N’entre pas qui veut au mont Olympe

 

Le désir de remporter LA médaille d’or mène parfois certains athlètes de haut

niveau à se laisser tenter par l’utilisation de substances dopantes. Pas moins

de 4500 tests anti-dopages ont été effectués lors des derniers Jeux de Pékin.

Sur ce lot, près de 40 athlètes se sont vus disqualifés de la célèbre compétition

sportive.

Photo: SXC.HU

«Je promets que nous prendrons part à ces Jeux Olympiques en respectant et suivant les règles qui les régissent». Ainsi s’énonce le serment olympique, prononcé depuis 1896 par les athlètes lors des JO. Malheureusement, le désir de performance l’aura brisé: comment se fait-il qu’on recense autant de cas de dopage depuis l’ouverture du village olympique? Près de 4500 tests anti-dopage ont été effectués depuis le 27 juillet. Le but de cette traque? Détecter les produits dopants utilisés par certains athlètes. Le verdict est décevant?: près de 40 cas de dopage on été estimés, au grand dam du public.

Quand le désir de briller corrompt le sport
«Faut-il préférer des gagnants drogués aux compétiteurs honnêtes?», s’insurge Alexandre Reuben, ancien joueur de hockey pour les Remparts de Québec et étudiant à la maîtrise en sciences biomédicales à l’Hôpital Notre-Dame à Montréal. «Autant, je peux m’en vouloir longtemps quand je perds, je m’en voudrais pas mal plus si je gagnais de cette manière», ajoute Monsieur Reuben.

Interrogé sur les motifs des athlètes testés positivement pour des substances dopantes, Maximilian Léger, kinésiologue et athlète national universitaire, suggère?qu’«avec des entraînements de 35 à 40 heures par semaine en natation, le corps a peu de temps pour récupérer. S’y ajoutent les blessures aux articulations et aux tendons. Plusieurs athlètes sont alors tentés par les substances dopantes bannies par la WAMA.» Il ajoute?: «La compétition dans le cadre des JO est un enjeu politique pour montrer la suprématie d’un pays face à un autre. Une médaille gagnée représente une source de financement, des commandites ou une popularité».

À chaque sport, sa «dope»

Diverses substances dopantes sont recensées à l’issu des tests de dépistage chez les athlètes. On retrouve principalement les stéroïdes androgènes anabolisants (SAA) dans les disciplines sportives telles que l’haltérophilie ou l’athlétisme. Parmi les SAA, on retrouve la testostérone, la methyltestostérone et les hormones de croissance recombinantes. Ces substances peuvent être administrées par voie orale, transdermique ou par injection intramusculaire. Le 16 août dernier, la médaille d’argent de l’ukrainienne Lyudmila Blonska a été retirée, après avoir été disqualifiée de l’heptathlon suite à l’annonce de la détection de methyltestostérone dans les urines.

Aussi, le dopage à l’érythropoïétine (EPO) est très fréquent chez les athlètes d’endurance?: elle permet d’augmenter la production de globules rouges par la moelle osseuse et favorise par conséquent une meilleure oxygénation.

Les sympathomimétiques tels que les amphétamines, la cocaïne et la surdose de caféine permettent d’augmenter la vigilance. On peut aussi citer les diurétiques tels que la spironolactone permettant de perdre du poids, en favorisant l’élimination d’une quantité importante de liquide par voie urinaire. Afin de supprimer la douleur, la prise de glucocorticoïdes, de morphine ou de narcotiques est fréquente.

À partir d’urine, de sang, de salive ou de cheveux, une batterie de tests peut être effectuée afin de dépister les drogues. Des tests biochimiques sont ensuite mis en œuvre. La détection des drogues est effectuée grâce à des appareils spécialisés.

Masquer la substance dopante
Les diurétiques, l’épitestostérone et les succédanés de plasma sont les agents masquants les plus utilisés. Alexandre Charbonneau, stagiaire post-doctoral au CHUL et membre votant du conseil d’administration du Centre des règlements des différends sportifs du Canada (CRDSC), explique qu’il est bel est bien possible de camoufler l’utilisation de substances dopantes?: «L’épitestostérone, par exemple, sert à masquer les stéroïdes androgènes anabolisants. En fait, la testostérone et l’épitestostérone sont deux hormones stéroïdes naturellement présentes dans le corps de l’homme dans un rapport d’environ 1:1. Or, lorsque vous utilisez un stéroïde, vous augmentez ce ratio à 3?:1, 5?:1, 7?:1. À ces ratios vous êtes coupables, comme Floyd Landis avec un ratio de 11:1 lors du Tour de France en 2007! Par contre si vous vous injectez de l’épitestostérone, vous rétablissez ce ratio à 1:1. Le verdict?: non-coupable!»

Le dopage génétique?: réalité ou chimère?
Les progrès récents en biologie cellulaire et moléculaire ont permis de repousser bien des limites. Les méthodes de transfert de gènes utilisées en thérapie génique dans le but de trouver des traitements pour des maladies génétiques pourraient-elles être détournées à des fins mercantiles? Rien ne peut être confirmé à ce stade. Alexandre Charbonneau préfère ne pas se prononcer?: «Lorsque je verrai cette technique implantée efficacement chez l’homme je pourrai dire que c’est possible chez l’athlète. Mais la thérapie génique chez l’homme n’a pas encore donné les
résultats escomptés.»

Par ailleurs, le projet américain GENEATHLETE a recensé les séquences d’ADN de 300 athlètes de calibre olympique?: existera-t-il bientôt des versions injectables de vaccins génétiques permettant l’augmentation de la masse musculaire? Les Jeux de Vancouver 2010 nous en apprendront peut-être davantage sur le sujet.

 

Consulter le magazine