Pourquoi couper ?

Les libéraux ont été à la tête de l’État québécois durant 10 des 11 dernières années. Ils ont eu amplement le temps de le réinventer. Ils semblent toutefois particulièrement pressés de réduire sa taille actuellement.

Certains se rappellent la première phase du premier gouvernement Charest et de la crise sociale et syndicale qui a suivi la réingénierie de l’État. Tant mieux, parce qu’un tel mouvement social est peut-être à notre porte.

Avec la lutte contre l’austérité et le mouvement contre les oléoducs, le gouvernement Couillard risque de faire face à la rue au cours des prochaines semaines. Le gouvernement Charest de 2003 avait à tout le moins l’intention de réinventer l’État, pas seulement de faire une vente de feu.

Les auxiliaires de l’Université Laval seront d’ailleurs en grève mercredi prochain afin de lutter contre l’austérité et les coupes dans le réseau universitaire.

L’austérité est avant tout une question de choix. Il n’est pas vrai que la situation économique du Québec demande un redressement aussi drastique et immédiat. La hausse du coût des services de garderie apportera un maximum de 300 millions $ dans les coffres de l’état alors que c’est 900 millions $ que les médecins retireront cette année et l’an prochain en augmentation de salaire.

Nous apprenons aujourd’hui par la plume de Denis Lessard de La Presse que le rapport du comité de revue des programmes sera très probablement tabletté. En entrevue avec le journaliste, le critique péquiste en matière du conseil du trésor a soulevé le point d’un rapport servant à manipuler l’opinion publique qui serait rassurée lorsque le gouvernement coupera de manière moins drastique que ce qui est prévu dans le rapport.

Il faudrait quand même mettre les choses en perspective. Au sens où couper n’est pas complètement (ou nécessairement) une mauvaise idée. La progression des transferts aux municipalités est en progression annuelle de près de 8,2 % alors que les dépenses des villes augmentent, quant à elles, de 5,8%. Cela laisse une augmentation du revenu des ville de 2,4% par année. Pas étonnant que le maire Labeaume ait de l’argent pour investir dans un cyclotron à 5 millions de dollars!

Pas que ce soit un mauvais investissement! Bien au contraire, un tel achat est un move qui est purement positif pour la ville de Québec. Mais au moment où on se demande à quel endroit on doit couper, la question se pose : peut-être que les municipalités sont une option viable ?

Couper est rarement une solution qu’on aime. C’est rarement un moment où on se dit «ah ben oui! ça va être FUN!» La question qu’il faut peut-être se demander au final est: qu’est-ce qu’on veut ?

Louis-Philippe Boulianne et Mathieu Massé

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