Photos par Gabriel Tremblay

Zizanie, suivi d’Accalmie

Au menu de cet éditorial passif-agressif, j’aborde quelques sujets «légers» comme l’insécurité financière, la pression de performer ou encore la surcharge professionnelle. De plus, je vous glisse au passage, une tonne de petites morales cheap.

Par Gabriel Tremblay, journaliste multimédia

Vous êtes déjà captivés, n’est-ce pas? Non mais blague à part, vous trouverez sans doute quelques éclaircis à travers ce portrait sociétal nuageux.

«J’fais d’la poudre
Pour travailler plus
Pour faire plus d’argent
Pour faire plus de poudre»

Est-ce qu’on joue à un jeu? celui de remplacer la poudre par notre/votre addiction dans la chanson? En vous souhaitant de rebaptiser ce tristement célèbre titre des Vulgaires par «Caféïnomane». On jase, là, mais à l’époque où les antidépresseurs s’avalent au même rythme que les pilules d’allergies, la dépendance au café est vraiment banalisée. Si vous n’aimez pas le ton cru (et non pas le thon cru) de mes propos, je vous invite à changer de page… parce que
disons que la suite est déconseillée à de jeunes enfants et que la supervision des parents est
conseillée. Vous ne pourrez pas dire que je n’ai pas mon lectorat à coeur!

Pour faire plus de poudre

Levez la main (comme si je pouvais réellement vous voir) ceux et celles qui connaissent les dessous, non pas roses mais bien blancs des études universitaires, on fera le décompte plus tard, parce que j’ai un exercice pour vous. Je ne veux pas créer de tollés, mais je vous met au défi de trouver un.e élève qui terminera son BAC en actuariat sans neige dans les narines.

Vous comprendrez qu’ici, je ne fais pas référence à la somptueuse poudreuse hivernale du
Mont Saint-Anne. Vous pouvez me garocher des roches au passage, dénoncer mes propos non-filtrés ou acclamer ma transparence, mais au final, je n’ai pas plus de solutions que le commun des mortels. La compétition académique et professionnelle est ancrée, enracinée, bétonnée et cimentée dans notre société occidentale, qu’on le veuille ou non.

Après, je dis occidentale mais cette tendance nocive se fait sentir à l’échelle planétaire. Outre le
fait que je me renseigne pour avancer de tels propos, j’ai eu la chance de pouvoir voyager à
l’international, et ce, à plusieurs reprises. J’entends déjà Gérard 58 ans de Lavaltrie, criant au scandale sur son clavier de Ipad «Encore mes taxes qui payent des p’tits jeunes privilégiés qui passent leurs vingtaines à voyager».

On jase là, mais est-ce qu’on pourrait utiliser la fameuse Dolorean à Marty Mcfly et retrouver le premier homme (clairement blanc) qui se pêtait les bretelles à travailler des heures supplémentaires de façon indécente?

Pour travailler plus

«Hé bonjour cher Monsieur workaholic, avant que vous jugiez l’extravagance de mon verni à ongles, j’aimerais simplement vous dire de prendre un peu de temps pour votre petite famille
et que la messe du dimanche, ben ça devrait pas être votre seul congé de la semaine». Cordialement, Gabriel de 2020.

Malgré mon ton moralisateur rempli d’âgisme, je n’aurais, personnellement, aucune leçon à donner aux pères fondateurs de la culture de surcharge professionnelle. Par contre, si nous ne pouvons réécrire le passé à la «Back to the Future», nous pouvons clairement opter pour un mode de vie garni de longues siestes et de chaï lattés. Embarquez-vous dans mon bandwagon de procrastination? Dans mon rock & roll train à vitesse grand D pour dodo?

Suite à la création de ces «belles» images un peu floues, digne du pelleteur de nuages que je suis, j’ai poussé ma réflexion, un peu plus sérieuse cette fois-ci, à un autre niveau. Qu’est-ce
qui motive Monsieur Madame tout le monde à s’infliger un burnout pour un «simple» boulot. Pourquoi prôner des comportements professionnels générant l’isolement, l’oubli d’intimité relationnelle et la négligence familiale?

