Christian Landry est professeur-chercheur en biologie. Membre de l’Institut de Biologie Intégrative et des Systèmes ( IBIS ), il nous explique la biologie des systèmes.

La biologie des systèmes : une approche prometteuse

 

 

Impact Campus: La biologie est la science qui étudie le vivant sous toutes ses formes. En quoi consiste l’approche dites «systémique» que  vous étudiez? Cela s’adresse-t-il à un niveau particulier du vivant?

Christian Landry:La biologie des systèmes étudie les molécules présentes dans les cellules, particulièrement les gènes [ portion d’ADN précise ] et les protéines [ molécules produites par les gènes ]. Elle étudie la relation qui existe entre ces deux composantes en ne les prenant pas de façon individuelle, mais en les incluant dans un réseau d’interrelations complexes. Tout comme la psychologie est la science qui étudie le comportement d’un individu, la biologie des systèmes est beaucoup plus proche de la sociologie, la science qui étudie comment un groupe se comporte.

IC: En quoi est-ce différent de l’approche traditionnelle?

CL:L’approche traditionnelle est basée sur le dogme central de la génétique, soit celui qu’avec un gène, nous obtenons une protéine qui n’accomplit qu’une seule fonction. Cela signifie qu’un organisme de 5 000 gènes ne posséderaient que 5 000 fonctions précises, ce qui ne correspond pas du tout à la réalité ( N.D.R.L : l’être humain possède environ 22 000 gènes ).

Au contraire, l’approche systémique est basée sur les interactions possibles entre différents gènes et protéines, créant ainsi un réseau complexe de fonctions différentes. Cela nécessite donc de faire des expériences à grande échelle et d’analyser une foule de données, avec les concours des mathématiciens et physiciens.

IC: Dans quels champs d’études cette approche peut-elle être utile?

CL : Tout d’abord, en sciences de la santé, cette nouvelle approche nous permet de mieux comprendre la dynamique existante dans les cellules. Cela peut servir à l’identification de cibles pour la fabrication de nouveaux médicaments contre le cancer ou l’Alzheimer, par exemple.

En ingénierie, les réseaux identifiés dans les cellules peuvent servir de modèle pour différents procédés de fabrication, ce que nous appelons la « biologie synthétique ». Finalement, l’approche systémique sert à comprendre comment le vivant a évolué depuis son apparition, ce que nous étudions dans mon laboratoire. Comme nous avons tous le même ancêtre biologique, cette méthode nous sert à comprendre comment se sont complexifiées les différentes espèces au fil du temps.

Crédit photo : Claudy Rivard

Consulter le magazine