Élections municipales 2017 : Dépasser un horizon électoraliste

Affirmant qu’« au moins le quart des personnes à Québec » partage les idées de son parti, le chef d’Option Capitale-Nationale, Nicolas Lavigne-Lefebvre regarde déjà vers l’avenir. Écologiste, progressiste et indépendantiste, la jeune formation politique entend faire connaitre son projet de société pour accéder à la mairie à moyen terme.

 « En 2021, je vais être candidat à la mairie, affirme d’entrée de jeu Nicolas. Le parti va certainement présenter beaucoup plus de femmes afin d’avoir la parité. On voit cela à long-terme. À Québec, on a besoin de stabilité. L’objectif est de présenter un maximum de gens, d’en faire élire, et d’éventuellement prendre la mairie dans 4 ans. »

Loin derrière Équipe Labeaume, Québec 21 et Démocratie Québec dans les intentions de votes au lancement de la campagne, Option Capitale-Nationale demeure confiant quant à sa pertinence dans le paysage politique de la ville, notamment en raison d’un vide à combler, particulièrement au palier municipal.

« Tu regardes le contexte politique et tu te dis : ça ne se peut pas qu’il n’y ait pas de parti qui soit à gauche, soutient-il. […] Il y a une belle opportunité de démocratiser beaucoup la politique municipale, de créer une forte solidarité autour de ça, de fonder une société politique. »

Conscient de ses chances relativement limitées de prendre le pouvoir le 5 novembre prochain, Nicolas espère continuer de voir des idées proposées par son parti être reprises par l’administration municipale, même s’il se méfie des promesses du maire sortant. « [Régis Labeaume] sent qu’il y a un vide à gauche, mais c’est aussi parce que notre parti amène ce genre d’idées et pose des questions au conseil municipal. Il ne veut pas perdre la mairie. »

« Un maire qui demande ce qu’une personne qui vient de recevoir un fumigène faisait si près des policiers, ce n’est pas progressiste. Et il ne le sera pas plus au cours des quatre prochaines années. »

Pour cette élection, l’objectif est de faire voter les jeunes. « Les gens ne savent pas qu’ils peuvent voter, déplore-t-il. Si tu as habité à Québec une journée entre le 1er septembre 2016 et aujourd’hui, tu peux voter. » Il est possible de s’inscrire sur la liste électorale de la Ville de Québec en ligne sur le portail Info-électeur.

Des idées rafraichissantes

Option Capitale-Nationale entend s’attaquer à la problématique du logement à Québec en investissant dans des habitations coopératives, voulant faire de l’administration municipale un agent de développement social. Le parti prévoit aussi obliger les propriétaires d’immeubles à rendre public les baux résidentiels, afin d’éviter des hausses injustifiées du prix des loyers.

En matière de mobilité, la formation politique promet la gratuité du transport en commun « pour tout le monde… sauf les touristes », concevant cette dernière comme un droit. « On voit la mobilité comme un droit, parce qu’elle permet d’avoir accès à d’autres droits fondamentaux, comme la santé et l’éducation », poursuit Nicolas. Il propose par ailleurs de remplacer les parcours 800 et 801 par un train léger sur rail, plus accessible pour les personnes à mobilité réduite, et plus silencieux, grand et confortable qu’un tram. Fonctionnant aussi à l’énergie électrique, le train pourrait notamment passer sous terre aux endroits où ce serait préférable.

Le parti prévoit par ailleurs appliquer les principes de ville inclusive du Réseau international sur le processus de production du handicap, afin d’offrir un environnement mieux adapté aux conditions des personnes avec handicap. Option Capitale-Nationale veut aussi faire de Québec une ville plus inclusive en mettant fin au profilage social et racial par les services de police, en plus de promettre d’abolir sur le champ le règlement 19.2, adopté en 2012, qui oblige les manifestants à négocier leur itinéraire avec les forces de l’ordre. « On pense que c’est un déni d’un droit fondamental en démocratie, celui de s’associer et d’exprimer des opinions. »

L’organisation entend aussi soutenir le secteur communautaire en rétablissant des critères plus souples pour la reconnaissance des organismes en plus de rétablir le financement à la mission afin de leur assurer une certaine autonomie. Le parti promet par ailleurs de privilégier le secteur de l’économie sociale par des programmes d’aides aux entreprises et le renouvèlement de la politique d’approvisionnement de la ville. Le traitement du compost par la création d’une usine de biométhanisation et la mise sur pied de centre d’injections supervisées font aussi partie des engagements de la formation politique.

Impliquer les jeunes

Lui-même étudiant à l’Université Laval et ancien vice-président de l’AÉLIÉS, Nicolas Lavigne-Lefebvre a été surpris par la grande proportion de têtes grises impliquées en politique municipale. « Bien qu’on soit aussi nombreux que les boomers, les jeunes ne sont nulle part. » Selon lui, les publicités en vue des élections sont diffusées dans des médias qui ne rejoignent pas les jeunes, eux qui concentrent leurs communications sur les médias sociaux. « Les gens ne savent pas qu’ils peuvent voter. On ne peut pas faire voter les jeunes si on ne les encourage pas à le faire. »

Une autre manière d’impliquer les jeunes est de les rapprocher des processus décisionnels. Bien qu’il reconnaisse l’importance des experts, notamment en matière de changements climatiques, il relativise leur place dans la gestion des affaires courantes de la ville. « Je n’aime pas la gouvernance néolibérale d’une ville par les experts, qui sont partisans du retrait du politique de la prise des décisions, soutient-il. L’une des façons de s’éloigner des experts, c’est de démocratiser l’accès aux décisions. Il s’agit de prendre l’argent du conseil municipal et de la décentraliser vers les gens dans les quartiers. » Option Capitale-Nationale promet ainsi d’allouer un budget de 2 M $ par an à chacun des conseils de quartier, pour un total de 54 M $, soit un demi pourcent du budget total de la municipalité.

Promouvoir la souveraineté au municipal

Un parti politique indépendantiste sur la scène municipale est un phénomène peu fréquent au Québec, bien que ce soit le cas dans plusieurs pays d’Europe. Selon Nicolas, pour faire l’indépendance, il faut d’abord en parler, et ce, dans tous les paliers décisionnels. « On pense que c’est une des meilleure manière de démocratiser l’indépendance et d’amener des gens à faire de la politique. » Il ajoute qu’il espère voir d’autres initiatives similaires ailleurs dans la province.

Bien qu’ils partagent leur base militante, Option Capitale-Nationale est légalement indépendant de son grand-frère, Option-Nationale. Présentant des candidats et candidates en provenance de tous les partis politiques souverainistes majeurs, le but du nouveau parti est de réaliser une convergence des forces indépendantistes à l’échelle de la ville.

« La convergence existe déjà à Québec, conclut Nicolas. Lorsqu’il y aura le congrès de fusion, je vais y aller et essayer de convaincre les membres de voter en faveur. »

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