Les conséquences de l'affaire Chara-Pacioretty

L'image brune

«C'est une semaine noire pour la LNH», a dit au journal Le Soleil André Richelieu, professeur titulaire en marketing sportif. Qu'Air Canada menace de cesser l'alliance avec la ligue, d'accord, mais que Bettman fasse comme si les partenaires majeurs pleuvaient, c'est de la gestion de fond de rigole. «Plusieurs transporteurs attendent pour prendre la place», a-t-il dit. Peut-être, mais ta désinvolture face à la déconfiture de ta ligue au niveau relation publique, ça, personne n'attend après. Bettman s'est mis dans le goudron, et il s'ajoute lui-même les plumes.

Via Rail a déploré «l'incapacité de la LNH à assurer la protection de ses joueurs et demande d'adopter des mesures pour limiter ce genre d'incidents». Reebok, principal partenaire et fournisseur d'équipement de la ligue nationale, suggère de modifier les règlements «afin de réduire les risques de blessures». La moindre des choses dans ce cas là aurait été de signifier son désir de répondre aux exigences, au moins un petit signe de bonne volonté. Que le geste de Chara ait mérité une suspension à vie ou une mineure pour obstruction, Bettman aurait dû réagir avec moins de condescendance.

La police?

Quoi qu'il en soit, les derniers incidents prouvent que le hockey est LE sport professionnel le plus dangereux du monde. Pas parce que les contacts sont plus violents qu'ailleurs, mais parce que les sanctions sont distribuées maladroitement et que les joueurs n'ont même plus une pâle impression de justice hors-glace. J'ai peur pour mon sport. Dans la société, quand la justice merde, c'est dans la rue que ça se règle. Je n'ai pas envie d'en arriver là avec le hockey.

Alors de deux choses l'une : changer la mousse à cet endroit de la baie vitrée est-il si compliqué? Je ne suis pas expert en mousse, mais même une mousse un peu plus performante permettrait d'envoyer un message clair : que la Ligue est là pour faire quelque chose quand ça va mal. En terme de relations publiques, on appelle ça l'empathie. Franchement, les Québécois connaissent le hockey et la fracture de la vertèbre de Pacioretty, ça va plus loin que les intérêts partisans.

Maintenant, pourquoi l'enquête policière? On va aboutir à quoi? Soyons réalistes, Chara ne va pas aller faire de la prison pour une mise en échec douteuse, on peut s'attendre à une amende au mieux. Cette histoire d'enquête criminelle n'aboutira qu'à un gaspillage de ressources humaines et de fonds publics. La justice a le bras long, mais Chara mesure quand même deux mètres

Qui vit par l'épée…

Je me demande à quoi doit ressembler l'état d'esprit dans la chambre des Bruins. Avec un Patrice Bergeron qui en a pris quelques une et Marc Savard qui traîne sa carrière en lambeaux, déchirée par les commotions cérébrales. Quand tu sais qu'un joueur sur des dizaines de milliers réussissent à se tailler une place dans la grande ligue, il faudrait peut-être que ces chanceux puissent aspirer à garder toute leur tête.

Mais «qui vit par l'épée périra par l'épée». Je ne suis pas très vieux pour me souvenir, mais je me rappelle quand même un certain Scott Stevens. Quand le gros Lindros a commencé à faire l'épais sur la glace, Stevens s'est occupé de le mettre au tapis. Je ne souhaite de malheur à personne, mais au son des huées que j'entend partout dans la ligue, je conclus simplement que celui qui ramènera la tête de Chara sera accueilli en héros. J'exagère peut-être, mais vous ne me verrez pas verser de larme si Zdeno perd la tête sur un coin de mousse au centre de l'arène.

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