Où iront les 350 millions de Brière ?

La semaine dernière, l’UL a lancé en grande pompe sa nouvelle grande campagne de financement. L’objectif : amasser 350 millions de dollars pour les 350 ans de l’Université. La contribution devra venir des diplômés, selon le recteur Denis Brière, et sera directement injectée dans le « développement » de l’institution. Un terme large, qu’on ne peut se représenter.

J’aimerais que l’on commence par me dire où ira l’argent de cette seconde phase de campagne. Parce que le terme « développement » englobe beaucoup de choses. Et parce que depuis cinq ans, la phase silencieuse de cette campagne de financement a déjà amassé 280 millions. Dans un contexte où on n’entend parler que de coupures et de revendications, s’il était possible de m’expliquer la nature et l’utilité de ces fonds, je serais plus enclin à continuer de donner pour ledit « développement ».

Dans la foulée du scandale des primes d’après-mandat, il me semble un peu téméraire de demander à tous de contribuer à une cause dont l’issue n’est même pas précisément connue. En tant que donateurs, comment peut-on réellement sentir le bien-fondé d’un don lorsqu’on ne connaît même pas sa direction précise? La question se pose.

Et que dire du contexte dans lequel votre demande est formulée, M. Brière? Depuis 2014, les compressions budgétaires s’élèvent à plus de 50 millions pour l’Université Laval. Elles affectent la diplômation, les services et la qualité de vie sur le campus. N’est-il pas absurde de demander à ses membres de contribuer à la « fierté » de l’UL dans de telles circonstances? Encore une fois, il y a matière à réflexion.

L’argument du « changement des mentalités » vers la philanthropie, qu’explique Brière dans La Presse, me semble invalide. Faut-il vraiment changer la culture philanthropique à Québec? L’altruisme ne se mesure pas qu’aux dollars que l’on donne, mais aussi au bénévolat et au soutien des campagnes publiques. La culture de la générosité est bien ancrée à Québec, M. Brière, et cet argument ne tient pas la route.

La transparence : voilà ce qui manque à cette campagne pour qu’elle connaisse un succès public. Le jour où l’opinion publique aura confiance en l’intégrité des têtes dirigeantes, elle sera très ouverte à contribuer au développement, comme vous le dites si bien.

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