Courir, patiner et skier : le triathlon d’hiver

Le triathlon d’été a dorénavant son pendant hivernal : une épreuve où s’enchaînent course à la raquette, patin et ski de fond. Regard sur un sport émergent qui croît en popularité.

Charles Perreault est un habitué des plus hautes marches du podium. Régulièrement, l’entraîneur-chef du club de triathlon Rouge et Or rafle les grands honneurs des épreuves sur lesquelles il s’aligne. Les contreperformances, « Chuck » Perreault ne connaît pas ça… Hormis peut-être il y a cinq ans, au Pentathlon des neiges, la plus grande épreuve multisports d’hiver au monde.

« C’était ma première participation à cet événement, se souvient le triathlonien. Je m’étais préparé dans les cinq épreuves pendant tout l’hiver et je suis arrivé là très sûr de gagner. » Rapidement toutefois, il réalise que ce type d’épreuve est plus difficile en hiver qu’en été. « Les efforts à fournir ne sont pas les mêmes, les transitions sont différentes, les stratégies de course sont moins prévisibles », explique-t-il.

En fin de compte, Charles Perreault n’a pas remporté l’épreuve (il le fera à quelques reprises dans les années suivantes), mais a établi les bases d’une tradition annuelle. « Depuis, je me fais un devoir de participer au Pentathlon chaque année, même si cela me force à repousser mes camps d’entraînement ! Qui plus est, ça met un peu de piquant dans mon hiver qui, autrement, serait morne au Québec. »

Le phénomène Pentathlon

À l’instar d’un nombre sans cesse grandissant de Québécois, Charles Perreault est frappé par la maladie du triathlon d’hiver. Pourtant, il y a dix ans à peine, ce pendant hivernal du triathlon d’été n’existait à peu près pas, comme le raconte Sébastien Gilbert-Corlay, directeur de Triathlon Québec.

« À l’époque, il y avait trois ou quatre triathlons d’hiver qui se qualifiaient ainsi malgré qu’ils comprenaient des épreuves d’été comme le vélo ou la course à pied, se rappelle-t-il. La participation était faible et, tout comme à l’international, le modèle peinait à se développer. Il y avait de la place pour du renouveau. »

Il aura fallu attendre l’arrivée du Pentathlon des neiges dans le paysage en 2005 pour que le sport connaisse un renouveau. Ce qui a débuté comme un événement confidentiel réunissant une poignée de crinqués au Lac-Beauport est devenu, en l’espace de quelques années, un happening majeur se déroulant pendant plusieurs fins de semaine consécutives sur les Plaines d’Abraham. En 2014, 5338 participants ont pris part à l’un ou l’autre des neuf défis que comprend maintenant l’épreuve.

Naissance d’un sport

Devant un tel engouement, les organisateurs du Pentathlon ont décidé, à la fin de 2013, de créer une « nouvelle » forme de triathlon d’hiver qui consisterait uniquement en des épreuves purement hivernales. Exit le vélo et la course à pied; bonjour la course en raquette et le patin auquel vient se rajouter du ski de fond. « Ce sont trois disciplines très accessibles qui se déroulent toutes sur la neige ou la glace, ce qui n’était pas le cas de l’ancien format », soutient Sébastien Gilbert-Corday.

La première mondiale de ce nouvel assemblage a eu lieu le 8 mars 2014 à Québec en la présence de plusieurs grosses pointures ainsi que sous la présidence d’honneur d’observateurs de l’Union internationale de triathlon (ITU). La seconde édition du Québec ITU Triathlon d’hiver aura lieu le 7 et 8 février prochain dans le cadre des Jeux mondiaux d’hiver des maîtres tenus à Québec. Une série québécoise d’une dizaine d’épreuves, la Coupe des Neiges, a lieu cet hiver.

Mieux encore, un triathlon d’hiver est prévu à la mi-février à Lahti, en Finlande. Des projets similaires sont sur la table en Suède et en France. Non seulement le triathlon d’hiver croît, mais il s’exporte.

Jeux olympiques ?

Les concepteurs québécois du triathlon d’hiver ne s’en cachent pas : ils aimeraient un jour voir leur bébé figurer au programme officiel des Jeux olympiques d’hiver. « L’ancienne version du triathlon d’hiver pourrait être remplacée par la nouvelle, ce qui rendrait du même coup le sport éligible d’être “repêché” par le Comité international olympique (CIO) », affirme Sébastien Gilbert-Corday. Le potentiel est là, croit-il, surtout en ce qui a trait à la télévision. « C’est court, c’est plein de rebondissements et ça met en valeur la ville dans lequel l’épreuve a lieu. »

Pour atteindre ce niveau, le triathlon d’hiver devra toutefois croître et faire ses preuves à l’international. Mais, de l’avis de Charles Perreault, ce n’est qu’une formalité avant de le voir affublé des anneaux olympiques. « Je trouve que la situation actuelle du triathlon d’hiver ressemble à celle du triathlon d’été, il y a 25 ans, alors que je faisais partie des premiers cinglés qui le pratiquaient », fait-il valoir. Le sport s’organise tranquillement at fur et à la mesure que des gens l’essaye. » Le triathlon d’été figure au programme des Olympiques depuis 2000.

Qui sait, d’ici là, peut-être que la Ville de Québec, déjà très impliquée dans le développement de ce sport et, plus globalement, des sports d’hiver, continuera de réunir des conditions gagnantes pour favoriser sa croissance. À quand un championnat du monde de triathlon d’hiver dans la Vieille Capitale ? À suivre.


Un triathlon d’hiver, c’est…

5 km de course en raquettes, 12 km en patin et 8 km en ski de fond.

Et les meilleurs le complètent en…

1:04:33.1 (Dusan Somocko, gagnant de la première édition du Québec ITU Triathlon d’hiver)

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