Jeudi dernier, les Sénateurs d’Ottawa remportaient le sixième match de la série éliminatoire les opposant aux Canadiens de Montréal par la marque de 6-1 ce qui du même coup éliminait les Canadiens des séries d’après saison.

Corrélation ou pas ?

Jeudi dernier, les Sénateurs d’Ottawa remportaient le sixième match de la série éliminatoire les opposant aux Canadiens de Montréal par la marque de 6-1 ce qui du même coup éliminait les Canadiens des séries d’après saison. Il s’agissait de la sixième fois depuis 1992-1993, lors de la dernière conquête de la Coupe Stanley, que l’équipe montréalaise se faisait éliminer en première ronde des séries. Malgré un impressionnant début de saison qui leur a permis de terminer au deuxième échelon de l’association de l’Est, l’équipe menée par Bergevin et Therrien a une fois de plus échoué dans leurs aspirations de conquête de la coupe Stanley.

Denis-Michel Thibeault

Courtoisie : flickr.com, archive de la ville de montréal, Creative Commons
Courtoisie : flickr.com, archive de la ville de montréal, Creative Commons

On raconte souvent qu’il y a beaucoup de pression pour les joueurs de venir jouer à Montréal et de porter la sainte flanelle. Certains accepteront de venir relever le défi alors que d’autres se verront forcés de venir jouer pour les Canadiens. Quoi qu’il en soit, le tricolore n’a pas gagné le trophée de Lord Stanley depuis maintenant 20 ans. Dans une étude « très scientifique, poussée et anthropologique », nous étudierons si les victoires des Canadiens de Montréal peuvent être un facteur d’unité dans la société québécoise et en contrepartie nous observerons si les défaites du club centenaire affectent négativement les comportements de la société québécoise.

Les années de vaches grasses

Je vous transporte dans les années 50. Nous sommes dans un moment où le Québec s’émancipe comme peuple et comme nation. Le Québec trouve un nouveau héros en Maurice Richard et commence à croire en ses capacités en tant que peuple et individu. Nous sommes dans une belle époque pour le hockey, aussi alors que les Canadiens remportent 6 coupes Stanley consécutives menées par l’entraîneur Toe Blake et les Canadiens français Maurice Richard, Bernard Geoffrion et Jacques Plante. Les années 50 sont les plus belles pour Montréal. Le CH remporte aussi 4 coupes dans les années 60 ainsi que 6 autres dans les années 70 alors que les Bob Gainey, Guy Lafleur, Ken Dryden, Larry Robinson, Réjean Houle, Mario Tremblay et autres faisaient la pluie et le beau temps dans la Ligue nationale de hockey. En trois décennies, le tricolore remporte un total de 16 coupes Stanley. Les Canadiens étaient à cette époque une sorte de porte-étendard pour une génération de baby-boomers qui allait changer le Québec.

Les années de vache maigre

Dans les années 80, le voyage en enfer pour les partisans des Canadiens commence. En effet, ceux qui avaient gagné plusieurs fois le trophée au cours des trente dernières années se trouvent à ne plus être capables de passer la première ronde. Malgré une victoire, en 1985-1986, menée par le jeune Patrick Roy au sommet de son art avec un style différent et avant-gardiste, les partisans regagnent espoir en leur sainte flanelle. Tout est maintenant encore possible. Les Québécois sont à nouveau excités et stimulés par les activités du club. Puis après une saison difficile, les Canadiens affrontent les Kings en finale de 1993 et remportent leur vingt-quatrième et dernière coupe Stanley. Depuis ce jour, jamais ils n’ont été capables d’atteindre une finale de la coupe Stanley. 12 fois ils participeront aux séries se faisant éliminer soit en première ronde ( 93-94, 95-96, 96-97, 05-06, 08-09, 10-11, 12-13 ), en deuxième ronde ( 97-98, 01-02, 03-04, 07-08 ), et phénomène plus rare en troisième ronde ( 09-10 ). Mais aussi les Canadiens ne feront pas les séries éliminatoires à sept reprises durant cette période. Comment un club de hockey peut-il passer de héros à pratiquement zéro pour un peuple qui pourtant était si fier de son équipe ?

Tracer un lien ?

Est-ce possible de tracer un lien entre les réussites et les déboires des Canadiens et les comportements de la société québécoise ? Est-ce que l’on peut dire que c’est parce que les Canadiens ont connu une saison 2011-2012 horrible que les étudiants sont sortis manifester leur mécontentement au gouvernement québécois ? Peut-être que le gouvernement Charest aurait apprécié que les Canadiens remportent quelques matchs de plus, ce qui aurait fort probablement pu distraire les étudiants de la hausse des frais de scolarité.
Ou peut-être que Wilfred Lebouthiller n’aurait pas eu autant d’attention si en 2002-2003, le Canadien avait fait un bout de chemin en séries éliminatoires.

C’est vraiment en 1994-1995 que la première élimination des Glorieux des séries en 23 ans fait le plus de « dommage » dans la collectivité alors que Radio-Québec devient Télé-Québec et supprime 580 emplois, les Nordiques de Québec quittent pour Denver et Rock et Belles Oreilles annoncent leur séparation.

Vous aurez compris le ton humoristique de cette chronique, car évidemment il est impossible de tracer un lien entre ces évènements majeurs et l’absence du Canadien en série, par contre le sujet de cette recherche pourrait être très intéressant. Le hockey est une véritable religion partout au Québec et les Québécois vibrent au rythme de ce sport enlevant. Des familles se sont par le passé déchirées à cause de ce sport. Quand les Canadiens ou les Nordiques gagnaient, tout semblait bien aller au Québec alors que lorsque leurs équipes ne faisaient plus partie de la danse du printemps les gens trouvaient d’autres sujets sur lesquelles se rabattre et l’atmosphère n’était pas autant à la fête au Québec. Il suffit de regarder la morosité qui régnait dans la ville de Québec à la suite du départ des Nordiques afin de comprendre comment le hockey est une source d’espoir, de fierté et d’unité pour une ville et une province. Il suffit d’espérer que les hommes de Marc Bergevin et de Michel Therrien sauront nous donner le sourire lors des longs mois d’hiver de la saison 2013-2014.

« Quand le Canadiens va, tout va »

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