles, fait adopter des positions contre l’implication de la direction dans les énergies fossiles, GNL Québec ou même Laurentia au sein de nos associations étudiantes. Nous avons organisé des grèves et manifestations pour l’environnement, dont l’une rassemblant pas moins de 25 000 personnes dans les rues de Québec. Nous avons même eu l’occasion de rencontrer quelques fois des membres de la direction.

Après tout ça, ces revendications semblent toujours être ignorées par l’administration. Comment peut-on faire confiance au rectorat de l’Université Laval face à l’absence totale d’écoute des préoccupations étudiantes pour l’environnement ?

Pouvons-nous nous fier aux promesses ?

Les candidatures au rectorat nous font de belles promesses dans cette campagne électorale, mais comment peut-on les croire alors qu’aux dernières élections, tous et toutes s’étaient engagé-es à désinvestir des énergies fossiles, sous pression des étudiant-es, et que la direction a omis de le faire une fois au pouvoir ?

Nous croyons qu’il faut impliquer massivement la communauté universitaire dans les prises de décisions. Nous ne parlons pas ici des dizaines de comités oiseux dans lesquels les directions ont tenté de nous embourber. Il faut que tous les membres de la communauté aient leur mot à dire. C’est seulement lorsque chacun et chacune auront ce droit de parole qu’il y aura un réel débat parmi toute la communauté et que nous aurons des directions surveillées et imputables.

Un système démocratique ?

Cette année, seulement 146 personnes auront un droit de vote pour choisir la direction d’une université au budget de plusieurs centaines de millions de dollars. Si vous vous demandez pourquoi il n’y a que quelques braves journalistes qui couvrent la campagne et les actions de l’Université Laval de façon générale, vous avez votre réponse. Après coup, pourquoi s’intéresser aux actions de la direction si nous avons si peu de pouvoir de l’influencer ?

La direction actuelle de l’Université Laval a échoué à impliquer ses étudiant-es dans ses décisions, mais il est possible de faire mieux. Les candidatures au rectorat doivent reconnaître cet enjeu et agir pour rétablir le lien de confiance entre la communauté et la direction.

Pour une université au service du bien commun

Nous entendons souvent parler de liberté académique pour des raisons farfelues. Or, les vraies atteintes à la liberté académique se retrouvent dans les partenariats entre les directions universitaires et le secteur privé, comptant trop de projets nuisibles pour l’environnement.

Autant pour la liberté académique que pour l’environnement, la direction doit refuser de favoriser les projets dont l’étude d’impacts environnementaux et sociaux n’est pas complétée ou tout autres projets allant à l’encontre des efforts nécessaires pour lutter contre les changements climatiques. Soyons réalistes, si nous voulons des universités au service du bien commun, elles ne peuvent plus être financées aveuglement par ces projets.

Ainsi, nous invitons les candidatures au rectorat à s’engager à rompre avec les vieilles manières de faire et à prendre en compte les revendications environnementales et sociales du mouvement étudiant de l’Université Laval.

Andréane Moreau, militante de La planète s’invite à l’Université Laval
Anthony Cadoret, militant de La planète s’invite à l’Université Laval
Jonathan Tedeschi, co-coordinateur de Univert Laval
Thomas Brady, militant de La planète s’invite à l’Université Laval

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