Comme des parents divorcés

Sheila Cops et Bernard Landry. Difficile de trouver plus opposés parmi les figures politiques de notre époque. Surtout sur un sujet comme un référendum. Les mettre dans la même pièce, c’est comme enfermer des parents divorcés dans un cabanon pour une heure en espérant qu’il n’y ait pas de chicane.

C’est pourtant le pari que Jacques Beauchamp a fait en les invitant à son émission Pas de midi sans info, sur les ondes de ICI Radio-Canada Première pour son «duo de la semaine» afin de parler du référendum sur l’indépendance de l’Écosse. On a beau se dire que ça fait presque vingt ans de ça, l’animateur, lui n’a pas pris de chance et en a pris un en studio avec lui et a laissé l’autre dans le studio d’Ottawa. Comme des parents divorcés. Il a bien fait!

Parce que comme pour les parents divorcés, la discussion s’est terminée en tirage de cheveux radiophonique. Et comme pour des parents divorcés, les deux partis avaient du sens… en partie.

Bernard Landry encensait le processus référendaire qui, disait-il, s’était déroulé de belle manière entre Londres et Édimbourg. « Londres a toujours accepté l’idée du 50% plus 1, ce qu’Ottawa n’a jamais fait», disait-il. Il parlait particulièrement du respect de Londres envers la décision que les citoyens prendraient le jour venu.

Sheila Cops disait de son côté qu’évidemment Londres et Édimbourg s’entendent bien puisque ce dernier avait la volonté de négocier – ce que le Québec n’avait pas en 1995, soutient-elle. Elle dit que le Québec n’avait rien voulu savoir à l’époque et qu’il avait simplement dit que le référendum était l’affaire des Québécois seulement!

Dialogue de sourds entre la tour de Radio-Canada à Montréal et le studio de Ottawa. Deux solitudes qui n’en finissent plus de pourrir dans leurs emballages de querelles sous-vides.

Mais ça, c’était vendredi dernier. Drôle de timing pour en parler parce que, semble-t-il, c’est la même journée que Londres et le reste du camp du Non se sont réveillés de cette torpeur référendaire. Ce qui leur avait paru être une simple bruine sans menace leur coulait à présent dans le dos comme une pluie de sueurs froides.

Le camp du Non s’est donc relevé comme un lapin qui court après la tortue. Utilisant au final les mêmes coups bas utilisés par Ottawa 19 ans plus tôt. Menaces économiques diverses. La monnaie qui reste un enjeu épeurant. Les banques qui menacent de déménager leurs sièges sociaux. Alouette. Tout pour faire peur et faire rentrer les Écossais dans leur carcan. Le pire dans tout ça c’est qu’une entente entre les partis, interdit aux Écossais de retenter l’expérience si elle venait à échouer.

Comme quoi, un divorce ça reste un divorce.

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