Yoga pour athlètes : « une contamination positive »

Depuis l’automne dernier, les étudiants-athlètes du Rouge et Or peuvent, à l’instar de nombreux autres sportifs de haut niveau de par le monde, profiter de séances de yoga adaptées à leurs besoins. Une initiative que salue Jean-François Brunelle, préparateur physique pour les Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et auteur d’un mémoire universitaire sur ce sujet dans l’air du temps. Entrevue.

Pourquoi les athlètes devraient-ils pratiquer le yoga ?

Plus un athlète se spécialise dans sa discipline, moins il dispose de marge d’amélioration, et plus il gagne à pratiquer des activités connexes, c’est-à-dire autres que celle qu’il pratique la majorité du temps. Le yoga, plus que toute autre activité, s’inscrit précisément dans ce but. Sa pratique touche la globalité de l’athlète et contamine positivement ses performances. En fait, le yoga est l’activité par excellence pour contrecarrer la surspécialisation sportive !

Concrètement, comment ça marche ?

Le yoga est une activité qui force le pratiquant à mettre en relation l’ensemble de ses segments corporels dans des postures complexes et variées. Ce travail, qui s’effectue du bout des doigts au bout des orteils, a comme conséquence directe d’enrichir le répertoire de mouvements de l’athlète. Un peu comme un musicien qui, à force de jouer, s’approprie divers types de musique, l’athlète devient apte à naviguer d’une posture à l’autre sans difficulté. Il devient, en somme, un expert dans son domaine qui est de bouger.

Quels sont les bénéfices que les athlètes retirent du yoga ?

La flexibilité est souvent mise de l’avant lorsque vient le temps de répondre à cette question. Mais il y a beaucoup plus que ça dans le yoga. Il y a la juste contraction, l’ajustement postural, le raffinement des contractions qui, en fin de compte, en font une activité de renforcement global. Il y a aussi de nombreux bienfaits en ce qui a trait à la concentration, à la conscience corporelle et à la gestion du stress. Le yoga, c’est la complémentarité par excellence pour cette clientèle.

Comment adapte-t-on le yoga aux athlètes ?

Il faut les placer dans un état de défi, de vécu positif de l’expérience. Pour cela, il faut nécessairement mettre proposer un discours de bienfaits collatéraux sur les performances plutôt que de parler de mieux-être, d’introspection et d’alignement des chakras. Si je dis à des footballeurs qu’on va faire du yoga méditatif de pleine conscience, ça se peut que je les perde. Il faut leur faire ressentir l’aspect introspectif de l’activité plutôt que de leur vendre.

Le yoga est-il fondé sur des preuves scientifiques (evidence-based) ?  

Malheureusement, non. Il est cantonné dans un discours quelque peu ésotérique depuis trop longtemps. Et ce discours, on ne peut y souscrire en préparation physique et en entraînement. Pour lui donner le vernis de crédibilité dont il manque cruellement, le yoga devra subir le test des études cliniques de haute qualité. Il lui faudra, en quelque sorte, devenir inattaquable sur le plan scientifique.

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