Paresse académique

Le rôle d’un enseignant, qu’il dispense son savoir dans une classe de première année du primaire ou dans un amphithéâtre de 2000 étudiants, n’est-il pas de faire évoluer, d’accompagner et d’aider les étudiants qui sont devant lui ?

OUI, évidemment, qu’on me dit. J’en viens quand même parfois à douter fortement. Les plans de cours regorgent de petites clauses qui font la terreur des étudiants, une fois arrivée l’heure de la remise.

« Aucun travail remis après l’heure de remise ne sera corrigé »; « Les travaux [ 10 pages ] contenant cinq fautes et plus ne seront pas corrigés ». En quoi est-ce pédagogique ? Pourquoi décréter qu’une fois passée l’heure de remise, le travail d’un étudiant n’en vaut plus la peine ? Est-ce que ça va aider à son développement ?

Est-ce que la pensée d’un étudiant, étalée sur 10 pages, est moins pertinente avec 5 erreurs ? Au lieu d’appliquer une politique de pénalité de retard ou pour les fautes de français, certains professeurs ne se donnent même pas la peine d’y jeter un œil.

Je vais le dire plus brutalement que ces professeurs ne se sont sûrement fait parler en 10 ans : ce sont des paresseux ! Des paresseux qui se frottent les mains en comptant les fautes et en étant heureux de s’épargner une longue correction, contents de compter une tête de moins dans leur classe.

On me dira que ce sont, dans bien des cas, les auxiliaires qui s’occupent de la correction. Mais alors, est-ce que ces consignes sont là pour économiser du temps ( de l’argent ) à l’Université ? À ce moment-là, pourquoi y a-t-il des professeurs qui appliquent les pénalités de retard et d’autres qui jettent les copies aux poubelles? Pourquoi est-ce qu’on paye ?

Ce ne sont pas tous les professeurs, évidemment. Je sais aussi qu’il est facile de rendre une copie sans fautes. À l’heure. Je sais. C’est le principe en tant que tel que je critique.

Je critique également le fait que les professeurs sont surprotégés. Sous prétexte qu’ils ont des sommités dans leur domaine, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Faire échouer un étudiant d’un simple « Non, je ne corrigerai pas votre copie ».

Si les étudiants votaient les plan de cours ( si on les lisait seulement ) peut-être qu’on pourrait faire bouger les choses…

La paresse a fait renvoyer plus d’une personne. Sauf que ces professeurs-là, non.

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