Point sur la recherche : Le sommeil et l’«ObézzZzzzzité»

Angelo Tremblay, professeur de physiologie et nutrition à l’Université Laval depuis 1976, est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en environnement et bilan énergétique. Il étudie notamment les liens entre le temps que l’on passe dans notre lit et nos kilos en trop.

Laurence Bombardier-Cauffopé

Auteur de Prenez le contrôle de votre appétit…et de votre poids et de plusieurs centaines d’articles scientifiques, le professeur Angelo Tremblay a permis à l’Université Laval d’être reconnue mondialement quant au domaine de la recherche sur l’obésité. Depuis plus de trente ans, il se penche sur la question de l’obésité et de ses facteurs prédisposants. Présentement, il s’intéresse à la durée et à la qualité du sommeil qui auraient un impact sur les risques de surcharge pondérale.

Par le passé, on a démontré qu’une alimentation restreinte en calories combinée à une augmentation de la dépense énergétique par le biais de l’activité physique contribue à la perte de poids et à la réduction des risques associés à un excès de gras. Cependant, même si l’on croit que la sédentarité et une mauvaise alimentation sont les principaux coupables de l’obésité, il ne faut pas sous-estimer le rôle du manque de sommeil dans l’équation.

Selon un article du professeur Tremblay, paru dans l’International Journal of Obesity, une durée de sommeil insuffisante serait un indicateur plus fiable que la sédentarité ou d’autres marqueurs pour prévoir le risque de prise de poids corporel. Le petit dormeur est donc désavantagé et ce, peu importe son âge ou son sexe.

En outre, ses études ont aussi démontré que le manque de sommeil avait une influence sur la hausse du poids corporel, particulièrement chez les garçons. Ainsi, le Dr Tremblay a pu étudier les données recueillies lors du sondage effectué à Trois-Rivières dans le cadre de «Québec en forme», projet provincial de sensibilisation à la prise de bonnes habitudes vie. Le professeur a pu évaluer les habitudes de vie chez les familles pour en tirer les conclusions précédemment évoquées.

Par ailleurs, en se basant sur les données provenant de l’Étude des familles de Québec (plus de 2000 membres provenant de 475 familles) constituée à l’Université Laval en 1978 par Angelo Tremblay et Claude Bouchard, on peut étudier l’effet de la génétique et de l’environnement sur l’augmentation de la masse corporelle. En effectuant un suivi s’échelonnant sur six ans, le Dr Tremblay a réussi à démontrer qu’un petit dormeur a plus de risque de développer un diabète.

En fait, le manque de sommeil contribue à l’augmentation de la résistance à l’insuline (hormone pancréatique dont le rôle est notamment de diminuer le taux de sucre dans le sang). En effectuant un test de tolérance au glucose, on observe chez le petit dormeur une glycémie (taux de glucose dans le sang) plus élevé durant les deux premières heures et une hypoglycémie très marquée, c’est-à-dire sous la valeur glycémique de base, après trois heures. «Pour se préserver du diabète, il faudrait maintenir sa glycémie dans une fourchette de valeurs pas trop extrêmes.»

Le Dr Tremblay recommande fortement aux étudiants de ne pas couper de façon chronique sur leur temps de sommeil afin de boucler leur agenda bien rempli. «Il faut essayer de donner au corps le temps de sommeil dont il a besoin pour récupérer.» Il nous encourage donc à commencer à travailler nos cours dès le début de la session pour éviter les «rush». «Il faut également s’approprier de saines habitudes de vie. Avant, on disait mangez bien, bougez bien. Maintenant, on dit aussi dormez bien !»

À venir au courant de l’année 2013, les recherches du Dr Tremblay sur le lien entre le sommeil et la consommation d’alcool chez l’adulte…

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