Le transhumanisme : Perfectionner l’être humain

Lors de la conférence « Jusqu’où repousser les limites du corps humain? » organisée par la Chaire publique ÆLIES, Céline Lafontaine, auteure et professeure au département de sociologie de l’Université de Montréal, était présente pour livrer un discours captivant sur sa réflexion approfondie au sujet du transhumanisme.

Jonathan Baronet

@JonathanBaronet

Mme Lafontaine a introduit sa perspective en la décrivant comme plus sociologique et politique. Dans le transhumanisme, on parle d’adapter l’être humain à une logique de performance et de productivité.

Il y a par exemple dans la cybernétique, la notion de créer une machine intelligente qui serait moins faillible, et qui serait plus performante. C’est cette machine qui est utilisée comme une mesure à partir de laquelle on essaie de comprendre l’être humain.

Le transhumanisme est une logique d’adaptation, de culture de la performance, de prise constante de médicaments afin de s’adapter. La philosophie du transhumanisme est de voir l’être humain comme handicap.

C’est penser que le corps humain doit être amélioré parce qu’il est défaillant. C’est le cas lorsqu’on observe la nanomédecine, ainsi que plusieurs recherches en robotique et en prothétique. On y utilise souvent la figure du handicapé.

Nous sommes dans cette idée de l’homme handicapé qui deviendra plus performant. Nous devenons obligés de nous modifier chimiquement afin de nous adapter à la réalité d’un monde avançant dans une logique de productivité économique.

Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans une logique de globalisation de la recherche biomédicale. La vie devient pour nous une nouvelle source de productivité économique. Parmi ces nouvelles sources de productivité économique, il y a les gènes et le corps humain qui sont matière première de cette économie.

Dans l’amélioration de la santé, Mme Lafontaine voit  des dangers importants pour les conditions sociales. La logique d’innovation technologique est en contradiction avec la logique de santé publique. En effet, elle produit une capitalisation du corps humain, entre autres dans la nanomédecine et dans la médecine régénératrice.

Par exemple, les ovules sont une valeur économique dans la médecine régénératrice. La stimulation ovarienne et la production industrielle des ovules ont des conséquences directes sur la santé. C’est le cas des femmes indiennes qui fournissent une grande partie des cellules souches qui sont utilisées.

Lorsqu’on est dans une logique d’immortalité, il est impossible d’être à la fois dans des logiques sociales et environnementales. Mme Lafontaine a conclu son discours en lançant la question : « Comment arriver à penser les limites de notre propre biosphère, lorsque nous n’arrivons pas à penser les limites de notre propre biologie? ».

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