ULaval Racing : Un mois à fond la caisse

Prix du meilleur véhicule fait maison et du meilleur nouvel arrivant, quatrième position à la Formula Student Hungary, mention spéciale pour le système de refroidissement du moteur le plus novateur : le récent séjour européen d’ULaval Racing a été couronné de succès. Retour sur un mois faste. Et furieux.

En débarquant à Stuttgart à la fin du mois de juillet pour participer à la Formula Student Germany, la plus grosse compétition de Formule SAE (Society of Automotive Engineers) au monde, c’était un pari énorme qu’ULaval Racing s’apprêtait à relever. À sa première année dans la catégorie électrique, l’équipe de Formule SAE de l’Université Laval avait décidé de développer et de fabriquer l’ensemble de son bolide. Coût total de l’opération : 175 000 $, sans compter les investissements personnels faits par la vingtaine de membres de l’équipe pour passer un mois complet en Europe.

Comble du malheur, leur entrée en matière a été pour le moins laborieuse. « Les juges ont aimé que nous ayons conçu 100 % de la voiture même s’ils ne croyaient pas trop en notre succès. Malheureusement, ils ont eu raison puisque le moteur a sauté lors de la compétition », raconte en riant Pierre-Olivier Cimon, le nouveau directeur de l’électrique d’ULaval Racing. Incapable de participer aux épreuves dynamiques, dont l’Endurance qui compte pour le tiers des points totaux, l’équipe a dû se contenter d’une 25e position sur 40.

Une sévère déconvenue pour l’équipe ? « Non, tranche Samuel Girard, directeur d’équipe d’ULaval Racing. Au contraire : cela nous a motivés à mettre les bouchées doubles afin de remettre le moteur sur pied. » Plusieurs nuits blanches plus tard – ULaval Racing se spécialise dans ces dernières –, le problème est réglé. Serrée dans les délais, l’équipe n’a toutefois pas le temps de mettre ses réparations à l’épreuve avant sa prochaine compétition, la Formula Student Austria.

Ulaval Racing - Courtoisie ULaval Racing -1
Courtoisie ULaval Racing

« On s’attendait à ce que le moteur saute encore ! Tu nous aurais demandé notre avis la veille du début de la compétition et on n’aurait pas donné très cher de notre peau », se souvient Pierre-Olivier. Contrairement à leurs attentes, leur voiture tient la route autour du Red Bull Ring de Spielberg. Mieux encore : elle participe à toutes les épreuves et décroche la deuxième position pour la meilleure efficacité énergétique, en plus de recevoir le prix du système de refroidissement moteur le plus novateur !

Et ce n’était qu’un prélude aux succès futurs de l’équipe. Car, à son troisième et dernière compétition de l’été en sol européen, la Formula Student Hungary, les membres d’ULaval Racing connaissent leurs meilleurs résultats à vie. Toutefois, comme une mésaventure ne survient jamais deux fois sans se répéter une troisième, un obstacle allait encore une fois entraver leur route. « Lors de l’inspection de l’étanchéité du véhicule, de l’eau s’est infiltrée dans la batterie. On vous laisse imaginer ce qu’a causé le mélange du courant et de l’eau… », dit Pierre-Olivier.

Une (autre) nuit blanche plus tard, et non sans l’aide de plusieurs rouleaux d’essuie-tout et d’un séchoir à cheveux, la voiture est de retour sur piste. En fin de compte, ULaval Racing termine quatrième au classement général, son meilleur résultat de l’été. Mieux encore, elle glane au passage la deuxième position pour le design et pour l’efficacité énergétique ainsi que les prix spéciaux du meilleur véhicule construit maison (best self-made car) et du meilleur nouvel arrivant (best newcomer). Comme le dit Samuel : « Le diamant brut qu’on avait peaufiné tout l’été était maintenant parfaitement poli ».

Deux semaines après ce qu’ils qualifient de « gros accomplissement », les têtes dirigeantes d’ULaval Racing posent maintenant leur regard sur l’année à venir. Au menu : un retour à la catégorie combustion, une catégorie que l’équipe lavalloise dominait avant son passage à l’électrique l’année passée. « Notre objectif est de participer à la Coupe Michigan, à Détroit, d’ici quelques mois. Cette dernière est la plus grosse compétition à essence au monde », explique Samuel. Selon lui, le transfert de connaissances rend le passage d’une catégorie à l’autre particulièrement laborieuse.

D’ici là, on devine que plusieurs autres nuits blanches seront au programme d’ULaval Racing.


La Formule SAE en bref

  • Chaque équipe est notée sur 1000 points. La voiture est évaluée selon les résultats qu’elle obtient lors des huit épreuves d’une compétition.
  • Il existe deux classements distincts en compétition : celui des épreuves statiques (1/3 des points) et celui d’épreuves dynamiques (2/3 des points).
  • Lors des disciplines statiques, l’équipe doit présenter un plan d’affaires monté préalablement, défendre le design de la voiture et fournir un rapport détaillé des coûts.
  • Les épreuves dynamiques sont celles de conduite automobile. L’accélération, la consommation d’essence et l’endurance sont entre autres évaluées.
  • Une compétition dure plusieurs journées et regroupe de 40 (électrique) à 75 (combustion) équipes.

Projet immense cherche talents considérables

« Nous, nous sommes des ingénieurs à la base. On se débrouille pas mal avec l’argent, mais je suis convaincu que des étudiants en administration seraient pas mal meilleurs que nous pour le gérer ! », s’exclame Pierre-Olivier Cimon.

De son propre aveu, l’immensité du projet ULaval Racing dépasse largement les compétences de ses membres actuels, d’autant plus que plusieurs viennent de quitter le bateau. Et que la majorité est issue des facultés de génie.

C’est pourquoi ULaval Racing recherche activement des étudiants issus de l’ensemble des facultés de l’Université Laval. Seul prérequis : aimer les défis. « T’as même pas besoin de triper voiture !, soutient Samuel Girard. Tu peux conduire une Prius et tout de même y trouver ton compte. »

Intéressés(es) ? Présentez-vous jeudi 16 septembre prochain à 12 h 30 au pavillon Pouliot, local 2548, pour une séance d’information d’une durée d’une heure. Des questions ? Écrivez au formulesae@gmc.ulaval.ca


L’antichambre de Tesla Motors

Pierre-Olivier Cimon ne s’en cache même pas : la Formule SAE est un excellent moyen de se faire voir par de potentiels employeurs. « Les membres d’ULaval Racing reçoivent beaucoup d’offres d’emploi et de stages. Les compagnies d’ingénierie envoient régulièrement du monde pour nous évaluer », explique-t-il.

Plus qu’une application pratique de ce qui est vu dans les cours, la Formule SAE permet d’être confronté aux contraintes techniques et monétaires inhérentes à ce genre de projet, où plusieurs professionnels travaillent de concert. Autrement dit, c’est une initiation à la « vraie » vie.

En fait, certaines compagnies, comme Tesla Motors, écartent certaines candidatures si ces dernières n’y ont pas pris part ! « Un des nôtres, qui a beaucoup travaillé sur la voiture électrique, a d’ailleurs été recruté récemment par Tesla parce qu’un des leurs l’a vu à l’œuvre », souligne Pierre-Olivier.

À bons entendeurs.

Consulter le magazine