Thèse en bref : Le BDSM dans l’optique de la normativité sexuelle

Caroline Déry, étudiante à la maîtrise en sociologie de l’Université Laval, s’intéresse au vécu de praticiens de BDSM par rapport au regard des autres.

La sociologie est un champ d’étude large qui s’intéresse à des facettes variées de notre vie en société. De ces nombreux sujets découlent des projets de recherche surprenants aux yeux de plusieurs. Parmi ceux-ci, celui d’une étudiante de l’Université Laval sur la normativité sexuelle au sein d’une communauté de personnes pratiquant le BDSM (Bondage et Discipline [BD], Domination et Soumission [DS] et Sadomasochisme [SM]).

Le choix de sujet de Caroline Déry prend racine dans son intérêt marqué pour les dynamiques du pouvoir. De manière intéressante, dans la pratique du BDSM,  la domination et la soumission sont explicites chez les praticiens. Qui plus est, ces derniers jouent avec ces symboliques consciemment. Ainsi, « on n’est plus dans le rapport invisible entre deux personnes, mais plutôt dans l’explicite », explique l’étudiante à la maîtrise en sociologie.

Le BDSM, une affaire privée

Dans l’optique de la normativité sexuelle, Caroline Déry s’est intéressée au vécu de praticiens de BDSM par rapport au regard des autres. Cependant, la conclusion qu’elle en fait à la suite de la rencontre de quinze membres de cette communauté est que, « platement », ce regard n’existe presque pas.

C’est que la pratique BDSM s’est réfugiée dans la sphère privée. Le développement de réseaux sociaux par l’entremise d’Internet permet aux membres de la communauté de se retrouver facilement. De plus, il n’y a pas réellement de coming out, à un conjoint ou à son cercle social, puisque ces réseaux permettent de faire des rencontres avec d’autres praticiens. Et puis, on ne parle pas à tous de ce qui se passe dans notre chambre à coucher !

Une pratique marginale ?

Le BDSM est un sujet à la mode, comme en fait foi la grande popularité de la série de livres Cinquante nuances de Grey et du film éponyme. Pourtant, la marginalité dans laquelle baigne la communauté BDSM va à l’encontre de ce phénomène. Caroline Déry le fait remarquer : il y a là un paradoxe qui complexifie grandement ses propres travaux.

D’ailleurs, ce paradoxe se ressent aussi dans la consommation massive de la pornographie. Certes, il y a plusieurs sortes de pornographie, mais la relation de domination, tout comme la violence, sont récurrentes à travers les différents genres. La ligne devient ainsi floue entre une communauté qui porte l’étiquette de sadomasochiste et les consommateurs de pornographie qui consomment effectivement implicitement ce genre de pratiques.

Le projet de recherche de Caroline Déry porte ainsi sur les perceptions que les adeptes de BDSM ont de leur pratique. Elle s’intéresse notamment à la distinction de ces vues entre les praticiens de la « vieille école » et ceux du courant récent.

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