Image credit: The SXS (Simulating eXtreme Spacetimes) Project

5 questions sur les ondes gravitationnelles

Le monde scientifique a été chamboulé la semaine dernière par la découverte des ondes gravitationnelles, tel que l’a prédit Albert Einstein en 1916. L’étudiant au doctorat en astrophysique et auxiliaire de recherche et d’enseignement à la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval, Christian Carles, a répondu aux questions d’Impact Campus.

Q – Comment s’est faite la découverte?

R – Les ondes proviennent d’une collision entre deux trous noirs. Ils sont entrés l’un dans l’autre. Les trous noirs faisaient à peu près trente fois la masse du Soleil chacun, mais étaient très petits. Ils étaient de quelques dizaines, voire centaines de kilomètres [de diamètre]. Donc, ce sont des objets extrêmement compacts qui sont entrés en collision à 1.3 milliard d’années-lumières [de la Terre], [ce qui correspond à] 12 mille milliards de milliards de kilomètres. Ça, c’est impossible à voir. Pourtant, on a réussi à le mesurer.

Q – Que représente-t-elle?

R – C’est important de deux points de vue. Le premier, c’est juste la preuve. C’est une nouvelle preuve que la relativité générale, ça fonctionne. C’est un exploit technologique, disons, mais ce n’est pas ce qui est le plus intéressant. Moi, ce qui m’a vraiment frappé, c’est que les ondes gravitationnelles, c’est une nouvelle façon de voir l’univers qui vient de s’ouvrir à nous. C’est un peu comme si on avait toujours jusqu’à maintenant eu la vue, mais qu’on n’avait pas d’ouïe. C’est comme si on avait développé tout d’un coup l’ouïe et que l’on était capable d’entendre.

Q – Qu’est-ce que ça va changer?

R – C’est sûr que ça ne changera rien à court terme. D’ici deux semaines, il n’y a pas grand-chose qui va changer. Mais déjà, il y a deux observatoires en ce moment aux États-Unis qui sont fonctionnels et qui ont fait la découverte ensemble. Et là, il y a d’autres observatoires du même type qui vont entrer en fonction en Italie, peut-être en Inde, et au Japon c’est sûr, d’ici quelques années. À moyen terme, quand ces observatoires-là vont fonctionner et être efficaces, on va mieux écouter et être capables de voir des choses qui étaient invisibles avant.

Q – Quelles sont ces choses?

R – Il y a des choses auxquelles on s’attend, mais ce sont les surprises qui sont les plus excitantes parce qu’on ne sait pas ce qui pourrait en émettre. Chaque fois que l’on a ouvert une nouvelle porte, disons quand on a fait les premières ondes radios ou les premières ondes ultraviolettes, on a découvert des choses qu’on ne s’attendait pas à voir du tout. Ça a amélioré beaucoup notre compréhension de l’Univers.

Q – Que peut-on détecter?

R – Ça prend des éléments qui ont une énergie extrême. Il faut que ce soit des corps extrêmement massifs comme des trous noirs et il faut qu’ils soient très compacts. Finalement, c’est la première fois qu’on peut étudier ce que l’on appelle le régime non linéaire de la relativité générale, donc quand l’espace est extrêmement plié. C’est à ce moment-là qu’on peut l’étudier. Dans des séries de science-fiction comme Star Trek, c’est ça qu’ils font. Ils plient l’espace-temps autour de leurs vaisseaux. Est-ce que ça va nous permettre de mieux étudier et de reproduire? Je n’irais pas jusque-là, mais la porte est ouverte à beaucoup de rêves.

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