Soccer : entre argent et paix

La semaine dernière, le club de Manchester City a acheté sur le fil le joueur de soccer brésilien du Real Madrid Robinho, et ce, au nez et à la barbe de Chelsea. À la dernière minute, une offre surprise de 40 millions d’euros (60 millions de dollars) lui a fait préférer City. La veille, le club mancunien avait été racheté par un milliardaire d’Abou Dhabi, Sulaiman Al-Fahim, proche de la famille royale de ce petit émirat de la péninsule arabique.

Selon certaines estimations, puisque les chiffres ne sont pas officiels, la transaction se situerait entre 185 à 256 millions d’euros (entre 277 et 385 millions de dollars). Et l’objectif d’Al-Fahim est simple : faire de Manchester City, le meilleur club d’Angleterre, puis, bien sûr, du monde. Pour arriver à ses fins, il se donne les moyens de ses ambitions. Al-Fahim se dit prêt à acheter la perle portugaise, considéré comme le meilleur joueur du monde, Christiano Ronaldo, attaquant de l’ennemi juré de City, Manchester United.

Mais la déraison guette notre homme d’affaires, puisqu’il affirme vouloir mettre sur la table la somme indécente de 165 millions d’euros, soit 240 millions de dollars. 240 millions de dollars !!! Pour acheter un joueur de soccer ! Il est clair que C. Ronaldo est un attaquant talentueux et efficace (42 buts en 48 matches en 2007/2008), un peu trop braillard à mon goût, mais qui mérite l’intérêt des meilleures équipes de la planète.

En revanche, payer aussi cher pour acquérir les services d’un sportif me semble tout à fait inconcevable. L’aspect mercantile du sport en général, et du soccer en particulier n’est plus à prouver. À coup de millions, les propriétaires des grands clubs européens se bâtissent des équipes remplies de superstars. Le Real Madrid a montré la voie au début des années 2000, Chelsea, avec à sa tête le multi-milliardaire russe Abrahmovic, a démocratisé cette pratique par la suite, et Al-Fahim surfe sur la vague aujourd’hui. Tous ces exemples ont permis une acceptation du public face à des sommes dépassant l’entendement.

Si Manchester City achète un jour C. Ronaldo à ce prix, cette transaction serait la plus élevée de l’histoire du soccer, et du sport en général.
Le dernier record date de 2001, lorsque Zinédine Zidane a décidé de rallier le Real Madrid. À l’époque, le club de la capitale espagnole avait déboursé la somme de 75 millions d’euros, soit 113 millions de dollars.

Soccer synonyme de paix ?
Samedi dernier, le président turc Abdulaï Gül a assisté à une rencontre de soccer opposant l’Arménie et la Turquie, à Erevan la capitale arménienne. Cette visite du M. Gül en Arménie est historique, sachant que depuis l’indépendance de cette ancienne république soviétique en 1991, c’est la première fois qu’un président turc traverse la frontière turco-arménienne (fermée depuis 1993, soit dit en passant).

La non-reconnaissance par Ankara du génocide arménien perpétré par les autorités turques entre 1915 et 1917, et qui aurait coûté la vie à près de 1,5 million de personnes, est à l’origine de ce différend diplomatique entre les deux pays. Autre fait notable, la venue d’amateurs turcs à Erevan. Pour éviter toute provocation inutile, ils n’ont pas arboré de signes d’appartenance, tels que des maillots ou drapeaux.

La tension était quand même palpable, et la population arménienne l’a signifiée en manifestant pacifiquement tout au long du parcours du président Gül et en sifflant l’hymne national turc. Il n’est pas dit que cette visite historique fasse véritablement avancer le dossier du génocide arménien, le président arménien, Serge Sarkissian, ayant annoncé qu’il n’avait pas l’intention de parler de ce sujet sensible avec son homologue turc.

Michel Platini, le Président de l’UEFA (Union européenne de football association), a déclaré qu’il tenait à «remercier les deux fédérations et les joueurs: ils ont fourni un exemple extraordinaire de la force de l’esprit sportif et ont lancé un grand message d’espoir dans une région qui en a bien besoin.» Cette rencontre va sûrement permettre un réchauffement des relations entre Ankara et Erevan. Au fait, pour l’anecdote, la Turquie l’a emporté 2-0.

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