Moins d’oxygène pour atteindre de nouveaux sommets

L’entraînement en hypoxie augmente l’endurance et est donc utile pour les athlètes tels les cyclistes, les coureurs et les triathlètes. Mais comment un manque d’oxygène peut-il apporter autant d’avantages? L’oxygène est notre source première d’énergie. Dans un environnement hypoxique, notre corps doit s’adapter pour produire assez d’énergie pour nos besoins, et ce, avec moins d’oxygène. Tout part de l’Hypoxia Inducible Factor-1 (HIF-1), un facteur de transcription. En altitude ou dans un environnement réduit en oxygène, HIF-1 provoque une augmentation de la sécrétion d’érythropoïétine (EPO), une hormone qui stimule la production des globules rouges. Eurêka! Comme les globules rouges sont les transporteurs d’oxygène par excellence, l’hypoxie entraîne, paradoxalement, un transport accru de l’oxygène vers les cellules. L’organisme s’adapte tout simplement à ce stress et trouve des moyens pour assurer sa survie. Mais ce n’est pas tout! Un milieu où l’oxygène est plus rare conduit également HIF-1 à exprimer plus de Vascular Endothelial Growth Factor (VEGF), un facteur de croissance impliqué dans l’angiogénèse, c’est-à-dire, la formation de nouveaux vaisseaux sanguins. Bref, non seulement HIF-1 améliore le transport de l’oxygène, mais il l’accélère en fournissant plus de vaisseaux sanguins, donc plus de routes pour les globules rouges. Ce développement du réseau de capillaires augmente le rendement de l’oxygène dans les tissus, les muscles et le cerveau.

Aujourd’hui, trois méthodes sont utilisées par les athlètes?: dormir en altitude mais s’entraîner au niveau du sol, s’entraîner en altitude mais dormir au niveau du sol et finalement, s’entraîner en hypoxie intermittente. Cette dernière formule consiste à alterner des périodes d’entraînement de trois à cinq minutes dans un environnement constitué de 9 à 10 % d’oxygène avec des périodes de deux à cinq minutes à l’air ambiant, qui est composé de 20 % d’oxygène. Il semblerait que la meilleure pratique soit la première. Il serait donc préférable de vivre à une altitude de 2100-2500 mètres (ou à une altitude simulée), environ 12 heures par jour pendant trois semaines et de s’entraîner dans un environnement où la concentration en oxygène est normale.

Peu importe la méthode, cette pratique est-elle dangereuse? Qui pense EPO pense Geneviève Jeanson et dopage, n’est-ce pas? Chez un individu normal, on retrouve environ 37 % de globules rouges dans le sang, si c’est une femme ou 42 % si c’est un homme. En augmentant la sécrétion d’EPO, que ce soit par l’hypoxie ou par la prise d’EPO synthétique, on augmente le taux de globules rouges. Le sang devient donc plus épais, plus visqueux et le cœur doit pomper plus fort. De plus, les athlètes ont habituellement une fréquence cardiaque plutôt basse: le sang peut stagner dans les veines. Il y a donc des risques de thrombose ou d’accident cardiovasculaire. La limite à ne pas dépasser est de 47 % chez les femmes et de 50 % chez les hommes.

L’entraînement en hypoxie n’est pas mauvais en soi. Les résultats sont même impressionnants. Plusieurs athlètes entreprennent d’ailleurs des stages d’entraînement en altitude afin d’améliorer leur endurance. Des études démontrent également qu’une meilleure connaissance d’HIF-1 pourrait être utile dans la prévention des cancers et de l’Alzheimer ainsi que dans le retardement du processus de vieillissement.
 

Consulter le magazine