Le réseau ArcticNet ayant interrompu l’expédition pour l’année, on peut se demander quels seront les impacts de cet arrêt sur les recherches de l’équipage du fameux brise-glace.

Olivier Roy-Martin

L’étudiant au doctorat en océanographie avec spécialisation en bioacoustique, Maxime Geoffroi, note deux conséquences. La première: l’impossibilité d’aller faire des recherches dans la mer de Beaufort. Le navire construit
en 1979 devait se rendre dans cette mer bordée par les côtes de l’Alaska, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest avant la mi-octobre. Le but de la mission : recueillir des données sur les glaces, les courants, la météorologie et l’écosystème marin.

En 2009, le réseau ArticNet a initié une collaboration avec Empire Oil dans la mer de Beaufort. Pendant 56 jours, les scientifiques d’ArcticNet ont mis leurs connaissances de ce secteur au profit des pétrolières Empire Oil et BP. L’objectif de cette collaboration en haute mer était d’aider les entreprises à relever les défis techniques de l’exploration pétrolière en Arctique, mais aussi de respecter les normes environnementales.

Les recherches dans la mer de Beaufort permettent aussi aux communautés «inuvialites» – «les vrais humains», en français- de comprendre les changements qui s’opèrent dans leur environnement. Autre impact de l’arrêt des recherches pour l’année 2013 : l’équipage de l’Amundsen a dû laisser à l’eau les mouillages, outils essentiels à la recherche.

Ces balises sont placées à des endroits bien précis à travers l’océan Arctique,dans les fonds marins, et permettent de mesurer l’évolution des courants et de la température de l’eau ou de capter les sons des animaux marins.

Les mouillages sont laissés dans l’eau sur une période d’une à deux années.

C’est l’équipage d’un navire affecté à la région du Pacifique qui ira récolter environ 5 mouillages des chercheurs de l’Amundsen. Ces données seront ensuite compilées, puis rendues publiques sur le site Web du réseau ArcticNet. La reprise des recherches ira à juin ou juillet 2014. Les représentants d’ArcticNet devront d’abord s’entendre avec tous leurs membres sur des priorités d’explorations de l’année prochaine, puis soumettre un plan détaillé à la Garde côtière canadienne.

Assises à la même table, les deux organisations devront s’entendre sur les termes d’utilisation du célèbre brise-glace et, éventuellement, d’un nouvel hélicoptère, a expliqué Natalie Letendre, porte-parole de la G.C.C. Le navire Amundsen, même s’il se transforme en un important outil d’exploration scientifique pendant la saison estivale, doit servir à répondre à sa principale mission : sauver les vies humaines dans les régions arctiques.

Comme rien n’a encore été décidé formellement, difficile d’en dire beaucoup sur les tenants et aboutissants de la prochaine mission. D’après Maxime Geoffroi, l’exploration de la mer de Beaufort devrait être remise à l’année prochaine. Entre-temps, tous attendent les conclusions de l’enquête du Bureau de la Sécurité et des Transports.

Il y a fort à parier que les 40 chercheurs qui monteront à bord de l’Amundsen l’été prochain penseront au premier accident survenu sur le navire depuis les débuts de l’aventure
en 2003.

Consulter le magazine