C’est au Salon de l’auto, dans la Zone verte, que j’ai découvert le kiosque de Formule SAE. En discutant avec l’un des membres clés du projet, Simon Paradis, il m’est apparu que plus qu’un simple projet étudiant [...]

De projet étudiant à petite entreprise

C’est au Salon de l’auto, dans la Zone verte, que j’ai découvert le kiosque de Formule SAE. En discutant avec l’un des membres clés du projet, Simon Paradis, il m’est apparu que plus qu’un simple projet étudiant, l’équipe de Formule SAE, qui s’applique à la conception d’une voiture de course monoplace apte à la compétition, est une véritable petite entreprise gérée et soutenue presque exclusivement par ses membres.

Camille Allard

L’équipe pour la voiture

Courtoisie : Formule SAE Université Laval
Courtoisie : Formule SAE Université Laval

Formule SAE, avant d’être une voiture, est une équipe constituée d’une quarantaine de membres. Si certains vont et viennent au fil des sessions, un noyau fidèle d’une vingtaine de personnes travaille cependant tout au long de l’année à la réalisation et à l’amélioration d’une petite voiture de course. Responsable de la CAO et de la fabrication, Simon Paradis, qui m’a accordé une entrevue, est l’un des piliers de l’équipe. « Ils doivent me trouver tannant », déclare celui qui insiste sur la réduction de la masse de chaque pièce auprès de tous les membres de l’équipe.

En effet, cinq groupes distincts s’acharnent à la conception du projet étudiant et tous corroborent dans le même sens : créer la voiture la plus légère possible. Ces groupes sont composés d’étudiants provenant de différentes branches du programme en génie et se déclinent ainsi : ELC, AEO, MTP, HER et CSC. Appuyés par une Direction générale et un groupe Finances, l’équipe est en affaire !

Car pour faire la conception d’un projet étudiant d’une telle envergure, Formule SAE n’a d’autres choix que de se lancer à la recherche de commanditaires. Elle en compte actuellement une trentaine, d’importances variées, toutes abordées à l’initiative des membres eux-mêmes. Si l’Université Laval constitue le partenaire principal du projet étudiant, fournissant une subvention subséquente ainsi qu’un accès quasi illimité aux locaux nécessaires au groupe, Lasertech est le second. C’est cette entreprise qui a permis la découpe des tubes de la voiture ainsi que la découpe de pièces « sheet metal », véritable origami avec du métal ! Ce processus est beaucoup moins dispendieux que les procédés traditionnels, tel le fraisage et le tournage.

Heureusement que Formule SAE peut compter sur certaines commandites, lorsqu’on considère que son projet de l’année, les « bearings » de roue, a coûté au-dessus de trois mille dollars. Si l’on ajoute qu’annuellement, l’équipe a également besoin d’entre cinq mille et six mille dollars de pneus – puisqu’elle nécessite deux « sets » par compétition – des économies doivent se faire là où c’est possible. Non seulement le budget est-il géré par l’équipe même ( bien que supervisée par l’université ), Formule SAE doit également prendre en main tout ce qui a trait aux compétitions auxquelles elle participe : documents d’inscription, recherche et organisation d’évènements, déplacements…

Les compétitions

Tout cela en vue de participer à de nombreuses courses opposant les équipes de différentes universités à travers le monde ! D’où l’importance attribuée à la réduction de la masse par Simon Paradis. Déjà, la diminution de 7 % de la masse totale des pneus est de bon augure.

Afin de réduire la masse de la plupart des pièces, c’est 90 % de la voiture qui a été refaite. Parmi les composantes réutilisées, le filage. Il constitue à présent une boîte à relais qui permet de créer un système de changement de vitesse séquentiel. Aucun capteur n’a cependant été ajouté au filage. « On a une voiture instrumentée », me dit pourtant Simon, soulignant qu’elle compte plus d’une dizaine de milliers de dollars en instruments visant à calculer ou à améliorer ses performances.

Ces améliorations visent à « battre tout le monde », plaisante Simon, avant de reprendre son sérieux. En effet, la petite voiture de course se lancera sur la piste du Michigan International Speedway, du 8 au 12 mai prochain, pour se frotter à d’autres bolides universitaires. Il s’agit d’une compétition internationale. Au programme, quatre épreuves. La première en est une d’accélération sur un segment de piste de 75 mètres. La seconde, une épreuve de skid-pad, un circuit en huit, qui devra être répétée deux fois, sans changement de pilote. La troisième épreuve se déroule en circuit ouvert et s’appelle l’autocross. Elle permet la qualification des équipes à la dernière épreuve : l’endurance. Cette dernière consiste en une course de vingt-deux kilomètres, entrecoupée d’un seul changement de pilote, sans arrêt permis pour réparation.

Après cette course en territoire états-unien, l’équipe de Formule SAE se déplacera à Barrie, en banlieue de Toronto, du 23 au 26 mai, pour une autre compétition. Il s’agira de la première présence de l’équipe à ces épreuves, regroupant cette fois des
universités canadiennes.

Suivront deux autres évènements : une compétition amicale en juin, à Grand-Mère, ainsi que le U of T Toronto Shoot out à la fin du mois de septembre.

Objectifs

Il va sans dire que l’évènement le plus important demeure le Michigan International Speedway. L’équipe vise d’ailleurs le top dix dans l’ensemble des épreuves, mis à part celle de l’accélération. Formule SAE y vise la première place et le responsable du groupe motopropulsion, Miguel Robichaud, semble optimiste quant aux chances du petit bolide.

Outre cet objectif global, Formule SAE souhaite augmenter le temps de pratique de ses pilotes, et donc le nombre de sorties de la voiture d’ici la première compétition. L’équipe espère également réduire la masse de la voiture monoplace, l’alléger par sa conception et son design.

C’est au retour de la Michigan International Speedway que nous serons en mesure de connaître les performances 2013 du bolide de l’association étudiante Formule SAE. De projet étudiant à petite entreprise, l’équipe a fait du chemin et ne semble pas au bout de sa route.

Le journal vous tiendra au courant des prochains évènements et des sorties à venir de la voiture.

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