Mieux vaut tard que jamais

C’est en mai 1983 que la revue Science publie les travaux de Luc Montagnier et de Françoise Barré-Sinoussi. La découverte du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et l’identification de son mécanisme d’infection des cellules immunitaires leur aura valu, 25 ans plus tard, l’illustre prix nommé en l’honneur d’Alfred Nobel, qui était auteur, scientifique
et pacifiste.

Le scientifique allemand a, pour sa part, relié l’apparition du cancer du col de l’utérus à un virus particulier, le virus du papillome humain (VPH). Ses recherches ont mené à la détection de nouveaux types de virus et à l’avènement, en 2006, d’un vaccin préventif contre le VPH.

La petite histoire derrière la grande découverte du VIH
Avant d’être attribuée à Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi, la découverte du désormais célèbre virus a causé bien des émois. De l’autre côté de l’Atlantique, le professeur américain Robert Charles Gallo, virologue célèbre, clamait haut et fort qu’il était le premier a avoir identifié, en premier, le VIH, le virus responsable du sida. C’est pourquoi il a fallu attendre tout ce temps avant de rendre à César ce qui lui appartient et d’honorer les deux scientifiques d’un Nobel. «À ce moment–là, l’important était de trouver qui avait découvert le virus le premier. Le brevetage des tests diagnostics conçus à l’époque avait de nombreuses répercussions financières», explique Michel J. Tremblay, chercheur au Centre de recherche en infectiologie du CHUL qui travaille lui-même sur le VIH et professeur à l’UL. Cette discorde a duré plusieurs années. Entre 1983 et 1985, le Bureau d’intégrité scientifique des États-Unis a désigné un groupe pour inspecter les souches virales des deux équipes de recherche, qui étaient archivées à Paris et au Nouveau-Mexique. La découverte a finalement été attribuée aux scientifiques français en 1989.

Un virus toujours présent
Depuis la découverte du VIH, plusieurs groupes internationaux ont contribué à la recherche sur le SIDA. En Amérique du Nord, les individus infectés sont traités avec une thérapie combinée. Cela signifie que trois ou quatre médicaments ciblant les différentes phases du développement du virus sont utilisés. Grâce à cette thérapie, on peut maintenant bien contrôler la charge virale.

Malheureusement, quelques limites existent toujours. Puisque le virus est présent dans un état dormeur dans les cellules immunitaires humaines, les individus malades doivent utiliser cette thérapie combinée pour le restant de leur vie. Évidemment, des problèmes de toxicité pharmaceutique et de résistance peuvent se développer. «Il faut comprendre que si un individu est infecté par le VIH à l’âge de 30 ans, il pourrait vivre jusqu’à 80 ans», souligne
M. Tremblay. Il ajoute que: «ce patient devra prendre des médicaments quotidiennement pendant 50 ans. Il est très fréquent de faire état de la toxicité des médicaments ou de la résistance des virus à la trithérapie. À ce moment-là, on change de médicament tout simplement, car plusieurs ont été synthétisés depuis la découverte du VIH». Les travaux menés en laboratoire par Michel J. Tremblay, visent à développer un vaccin contre l’infection du VIH et à modéliser la transmission mère-enfant du virus.

Les Nobels 2008

Le prix Nobel de physique a été remis à trois Japonais: Yoichiro Namby, Makoto Kobayashi et Toshihibe Maskawa pour leurs travaux sur la théorie des interactions nucléaires.
Deux Américains, Roger Tsien et Martin Chalfie, se sont mérités le prix Nobel de chimie pour la découverte de la green fluorescent protein, un des marqueurs les plus utilisés en biologie cellulaire.
C’est Jean-Marie Gustave Le Clezio qui a obtenu le prix Nobel de littérature. Il a entre autres écrit le roman Désert.
Le prix Nobel de la paix a été décerné à l’ancien président finlandais Martti Ahtisaari pour son rôle de médiateur dans de multiples conflits. Il s’est d’ailleurs impliqué au Kosovo comme envoyé spécial des Nations-Unies.
Les prix Nobel sont annuellement remis vers le 10 octobre, date à laquelle Alfred Nobel est décédé. Les récipiendaires se méritent une médaille, un diplôme et un chèque d’une valeur de 1,4 M$ américains.
 

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