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Un retour des Expos : À quel prix?

Selon un sondage de Léger marketing commandé par Le Devoir, 58% des Québécois seraient favorables au retour des Expos dans la ville de Montréal. Toutefois, seulement 51% des gens pour le retour du baseball estiment qu’il est convenable d’utiliser des fonds publics pour financer le déménagement. Ce sondage reflète bien le changement de mentalité de certaines villes nord-américaines en ce qui a trait au financement des stades d’équipes sportives. Impact Campus s’entretient avec Michel Poitevin, professeur titulaire au département de sciences économiques de l’Université de Montréal, pour discuter des enjeux concernant le retour des Expos qui est non sans rappeler celui des Nordiques de Québec.

À la suite de l’élection de Valérie Plante, plusieurs personnes pensaient que c’était la fin du rêve de ramener le baseball à Montréal. Cependant, depuis son arrivée en poste, cette dernière a laissé sous-entendre que la ville pourrait appuyer le projet à condition de ne pas utiliser de fonds publics pour le financement d’un stade.

Elle est ensuite revenue à la charge en affirmant qu’elle proposerait plutôt un référendum concernant une éventuelle participation des contribuables dans la construction d’un nouveau stade. Le premier ministre Philippe Couillard est du même avis que la mairesse de Montréal.

Durant les dernières années, plusieurs conflits en lien avec le financement de stades d’équipe privée ont fait les manchettes. Que ce soit le nouvel amphithéâtre des Flames de Calgary, le stade de baseball des A’s d’Oakland ou le Centre Vidéotron, ici même à Québec, la tendance populaire semble tendre à vouloir refuser l’injection de fonds publics. M. Poitevin partage cet avis : « Même si je suis un grand fan de baseball, j’espère que les gouvernements ne mettront pas d’argent public dans un nouveau stade, parce que ce n’est pas l’endroit pour le faire. »

Un investissement gagnant?

Acquérir une franchise de la ligue majeure de baseball (MLB) coute excessivement cher. Selon le magazine Forbes, la valeur moyenne d’une franchise de la MLB est de 1,3 milliard de dollars américains.

Les futures propriétaires doivent donc avoir les reins solides. « Les propriétaires devront acheter une franchise et construire un nouveau stade et ça va coûter très cher. Est-ce que ça peut être rentable? Il y a des investisseurs privés qui semblent dire que oui, mais probablement qu’ils comptent sur un support financier de l’état », mentionne M. Poitevin.

La population pourrait donc être réticente au retour du baseball à Montréal si celui-ci passe de facto par l’argent public. Sans l’appui de la population, il est facile de s’imaginer dire adieu au rêve des Expos.

De plus, contrairement à la croyance populaire, une équipe sportive professionnelle apporte peu de revenus pour la ville qui l’héberge. M. Poitevin affirme que : « En fait, une équipe sportive ne stimule pas beaucoup l’économie. Les gens qui vont au baseball, s’ils n’y vont pas, vont aller au cinéma, au théâtre ou au restaurant. Ce n’est pas du nouvel argent dans l’économie. L’impact est donc relativement faible. »

Il ajoute du même souffle qu’une équipe sportive peut avoir un impact négatif. « L’argent que les Québécois dépensent dans l’achat de billets et de produits de concessions servent à la rémunération du salaire des joueurs qui sont typiquement étrangers qui rapatrient notre argent à l’étranger. Aller au baseball, c’est comme faire une importation. Oui, les joueurs vont payer des impôts, mais c’est minime. En plus, les parties sur la route ne sont pas comptées comme des revenus gagnés au Canada, donc ils ne sont pas imposables », relate-t-il.

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