Photo : Alice Beaubien

Les Brutes au Cégep Limoilou

C’est dans un contexte de sensibilisation aux violences à caractère sexuel (VACS) que l’association des étudiant(e)s du Cégep Limoilou (AGEECL) a organisé une conférence avec les Brutes (Judith Lussier et Lili Boisvert) mercredi dernier au café étudiant. Les deux journalistes ont développé ce qu’était le viol et ses impacts dans la société.

«L’année passée, la direction nous a approchées afin que l’on fasse des actions de sensibilisation après les agressions qu’il y a eues à l’Université Laval. Nous avons ensuite brainstormé dans l’association et dans le comité femme. (…) On a choisi les Brutes, car on avait vu leurs capsules vidéos, elles étaient accessibles et cela s’était peu fait à Québec », expliquent les deux représentantes de l’association étudiante, Luce Brassard Langevin et Raphaëlle Gosselin Chouinard.

Le Cégep a d’autres stratégies de communication en ce sens, mais elles sont plus latente et d’un autre niveau selon les étudiantes. Celles-ci voulaient proposer une programmation plus concrète avec les autres comités, car il y a « urgence de s’éduquer » selon Raphaëlle.

C’est qui les Brutes?

Ces deux journalistes proposent une émission à Télé-Québec intitulée Les Brutes qui se décline en capsules vidéos qui traitent de différents thèmes de la société: végétarisme, sociologie, etc. Avec un ton acerbe et drôle, elles se questionnent souvent sur la position des femmes dans la société et à propos de la sexualité aujourd’hui.

D’emblée, elles soulignent qu’il y a de moins en moins de tabous autour du féminisme et que la culture du viol touche un vaste éventail de la société. Elles précisent aussi que le terme est peu utilisé dans les médias, car c’est une expression « trop engagée » selon ces derniers.

Après quelques joyeux petits problèmes techniques compréhensibles, les conférencières ont diffusé une capsule sur le consentement. Vox-pop à l’appui, elles démontrent que cette action de consentir est encore mal comprise par le public. Parfois même, le discours institutionnel va à l’encontre d’une société plus égalitaire, comme en 2014, alors que le porte-parole du SPVM conseillait aux femmes de ne pas prendre un taxi alors qu’elles étaient en état d’ébriété.

Puis, elles sont revenues sur le cas d’Alice Paquet, encore frais dans les mémoires et aberrant selon le Lili Boisvert. On nous précise ainsi que les victimes prennent le risque de se faire accuser de diffamation si la police ne croit pas une dénonciation. Elles reviennent également sur les mouvements comme #MoiAussi et #OnVousCroit, qui plaident entre autres pour une amélioration des processus judiciaires.

Un tour d’horizon

Elles questionnent notre société genrée avec ses codes de séduction jugés obsolètes en prenant l’exemple du premier pas dans l’exercice de séduction. « Les femmes hétérosexuelles sont dans la cage du patriarcat » conclut avec un rire pincé, Judith Lussier. On aborde ainsi différents sujets comme les dickpicks, le slutshaming, la charge émotionnelle féminine, l’érotisation du corps, la place de l’humour, etc.

Une des données marquantes reste que dans les années 80, 75% de la pornographie incluait de la violence sexuelle (insultes, gifles, etc.) contre 90% en 2015, selon les statistiques. «On érotise l’absence du consentement», déplore Lili Boisvert face à ces chiffres.

Les Brutes ont apprécié cette formule conviviale et n’étaient pas du tout gênées de parler sexualité avec des étudiant(e)s. C’est même plus facile selon elles, « ils savent ce qu’est le slutshaming ou une dickpick » explique Lili, en comparaison un auditoire plus âgé.

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