Photo: Archives (2015) - Courtoisie, Simon Dufresne

Hugo Richard : le parcours nuancé d’un champion

Catapulté au poste de partant à son arrivée, de recrue par excellence à héros déchu en quelques semaines, puis finalement double vainqueur de la Coupe Vanier, Hugo Richard a connu une carrière universitaire qui l’aura fait passer par toute la gamme des émotions, de son premier match officiel le 6 septembre 2014 à son dernier tour de piste samedi dernier contre les Mustangs de Western. Retour sur la carrière d’un des grands quarts-arrières de l’histoire du Rouge et Or.

Photo (2014) – Courtoisie, Simon Dufresne

Le 11 août 2014, la sanction tombe. Le quart Alex Skinner, qui a mené le Rouge et Or à sa huitième conquête de la Coupe Vanier quelques mois plus tôt, est suspendu pour le match hors-concours et les deux premières parties de la saison. Il est alors accusé de voies de faits avec lésion, à la suite d’un événement survenu dans un bar de Québec en juin 2013.

Un jeune Hugo Richard se retrouve donc à débuter son tout premier match universitaire à titre de partant. Il est le premier de l’histoire du Rouge et Or à le faire. Ni Mathieu Bertrand, ni Benoit Groulx n’avaient réalisé l’exploit. Skinner ne remettra plus les pieds sur le terrain du Stade Telus. Richard a connu une première saison exceptionnelle, étant nommé la recrue de l’année au pays et le joueur par excellence au Québec.

« J’ai su profiter de mes opportunités, admet-il cinq ans plus tard. J’ai toujours donné mon 110%. Je ne m’attendais pas nécessairement à faire aussi bien et à battre des records, mais le fait de débuter au premier match m’a permis d’être meilleur plus rapidement. »

Toutefois, la saison 2014 se termine en queue de poisson. Pour la première fois en 12 ans, le Rouge et Or ne remporte pas la Coupe Dunsmore. Une défaite encore plus douloureuse parce qu’elle a été subie à la maison, où le Rouge et Or surfait sur une séquence de 70 victoires consécutives.

Photo (2016) – Archives, Amaury Paul

La même situation s’est reproduite à sa deuxième campagne, soulevant les critiques de nombreux partisans.

Le coordonnateur à l’attaque du Rouge et Or, Justin Éthier, se rappelle l’été 2016, à l’aube de la troisième saison d’Hugo Richard. « Le monde m’arrêtait pour me parler du Rouge et Or et me demandait si on avait le même quart-arrière. On me disait “Hey votre quart-arrière a de la misère” et je leur répondais “je ne comprends pas. Il est la recrue de l’année au Canada et il nous a amené deux ans à la Coupe Dunsmore. »

« Pour moi, le gars a été coupable d’avoir une première grande saison régulière, renchérit Glen Constantin. Il a battu les records, il a commencé le premier match et il a été un super héros au début, mais ensuite, il a perdu les deux Dunsmore contre Montréal. »

Éthier n’hésite aucunement à qualifier Richard du « joueur qui a vécu le plus de pression de toute l’histoire du programme. Ce gars-là n’a pas été le plus aimé au début de son périple. Et il a livré la marchandise. Il n’y a aucun doute dans mon esprit. »

« Depuis ce temps-là, je n’ai plus à répondre à ces questions-là parce qu’en trois ans, il a gagné deux Coupes Vanier, trois Coupes Dunsmore et il a été joueur par excellence deux fois », avoue-t-il.

Un changement de mentalité
Photo (2017) – Courtoisie, Charles Antoine Gagnon

Au cours des cinq dernières années, Constantin a vu un changement s’opérer chez son quart-arrière. « C’est un individu hyper compétitif, hyper perfectionniste, peut-être trop. Où il s’est amélioré beaucoup, c’est sa capacité à être un leader d’hommes ».

« Au début, il était super exigeant envers lui-même, mais il s’attendait à la même chose des autres. Il a su prendre une maturité et rassembler le monde autour d’une même cause. »

La troisième saison de l’étudiant en génie mécanique pourrait être qualifiée de saison du renouveau. Pour la première fois de sa carrière universitaire, il a mené son équipe à une victoire contre les Carabins en finale de la Coupe Dunsmore. S’en est suivi un gain contre les Dinos de Calgary, pour offrir un neuvième sacre de la Coupe Vanier à l’Université Laval.

« Je pense qu’il a eu un grand soulagement après sa première Coupe Vanier, déclare le pilote lavallois. Il est devenu plus confiant, il y a comme un gros poids qui s’est libéré sur ses épaules ».

Mais la soif de vaincre de Richard ne s’est jamais estompée, surtout après la défaite contre Western en finale l’année dernière.

« Après sa première, il voulait être dans le groupe sélect de Mathieu Bertrand et de Benoit Groulx qui en ont gagné deux. C’est ça qu’il va laisser comme héritage et je pense qu’il voulait sortir d’ici en gagnant. »

Une fin de rêve
Photo (2018) – Courtoisie, Simon Dufresne

Samedi, en finale de la Coupe Vanier, la carrière universitaire d’Hugo Richard aurait difficilement pu connaître un meilleur dénouement. En plus de la victoire de son équipe, il a remporté pour la deuxième fois le trophée Ted Morris, remis au joueur par excellence de la partie.

Ce titre conclut parfaitement sa dernière saison, où il est devenu le premier quart-arrière de l’histoire de U Sports à inscrire 30 majeurs par la course en plus de passer 60 fois pour des touchés. Il termine avec 70 passes de touché, un autre record québécois.

À la fin de la rencontre, il affichait un grand sourire pour l’une des rares fois de la saison.

« Honnêtement, finir sur une Coupe Vanier, ça ne pourrait pas être mieux! S’est exclamé le joueur par excellence au Québec. Ce n’est pas vrai que je passerais le match fâché tout le long! Je pensais que j’allais brailler comme un bébé, mais je suis clairement juste trop heureux ».

Son coéquipier Mathieu Betts a eu une pensée pour lui après la victoire de son équipe.

Finale de la Coupe Vanier 2018 – Photo, Julie-Anne Perreault

« Je suis super fier pour les finissants. À commencer par Hugo Richard, pour qui c’est son dernier match et qui met tellement de pression sur ses épaules. Il voulait tellement gagner un championnat pour cette équipe-là et terminer sa carrière avec ça. Et avec tout ce qu’il a amené au programme, je ne peux pas être plus heureux ».

Son attention se dirige maintenant vers l’obtention de son baccalauréat en génie mécanique. Il pourrait ensuite viser les rangs professionnels. « On va voir si les opportunités vont se présenter ». À vrai dire, la route est ardue pour les quarts-arrières canadiens. S’il compte y arriver, il devra probablement changer de position.

 

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