AQSAP : place aux sciences de l’activité physique !

À l’occasion du 23e congrès de l’Association québécoise des sciences de l’activité physique (AQSAP), plusieurs chercheurs et étudiants de 2e ou 3e cycle de l’Université Laval présentaient les résultats de leurs recherches. Retour sur trois de ces exposés.  


Blessures sportives : facture astronomique

Les blessures subies lors de la pratique d’une activité récréative ou sportive coûtent 1,161 milliards par année à la société québécoise. 

Des gens qui se blessent ou qui décèdent en faisant du sport, ça ne devrait pas arriver. Pourtant, annuellement, on estime que 671 000 Québécois consultent un professionnel de la santé pour ces motifs. De ce nombre, 7700 sont hospitalisés et 121 subissent une blessure mortelle. Au total, l’ensemble de ces blessures, graves ou bénignes, en coûte 1,161 milliard par année à la société québécoise.

« Et ce ne sont que des calculs conservateurs, admet Benoît Tremblay, responsable de la recherche en prévention des traumatismes en loisirs et sports à la Direction de la promotion de la sécurité au Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport et auteur de l’étude dont ce montant astronomique est issu. Probablement que plusieurs cas passent sous le radar ».

Selon lui, plus du deux tiers des coûts totaux relatifs aux blessures récréatives et sportives sont attribuables à la perte de productivité qui s’en suit. « Dans notre étude, les limitations qui découlent d’un traumatisme se chiffrent à 21 jours en moyenne, illustre-t-il. C’est ça, et non les coûts associés au transport, au diagnostic et à la prise en charge, qui gonfle considérablement la facture. »

C’est en centrant les efforts sur la prévention des blessures que leur impact économique va s’amoindrir, croit le chercheur. « Le message n’est pas “cessez de faire de l’activité physique, c’est dangereux”, nuance-t-il. Au contraire, faites-en, mais outillez-vous correctement et ayez recours aux services d’intervenants qualifiés afin d’en retirer les bénéfices attendus. »

1602 $ : coût moyen d’une blessure d’origine récréative ou sportive au Québec

611 615 $ : coût moyen d’un décès d’origine récréative ou sportive au Québec


Lutter contre l’ignorance nutritionnelle

Un simple algorithme favorise la prise de décision éclairée quant aux recommandations nutritionnelles effectuées par les entraîneurs.

Pour la majorité des jeunes athlètes, les entraîneurs sont une des seules sources d’informations crédibles en matière de nutrition sportive. Néanmoins, comme le fait valoir Raphaëlle Jacob, étudiante au doctorat en nutrition à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF), « ça ne veut pas dire que les connaissances qu’ils transmettent sont appropriées ni suffisantes ». La plupart des entraîneurs n’ont peu, voire pas de formation spécifique dans ce domaine.

C’est pourquoi, dans le cadre de son projet de maîtrise, l’étudiante-chercheuse s’est penchée sur un moyen de palier à ce déficit. Pour ce faire, elle a comparé, auprès d’entraîneurs d’athlètes de niveau secondaire, l’efficacité d’une intervention comportant un volet de formation en nutrition ainsi qu’un algorithme qui favorise la prise de décision éclairée.

Ses résultats sont sans équivoques : une formation en nutrition augmente à la fois le nombre de recommandations émises par les entraîneurs ainsi que la qualité de leurs connaissances nutritionnelles. Or, seul l’ajout d’un algorithme permet vraiment de maintenir les apprentissages effectués lors de la formation.

« Aussi simple soit-il, l’algorithme a vraiment fait toute une différence auprès des interventions nutritionnelles des entraîneurs, explique Raphaëlle Jacob. Nous discutons actuellement avec l’Institut national du sport (INS) pour l’intégrer à leur formation. »


Identifier les portes d’entrée au dopage sportif

Des liens existent entre la consommation de produits permis dans le but d’améliorer ses performances et l’intention de se doper prochainement.

Chaque année, l’Agence mondiale antidopage (AMA) actualise sa liste de produits interdits. Dans la dernière mouture de cette dernière, qui est entrée en vigueur le 1er janvier dernier, on retrouve près de 300 entrées classifiées selon qu’ils soient prohibés en permanence, en compétition ou dans certains sports.

Or, comme le souligne Sophianne Dionne, étudiante au doctorat en psychopédagogie à la Faculté des Sciences de l’éducation de l’Université Laval, « les facteurs qui incitent les athlètes à utiliser l’un ou l’autre des produits qui figurent sur cette liste ne sont pas clairs ». Depuis quelques années, des chercheurs identifient le recours à des produits permis pour améliorer les performances sportives (caféine par exemple) comme potentielle porte d’entrée au dopage sportif.

Afin de tester cette hypothèse, l’étudiante-chercheure a distribué un questionnaire auprès de 3573 athlètes québécois âgés de 12 à 16 ans. Ces derniers ont été, entre autres, interrogés sur leur utilisation de produits interdits et permis dans les douze derniers mois ainsi que sur leur intention de consommer des produits dopants dans la prochaine année.

L’analyse des données recueillies confirme l’existence de liens entre les comportements et conduites dopantes et l’intention de se doper. Plus inquiétant encore, il semble également y avoir des patrons de croyances et de sentiments similaires entre la consommation de produits permis et interdits. « Je ne dis pas d’arrêter de boire son café matinal. Mais, ça reste qu’il faut rester sensible quant aux intentions sous-jacentes à sa consommation », conclut-elle.

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