Auclair fait le grand saut

Bien que l’ailier rapproché du Rouge et Or, Antony Auclair, n’ait pas été réclamé par une équipe de la Ligue nationale de football (NFL) au terme des sept rondes du présent repêchage, il n’aura fallu que quelques minutes pour que les Buccaneers de Tampa Bay ne concrétisent l’intérêt dont ils faisaient preuve depuis l’automne.

En effet, peu de temps aura été nécessaire pour que le footballeur originaire de Notre-Dame-des-Pins officialise une entente de trois ans à titre d’agent libre non repêché avec la formation floridienne. Son vœu le plus cher, soit d’avoir la chance de se faire valoir à un camp de la NFL, venait de se réaliser.

« C’était une énorme journée pour être honnête. Comme je l’ai dit plus tôt, l’objectif ce n’était pas d’être repêché, mais de faire partie d’une équipe après le repêchage, que ce soit en étant repêché ou comme agent libre. L’objectif a été accompli donc no matter what, c’est ça l’important », témoigne Antony Auclair.

En compagnie de ses proches lors du repêchage, l’ancien porte-couleurs du Rouge et Or avoue qu’il a passé par toute une gamme d’émotions et qu’il aurait préféré être repêché, bien qu’il se dise tout de même très satisfait du résultat de la journée.

Dans les minutes qui ont suivi les 253 sélections au repêchage, près de la moitié des formations de la NFL ont démontré un intérêt envers le Québécois. Une satisfaction pour son agent Sasha Ghavami, qui dit avoir trouvé le « meilleur fit possible pour Antony ».

« Il faut comprendre que dans un repêchage, chaque équipe a des besoins et ils doivent les remplir. Souvent, ils n’ont pas assez de choix pour remplir tous les besoins qu’ils ont. On a reçu au-dessus d’une dizaine, voire une quinzaine d’offres à considérer », explique-t-il. « Ça a été très très vite, témoigne Ghavami. Ça a été une des heures les plus intenses, sinon la plus intense de ma vie. » Un véritable marathon d’appels et de négociations qui s’est soldé par une entente avec la formation de la Floride.

Sous le radar

L’intérêt de la meilleure ligue de football au monde pour le produit de l’Université Laval était indéniable. L’allier rapproché de Notre-Dame-des-Pins, classé 19e meilleur espoir dans sa position en vue du repêchage, avait attiré pas moins de 17 équipes à son Pro Day, dont les Buccaneers de Tampa Bay.

« Les Buccaneers avaient Antony à l’œil depuis l’automne passé. Le recruteur l’avait suivi de près, il l’avait vu au Shrine game et il était venu au Pro Day. Ils nous ont appelés, comme plusieurs autres [organisations] pendant le septième tour. C’est l’équipe, selon nous, qui cadrait le mieux pour Antony », soutient Sasha Ghavami.

Quelques semaines avant le repêchage, Auclair avait visité les installations de 10 équipes de la NFL, soit les Colts d’Indianapolis, les Jets de New York, les Chiefs de Kansas City, les Seahawks de Seattle, les Chargers de San Diego, les Cardinals de l’Arizona, les Steelers de Pittsburgh, les Ravens de Baltimore, les Bears de Chicago et les Buccaneers de Tampa Bay.

En tête de liste

Il ne fait aucun doute pour Auclair que Tampa Bay avait une longueur d’avance sur les autres équipes advenant le cas qu’il aurait à faire un choix au terme de la journée de samedi.

« J’avais l’impression que les entraineurs voulaient vraiment travailler avec moi, que ce soit le coordonnateur à l’attaque, l’instructeur des équipes spéciales ou celui des ailiers rapprochés. J’avais vu tout le monde, et j’avais vraiment un bon feeling avec tout le monde », se rappelle le footballeur.

Ce dernier n’avait pas ressenti le même sentiment lorsqu’il était de passage à Indianapolis. Bien que le recruteur et le directeur général lui avaient clairement démontré qu’ils l’aimaient, la situation était bien différente du côté du groupe d’entraîneurs.

« Les entraineurs ne savaient même pas qui j’étais quand je suis arrivé là-bas. Ils n’avaient pas fait leurs films encore », raconte le colosse de 6’6’’. « Quand je suis arrivé à Tampa Bay, c’était le contraire. Ils avaient fait leurs films. On a regardé la Coupe Vanier ensemble. On a regardé la Coupe Dunsmore. Ils savaient tous les jeux. Pour moi, c’était vraiment important. »

Se tailler une place

Au-delà de ses bonnes relations avec la formation, Antony Auclair croit que les Buccaneers de Tampa Bay lui offriront l’occasion de faire sa marque. Alors que plusieurs s’interrogent sur l’espace disponible dans l’alignement avec la sélection d’O.J. Howard, le meilleur allier rapproché du repêchage, le détenteur d’un baccalauréat en intervention sportive de l’Université Laval entrevoit plutôt cela comme un défi.

« J’ai toujours voulu jouer avec les meilleurs et c’est pour cela que j’ai choisi Laval d’ailleurs. Je suis vraiment content d’être avec les Buccaners et que O.J. Howard soit là parce que je crois que c’est le meilleur en ce moment. Pour moi, ça va être vraiment bon parce que je vais pouvoir apprendre de lui, être en compétition avec lui et donner le meilleur de moi », déclare-t-il.

Dès la semaine prochaine, Auclair aura la chance de participer au mini-camp des Buccaneers, l’occasion pour lui d’impressionner le personnel.

« Le fait que je sois Canadien, je crois que j’arrive là-bas et que j’ai beaucoup de choses à prouver, étant donné que je n’ai pas joué dans la même ligue que les Américains. Mais, comme Glen l’a dit, en arrivant là-bas, ce n’est plus la NCAA ou la SIC, tout le monde est égal. La compétition est ouverte. Ce n’est pas parce que tu es choisi au premier round que tu es partant automatiquement. Tu as des choses à prouver aussi, il faut que tu travailles », assure le Beauceron.

Pour l’instant, sa nouvelle formation ne lui a pas encore parlé de la possibilité d’obtenir un poste ou encore de faire partie du club de pratique.

Québec sur la sellette

Antony Auclair est le deuxième joueur du Rouge et Or à signer un contrat avec une équipe de la NFL après le maraudeur Sébastien Sejean, qui avait conclu une entente avec les Rams de St Louis en 2008. Aux dires de l’entraîneur-chef de la formation de l’Université Laval, Glen Constantin, il s’agit d’une étape importante dans l’histoire du club, qui perpétue une tradition d’excellence depuis plusieurs années.

Le pilote des Lavallois s’est dit très fier de son protégé. « Son talent et son éthique de travail sont extraordinaires. Il a démontré beaucoup de maturité en restant focus et en menant notre équipe au championnat canadien, tout en vivant ça. Ça n’a jamais paru dans ses agissements », confie-t-il.

Constantin croit aux chances d’Auclair de percer les rangs de la meilleure ligue de football au monde. « Comme tight end hybride, il faut comprendre qu’il y a encore une progression à faire, qui est normale. Il commence juste à toucher à son potentiel. Il a déjà prouvé que c’est un joueur qui peut être physique, qui peut bien bloquer. Je pense qu’avec les années, il s’est amélioré dans ses tracés. Au niveau du football américain, il faut être encore plus précis dans nos tracés, parce que le terrain est plus étroit, il y a moins de place. Il est amplement capable de le faire », conclut-il.

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