Courtoisie :Fotopedia, Mike Hanlon, creative commons

Un risque pour les bébés

Selon une étude américaine de l’institut « Centers for Disease Control and Prevention », plus d’un tiers des femmes américaines introduisent trop tôt de la nourriture solide dans l’alimentation de leur enfant. Acte prématuré et non sans conséquence puisqu’ une introduction trop précoce peut conduire à des maladies chroniques, telles que l’obésité ou le diabète.

Elise Magnin

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L’allaitement, maternel ou au biberon, constitue l’unique nourriture du bébé durant les premiers mois de sa vie. Le lait maternel ou le lait infantile délivre en bonnes proportions des nutriments et des vitamines dont les bébés ont besoin. Généralement, les professionnels de santé recommandent de commencer à introduire les aliments solides vers l’âge de 6 mois. Leurs corps sont alors prêts à accepter et à utiliser les aliments, et le lait ne suffit plus à lui seul à satisfaire tous les besoins nécessaires à leur développement.

Le journal Pediatrics a récemment publié les résultats d’une enquête menée auprès de 1334 femmes pendant deux ans : 93 % d’entre elles disent avoir donné de la nourriture solide à leur enfant avant leurs 6 mois, 40 % avant leurs 4 mois et 9 % même avant
leur 4e semaine.

D’après Ann Condon-Meyers, diététicienne pédiatrique au Medical Center and Children’s Hospital de Pittsburgh, ces résultats ne sont pas surprenants ; son rôle de praticienne lui permet souvent de constater ce phénomène.

La moitié de ces femmes justifie leur action en disant avoir agi sur conseils de leur médecin. Les autres raisons les plus citées sont : « mon bébé est assez grand », « mon bébé avait faim », « mon bébé veut manger comme moi » et « je veux donner une alimentation en supplément du lait maternel ou en poudre ».

L’arrêt précoce de l’allaitement exclusif peut également traduire des difficultés économiques, précise le pédiatre TJ Gold, la nourriture solide étant moins chère que le lait en poudre. Les mères qui allaitent elles-mêmes leurs enfants les premiers mois, et qui n’ont donc pas besoin d’acheter du lait en poudre, sont d’ailleurs moins nombreuses à introduire du « solide » avant l’âge recommandé ( 24 % contre 53 % ).

Ces résultats indiquent qu’une grande proportion de femmes est donc mal informée quant à la nutrition de leur enfant, suggérant que les médecins eux-mêmes ne sont pas familiers avec les recommandations actuelles.

Introduire de la nourriture solide trop tôt est inquiétant : les enfants nourris précocement avec des aliments solides présentent un fort risque de développement de maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète ou l’eczéma. Au-delà des difficultés à mastiquer et à déglutir correctement, le gain de calories est supérieur à celui de nutriments indispensables : l’apport nutritionnel se voit donc dilué. De plus, offrir de la nourriture solide avant l’âge recommandé peut diminuer la durée de l’allaitement maternel, privant ainsi précocement l’enfant des effets bénéfiques du lait.

Les résultats de cette étude mettent en lumière la forte prévalence et le risque d’une introduction précoce d’aliments solides dans l’alimentation des bébés. Il est donc nécessaire que les professionnels de santé fournissent des indications claires et précises afin de guider les parents dans la diversification alimentaire de leur enfant. L’OMS, l’UNICEF et désormais les États-Unis recommandent l’allaitement exclusif jusqu’à six mois.

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