Photo : Courtoisie Facebook Eugénie Paradis-Charette

La communauté étudiante dénonce les affiches d’Atalante

Des affiches du groupe d’extrême droite Atalante, apposées le 6 septembre dernier sur le campus, ont suscité de vives réactions dans la communauté universitaire. Des étudiants et des étudiantes, de même que la rectrice Sophie D’Amours, ont tour à tour dénoncé leur action de visibilité.

En collaboration avec Henri Ouellette-Vézina

« L’Université Laval n’autorise ou ne tolère pas la présence d’affiches de recrutement de groupes d’extrême droite sur son campus, a rapidement déclaré l’administration universitaire. Cela est contraire à ses valeurs fondamentales de respect de la diversité, d’ouverture au dialogue et d’inclusion. »

Le groupe Atalante Québec se présente sur sa plateforme web comme « un club de lecture », et « un service d’entraide », qui organise des voyages et des activités culturelles et sportives. « Militants identitaires nationalistes », ils multiplient les actions de visibilité contre l’immigration et, surtout, contre le « carcan idéologique de la gauche répressive et des néolibéraux ». Le groupe se positionne ainsi contre la mondialisation, à la base de la « négation identitaire ».

Plus qu’un club de lecture

Sur les affiches apposées à l’arrêt d’autobus situé près du pavillon Abitibi-Price, ainsi qu’à l’intérieur des pavillons Ferdinand-Vandry et Agathe-Lacerte, on pouvait lire « la gauche étouffe le débat, non au marxisme culturel sur les campus ». Le « marxisme culturel » est une idée qui circule dans les milieux d’extrême droite partout dans le monde et qui réfère à une théorie du complot selon laquelle le multiculturalisme et le politiquement correct menacent les sociétés occidentales, et qu’ils sont le produit de l’influence de l’école de Francfort et des groupes de gauche dans les milieux universitaires.

« La propagande néo-fasciste qu’Atalante a posée sur notre campus n’est rien de plus qu’une provocation dirigée vers les groupes marxistes de l’université et une incitation à la haine et la division, a déclaré le groupe Étudiant-e-s socialistes Québec. Il est d’ailleurs de notre devoir à nous, la communauté universitaire, de ne pas tolérer ce genre de discours, de s’unir pour combattre ce genre d’idées nauséabondes. »

Les Étudiant-e-s socialistes de Québec constituent un regroupement démocratique de militant et de militantes des campus universitaires et collégiaux de la ville de Québec qui organise différentes campagnes de mobilisation, manifestation et conférences « pour un changement socialiste de la société », peut-on lire via leur plateforme web.

Commentant son action de visibilité, Atalante affirmait sur les médias sociaux que les universités, « ces lieux supposés de débat d’idées et de réflexions, sont devenues des bastions de la pensée unique contaminée au marxisme culturel », critiquant au passage « la stasi estudiantine » et les professeurs qu’on accuse « d’utiliser leur poste privilégié pour propager leur agenda politique et faire régner une ambiance d’autocensure ».

L’Université restera vigilante

L’administration universitaire a par ailleurs rappelé être vigilante à l’égard de ce type de propagande, et que seules les associations reconnues par l’Université peuvent faire de l’affichage sur le campus, conformément au règlement concernant la vente, la distribution, la sollicitation et l’affichage à l’Université Laval. « Aucune permission n’a été donnée à un tel groupe. Également, en fonction du même règlement, la distribution de tracts, de dépliants ou de feuillets publicitaires est interdite dans les lieux universitaires, outre pour les associations étudiantes agréées et reconnues », ajoute l’équipe administrative.

Les affiches ont finalement été retirées par des agents sur Service de prévention et de sécurité de l’Université Laval (SSP), à partir du moment où elles ont été dénoncées par la communauté étudiante.

Une lettre ouverte, disponible en complément de l’article, a rapidement été écrite par 80 membres de la communauté universitaires à l’endroit de la rectrice Sophie D’Amours, qui a finalement personnellement répondu, aussi dans une lettre. Elle rappelle d’ailleurs que l’Université Laval est « ouverte sur le monde » avec une population étudiante provenant « de plus de 120 pays ».

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