Développement durable à l’UL : Vers une approche globale

Voilà maintenant une décennie que l’Université Laval a entrepris des démarches de développement durable. L’établissement scolaire a profité de l’Université d’automne 2016 de l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société (Institut EDS) pour lancer une initiative. Celle-ci vise à faire converger tous les acteurs du campus, un cadre d’action inspiré des Objectifs de développement durable (ODD) adoptés l’an dernier aux Nations Unies.

Impact Campus a profité du passage à l’Université Laval les 3 et 4 novembre dernier du conseiller inter-régional en politique et planification pour le développement durable au Secrétariat des Nations Unies, François Fortier, afin de faire la lumière sur ces cibles qui ont 2030 comme horizon.

D’entrée de jeu, il mentionne que, peu importe le contexte, les 17 objectifs sont toujours aussi pertinents. Il concède toutefois que l’importance de ces cibles va varier en fonction des priorités et des réalités de chacun.

« Si je veux faire un programme en énergie renouvelable, il faut se demander quelles sont les implications pour les 16 autres objectifs. Même si on a des priorités, on va quand même identifier des liens et des conséquences, positives et négatives, des synergies et des obstacles, avec plusieurs autres facteurs », soutient-il.

Pour illustrer ses propos, François Fortier décrit une situation où une institution scolaire comme l’Université Laval déciderait de faire de l’énergie durable l’une des ses priorités.

« Si on veut déployer des fermes de panneaux solaires, on va ultimement changer l’utilisation des sols. Il va nous falloir de l’espace. Il peut arriver que l’on doive sacrifier un parc par exemple. Il y aura des répercussions, ça c’est certain. Dans ce cas, il y en aura des positives sur les changements climatiques, mais peut-être aussi des négatives sur le budget de l’université », explique-t-il.

Découragement

Le conseiller du Secrétariat des Nations Unies avoue qu’il peut paraître ardu d’entamer de tels changements. Il se fait toutefois rassurant. Le but ultime des Nations Unies, avec ces objectifs, n’est pas que les organisations contrôlent tout, mais bien de leur faire prendre conscience du lien qui existe entre les trois dimensions du développement durable : sociale, environnementale et économique.

« Ça ne veut pas dire qu’il faut être obsédé par le contrôle positiviste de tout. On ne peut pas tout comprendre, l’univers est beaucoup trop complexe pour ça », dit-il en souriant.

« On doit plutôt saisir les principales tendances reliées aux objectifs que nous avons priorisés, poursuit-il. On doit comprendre les principales conséquences de chacun. Après , on commence à pouvoir concevoir les scénarios possibles. Bien sûr, on va faire des erreurs et il faudra s’ajuster, mais ça c’est normal. »

Premiers pas du Canada

Bien que la stratégie fédérale en matière de développement durable du Canada n’est dans les faits qu’une adaptation de la précédente, François Fortier estime que c’est un bon début. Il est toutefois clair : il reste beaucoup de travail à faire.

Ce qui complexifie le travail du gouvernement, c’est le système politique en place. Certains enjeux sont de juridiction provinciale ou encore municipale. Cela expliquerait, en partie, pourquoi certains des 17 Objectifs de développement durable ne se retrouvent pas dans la stratégie fédérale.

Le Canada doit également composer avec un autre problème. Des infrastructures importantes sont déjà en place. Par exemple, le campus de l’Université Laval a été conçu autrefois en fonction des automobilistes. Les pavillons, loins les uns des autres, amènent un défi supplémentaire à l’administration lorsque vient le temps d’adapter son campus à la mobilité durable.

« Il faut être créatif, surtout sur un campus nordique comme celui de Québec. Mais rien n’est impossible », estime l’expert aux Nations Unies en développement durable.

Urgence d’agir

Le message qu’il faut retenir, c’est qu’il est temps d’agir et que nous ne jouissons pas de beaucoup de temps pour le faire. La population mondiale n’est pas assez en mode panique selon lui.

« Si on ne fait rien, nos sociétés vont commencer à se désagréger assez rapidement. D’ici une à deux décennies, on va avoir des problèmes assez sérieux. L’environnement, ce n’est pas négociable, dit-il. Est-ce qu’on continue jusqu’à ce que ça craque? »

Il faut maintenant accepter les conséquences de l’approche du développement durable selon François Fortier. Bien que l’on présente souvent ce changement comme la fin du plaisir, il assure que la réalité est toute autre.

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