Mars One, et ça repart (sans retour)

« La vie est une mission suicide », a déclaré Florence Porcel, candidate au projet de colonisation de la planète Mars. Elle estime que partir n’est pas un suicide, mais une opportunité exceptionnelle de réaliser son unique rêve.

Charline Pierre et Lou Sauvajon

Le projet Mars One, lancé en février 2013, est issu d’une société hollandaise à but non lucratif qui a pour mission d’établir la première colonie humaine sur Mars d’ici 2024. Plus de 200 000 personnes issues de 140 pays ont posé leur candidature. Un millier de personnes ont été présélectionnées, dont Florence Porcel, journaliste française et blogueuse passionnée par l’Univers. Au final, seulement quatre individus décolleront  pour un long voyage de neuf mois, sans billet retour.

Laurent Drissen, professeur d’astrophysique à l’Université Laval, affirme que le principal obstacle à la vie humaine sur Mars serait l’exposition constante aux radiations solaires. Le Soleil émet toutes sortes de rayonnements, dont des radiations cosmiques, comparables aux rayons X lors d’une radiographie chez le médecin.

Sur Mars, « parce que l’atmosphère est plus mince et parce que le champ magnétique est plus petit que sur Terre, on est soumis à ces radiations qui sont néfastes pour le corps humain », a expliqué Olivier Hernandez, directeur des projets de l’Observatoire du Mont-Mégantic. Certaines réactions chimiques du corps sont affectées par les radiations, ce qui fait vieillir les cellules plus vite et peut provoquer des cancers.

Florence Porcel est consciente de ces dangers. Elle comprend les réactions des sceptiques, mais estime qu’« à partir du moment où on naît, c’est une mission suicide. » Elle ajoute sur un ton fataliste : « Qu’on revienne ou qu’on ne revienne pas, on mourra. »

Selon elle, cette mission permettrait de faire avancer la science de façon considérable et d’apporter des éléments de réponses aux questions que l’on se pose. « L’enjeu est tellement immense! Rien n’a été fait de cette ampleur dans l’histoire de l’humanité. »

Selon les deux astrophysiciens, le projet ne semble pas être réalisable compte tenu des échéances et des coûts de la mission. Pour Olivier Hernandez, c’est une belle aventure, mais qui dispose d’une trop grande visibilité dans l’état actuel de nos connaissances en physique et en ingénierie.

Si certains considèrent ce projet comme une tentative de fuir la Terre, Florence Porcel y voit une opportunité de préserver l’espèce humaine. Elle considère que « si on veut survivre en tant qu’espèce, il faut aller ailleurs. »

Les coûts d’inscription sont établis en fonction du PIB de chaque pays afin de donner sa chance à chacun tout en éliminant les fausses candidatures. Florence Porcel y perçoit un aspect humaniste. « Il y a vraiment une volonté de rassembler l’Humanité dans un but commun », a-t-elle observé. Ces frais financeront une partie du budget estimé à 6 milliards de dollars américains. Une autre part proviendra d’une émission de téléréalité qui transmettra les aventures des premiers colonisateurs.

L’Homme a toujours cherché à repousser les frontières et les progrès technologiques s’accélèrent. Comme le souligne Olivier Hernandez, la question n’est pas tant de savoir si le projet est réalisable aujourd’hui, mais comment il ferait progresser notre société.

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