Ebola : Dr Abel Vanderschuren, un médecin au cœur de l’action

Le Dr Abel Vanderschuren, médecin en soins intensifs à l’Hôtel-Dieu de Québec et à l’Enfant-Jésus, a été un des courageux volontaires engagés afin de lutter contre l’épidémie d’Ebola apparue en Afrique de l’Ouest pour la première fois en 2014. L’enseignant lavallois est revenu jeudi dernier sur son séjour de 2 mois en Sierra Leone, dans le district de Port Loko.

« Combattre un feu de forêt avec des bouteilles de spray » : c’est ainsi que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a illustré la lutte à l’épidémie d’Ebola. Face à l’ampleur de cette dernière et l’accès limité aux soins (1 médecin pour 40 000 habitants dans les régions touchées), l’institution a fait appel à de l’aide extérieure pour l’aider à endiguer le danger. C’est ce qui a emmené le Dr Abel Vanderschuren en Sierra Leone.

Dans les coulisses

Au cours de son séjour, le médecin a, entre autres, été confronté aux croyances culturelles et à l’éducation limitée dans les zones reculées. Il raconte qu’il a enterré le corps d’un patient mort des suites du virus dans une fosse, à l’arrière d’un village. Mais, une semaine après, la famille l’a déterré pour l’enterrer selon ses coutumes. Résultat : tout le monde a été contaminé.

Que se passe-t-il si un patient est suspecté d’être atteint ? Il est emmené dans un centre communautaire où il est confronté à un barrage de questions d’un médecin. S’il répond aux symptômes d’Ebola, une prise de sang est effectuée. Le diagnostic est alors confirmé ou infirmé dans un délai de 72 heures. Les cas négatifs sont relâchés dans la nature ; ceux positifs sont envoyés dans un centre de prise en charge approprié.

Pour éviter la contamination, la règle d’or au cours de son séjour a été ABC : Avoid Body Contact. « Même dans les soirées mondaines, où j’ai été invité en tant que représentant de l’OMS, je n’ai serré aucune main », se souvient le médecin. Au quotidien, sa température était évaluée tout le temps. Sur une des routes principales, il a même été contrôlé « 15 fois en 100km » !

« La meilleure manière de se protéger » est, selon ses dires, de toujours s’habiller correctement (masque, lunettes, bottes, combinaison jetable) au contact des malades. Ça, et de rigoureusement prendre le temps de bien se laver les mains pendant une minute au chlore.

L’après-Ebola ?

Les survivants ont le droit à « l’happy shower », une dernière douche de décontamination. Leur réinsertion est très difficile. « Il y a beaucoup de drames humains » dit le professeur, soulignant qu’ils sont souvent rejetés de leur communauté.  Sans famille (morte d’Ebola), ils sont parfois engagés dans les centres pour prendre soin à leur tour des malades.

Le retour a été aussi difficile pour le Dr Abel Vanderschuren : « Je me suis senti comme un pestiféré » attendu et escorté par 3 douaniers à l’aéroport. « J’ai été en quarantaine pendant 3 semaines, avec un coup de téléphone de Santé Canada à tous les jours qui s’inquiétait de ma température».


Ebola

Virus très mortel (plus de 40%) qui induit des fièvres hémorragiques. Il se transmet par contact direct avec les fluides d’une personne infectée. Aucun traitement n’est encore disponible.

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