Le canicross : Ça tire en chien !

Courir avec deux jambes, c’est bien. Mais avec six, c’est encore mieux. C’est justement ce en quoi consiste le canicross, une activité sportive où chien et maître courent de concert.

« Yep, yep ». Il n’en fallait pas plus pour que Luna, un berger allemand femelle croisé au tempérament fougueux, s’élance à grande enjambée devant moi. Heureusement, des harnais et une laisse élastique nous relient, ce qui me permet de rester dans son sillage et d’ainsi profiter de sa traction.

Rapidement, mes foulées s’allongent et je prends de la vitesse. Beaucoup de vitesse. Le temps que je passe en l’air augmente considérablement, ce qui me donne la nette impression de voler au-dessus des sentiers et des côtes. En fait, c’est comme si je profitais d’une assistance électrique… mais version canine. Non, c’est relativement peu forçant. Et, oui, c’est grisant.

Nous sommes à la base de plein air de Val-Bélair, un terrain de jeu privilégié pour les deux passionnés de sports canins tractés que sont Héryk Julien et Laurence Boudreault. Par l’entremise de leur entreprise FouBraque, les jeunes trentenaires offrent depuis 2011 une foule d’activités reliées au canicross et à ses pendants hivernaux, le skijoering et la cani-raquette.

En cette glorieuse matinée d’octobre, ils complètent justement l’initiation d’un groupe d’une quinzaine de néo cani-coureurs. « Lorsqu’ils auront complété ce cours, ils possèderont tous les rudiments du sport. Plus important encore, ils seront en contrôle de leur animal, ce qui n’est pas le cas de tous les adeptes », déplore Héryk Julien.

Une popularité croissante

Pratiqué en Europe, et plus particulièrement dans les pays scandinaves, depuis une trentaine d’années, le canicross est une discipline encore relativement nouvelle au Québec. Elle y a été introduite en 2006 par Amélie Janin, une étudiante française de 28 ans venue poursuivre son doctorat à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) de Québec. Cette dernière a alors eu l’idée de fonder une association pour faire la promotion du sport. Canicross Québec, qui, d’ailleurs, existe encore aujourd’hui, était née.

Huit années plus tard, le canicross a pris un certain essor dans la Belle Province. De la ville de Québec à Mont Laurier en passant par Rawdon, on compte des clubs et des regroupements de cani-coureurs un peu partout. Même le volet compétitif du sport s’est développé. En effet, des deux compétitions de canicross répertoriées en 2007 par le répertoire de courses d’endurance iskio.ca, nous sommes passés à 16 compétitions en 2014, une augmentation de 700 % !  En septembre dernier, le Cani-Raid FouBraque du parc des Appalaches, un des plus grands événements du genre, a attiré 150 compétiteurs.

Bouger avec pitou

Qui sont les adeptes de canicross ? « En règle générale, il y en a deux types, explique Laurence Boudreault. D’un côté, il y a ceux qui débutent le sport par amour de la course à pied. De l’autre, il y a ceux qui y viennent par amour des chiens. » Le désir de bouger avec pitou semble être la seule caractéristique commune à tous les cani-coureurs.

La fourchette d’âge s’étend de la mi-vingtaine à la mi-quarantaine… du moins, si l’on se fie aux participants présents ce matin-là au cours d’initiation de FouBraque. La même absence de tendance se vérifie quant au niveau de forme physique et à la profession. Fait intéressant : tous possèdent des compagnons à quatre pattes de race et d’âge différents. « Même si certaines races sont mieux taillées pour le canicross, tous les chiens peuvent y prendre part et y trouver du plaisir », précise Laurence Boudreault.

Parce que, comme nous, les chiens sont des espèces conçues pour courir. Une étude parue en 2012 rapporte même qu’ils jouissent d’une élévation d’endorphines semblable à la nôtre après l’effort physique. Après l’euphorie du coureur, à quand l’euphorie du canicross ?


 

Saviez-vous que…

Contrairement aux humains, les chiens n’évacuent pas la chaleur par la sueur, mais bien en haletant. Ils sont donc plus à risque de souffrir des chaudes températures estivales. Les saisons idéales pour la pratique du canicross sont le printemps et l’automne.

Certains chiens sont naturellement hyperactifs. Le canicross est donc une merveilleuse manière pour ces derniers de canaliser leur énergie… et de se mettre dans des conditions propices à des apprentissages.

Les chiens apprécient tout particulièrement courir en meute et imiter leurs semblables. C’est pourquoi l’initiation au canicross se fait en groupe. Symphonie de jappement garantie !

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