Vous aurez probablement, comme moi, trouver le dénominateur commun à tout ça… les finances.

Pour faire plus d’argent

Vous êtes familier avec les sujets amenés complètement incohérent? En voilà un. Vous connaissez aussi l’expression «bébé de la réforme»? et bien j’en suis un. Mes semblables et
moi, sommes le fruit d’une cohorte-éprouvette et expérience scolaire assez houleuse. Nous donnons au passage, Une bonne main d’applaudissements au gouvernement de Pauline
Marois (entre autres) pour ses changements «bénéfiques» à tous et chacun.e. Je serais curieux, avec du recul, de recenser à l’échelle provinciale, les Québécois.es comme moi, qui étaient mêlé.es comme des jeux de cartes à l’orée de leur parcours collégiales.

La conseillère en orientation : «Gabriel, tu devrais opter les
mathématiques «Sciences Naturelles», tu pourrais t’ouvrir plus
de portes.»
Moi : «Oui mais Madame, je ne sais même pas ce que je veux
manger ce midi à la cafétéria.» Donnacona, 2008.

On jase là, mais à quand une réforme moindrement humaniste de l’éducation au Québec? Parce qu’on ne se contera pas d’histoire, notre modèle actuel est aussi bien adapté aux différents jeunes, que nos bureaux le sont pour les fauteuils roulants. À défaut de vouloir chialer sans arrêt comme un animateur de radio-poubelle qui mêle encore sa gauche et sa droite à 27 ans, je vais aller méditer pis on se rejase plus tard, ok?

Je vais vous casser les oreilles (ou les yeux) une dernière fois avec l’éducation, mais positivement cette fois-ci. Force est d’admettre que notre bonne vieille réforme entamée
en 97 à engendrer son lot de décrochages scolaires, dont certains sont irrécupérables, malheureusement. En contrepartie, plusieurs étudiants de la vie, comme je m’amuse à les surnommer, sont nés suite à ce chamboulement du CÉGEP. D’ailleurs, j’ai envie de lever mon verre de kombucha à ces enfants de l’asphalte qui, à défaut de s’entêter à suivre un parcours académique linéaire, ont décidé de tout «crisser là», de s’exiler à l’étranger et de vivre en marge d’une société capitaliste étouffante. À go, je commande, tel un poséidon de salon, à déferler une vague d’amour à ces beaux humains riches en expériences. Go!

Accalmie

Pour décrocher plus

*À ne pas confondre avec décrochage scolaire ou encore, le fait de décrocher un nouveau poste important*

«Pour décrocher plus»
«Ouais mais Gab, c’est pas dans les paroles originales de la
toune ça.»

Ai-je besoin de vous rappeler l’importance de décrocher occasionnellement d’un emploi du temps routinier ? Ai-je besoin de vous rappeler l’importance d’aller se perdre dans le bois après un blitz intense au boulot ?

En tout cas, je ne devrais pas le faire, je suis pas votre mère/père câline ! Gérez-vous.
Gérez-vous, comme ma génération (pour ne nommer que celle-là) qui soigne de plus en plus ses problèmes de santé mentale à un jeune âge, contrairement à nos parents qui se foutent la tête dans le sable comme des autruches, trop orgueilleux pour consulter.

Gérez-vous, comme une panoplie d’acteurs en culture qui ne se sont pas apitoyés sur leur sort alors que leurs contrats s’envolait du jour au lendemain. Profitant de cette année anormale pour créer du beau, du plus beau que jamais.

Gérez-vous, de la même façon que vous avez fait vos pains maisons de début de pandémie. Avec tendresse et de façon moelleuse… (à noter que ce segment quétaine n’est pas commandité par
Gadoua.)

Bref, Gérez-vous! Mautadine.

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