Photo : Alice Beaubien

Colloque étudiant féministe : Plaidoyer pour la transparence des savoirs

Dire que le colloque étudiant féministe de cette année a été un succès serait un euphémisme. Le haut taux de participation ainsi que l‘intérêt des présentations y sont certainement pour quelque chose. Une grande diversité de perspectives, davis et dâges y était réunie 

L’attention des personnes présentes n’a d’ailleurs failli en aucun cas, et ce, grâce aux conférenciers et conférencières qui ont su tous et toutes se démarquer à leur manière. Le menu de cette journée a été élaboré avec soins : comme promis, une grande diversité des sujets et surtout, des convergences.  

L’audience a donc pu assister avec joie à des conférences sur des sujets tels que le colorisme, le roller derby, la résistance chez les serveuses féministes ou encore l’utilisation des corps dans les actions directes.  

L’opacité des universités 

D’ailleurs, cette dernière conférence a suscité beaucoup d’émoi dans la salle, et ce, de différentes façons. Une des réflexions mise de l’avant par la conférencière, Élise Vaillancourt, était que les savoirs ne sont pas suffisamment accessibles au reste de la population hors des institutions. Ainsi, les universités seraient trop hermétiques et ne permettraient en aucun cas au reste du monde de réellement accéder à ce qui est réfléchi et créé par une élite minoritaire, qui se targue de représenter le plus grand nombre.  

Repenser les universités, mieux vulgariser sans pour autant dénaturer ou essentialiser les propos et les savoirs ou encore, tout détruire pour mieux reconstruire. Toutes ces avenues ont été proposées afin de rendre plus accessible ce nuage condescendant qui flotte au-dessus d’un spectre infantilisé de la population non-universitaire. 

Élise Vaillancourt en a donc secoué plusieurs avec ses paroles franches et directes, et a alimenté de nombreuses conversations hors colloque. Beaucoup de questions lui ont été posées sur la personne qu’elle est, sur sa méthodologie mais aussi sur des sujets qu’elle avait abordé rapidement telle que l’action directe.  

Ces questions en disent long sur ce qui manque certainement aux universitaires : du savoir qui ne vient pas des universités.   

La présentation donne l’idée qu’il pourrait être intéressant d’ouvrir les frontières universitaires et de faire entrer d’autres participant(e)s ainsi que d’autres conférencier(ère)s dans le colloque. La pluralité déjà présente, pourrait être encore plus réelle.  

Un évènement pertinent 

La gratuité du colloque semble un défi de taille, considérant le nombre de participant(e)s à sustenter autant mentalement que physiquement (par de la nourriture et des breuvages bien sûr). Le nombre de questions posées par les personnes présentes était tout de même impressionnant.  

La fin de la journée s’est solvée par un généreux vin et fromage et une performance touchante du collectif RAMEN et de leur invitée spéciale.  

Dans l’ensemble, il pourrait être pertinent d’organiser un événement du genre plus qu’une fois par année. Il permet sans doute de remettre les pieds sur terre, de réaliser que l’égalité est encore bien loin d’avoir été atteinte, que des luttes sont à venir et que des personnes sont encore prêtes à se battre. Un événement comme celui-là donne aussi l’occasion de diffuser des savoirs (du moins au sein même de l’Université), mais permet surtout aux gens de faire des liens, de se parler.  

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